La réussite de l’organisation du 27e Sommet Afrique-France, surtout professionnalisme affiché dans gestion sécuritaire, faisait rêver d’une rapide reprise des activités touristiques au Mali. A défaut de l’ensemble du territoire national, l’espoir était permis à Bamako, Sikasso (aux richesses peu connues de l’extérieur) et Ségou. Un espoir des professionnels du secteur sans doute momentanément enterrés après la meurtrière attaque du 18 janvier 2017 contre le Camp du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à Gao.
«Les agences de voyages sont, depuis quelques années, entre hibernation et coma irréversible» ! Le diagnostic est de Mme Cissé Fatimata Kouyaté, la présidente de l’Association malienne des agences de voyages et de tourisme (AMAVT).
«Les professionnels du secteur après moult tentatives de faire revivre cette activité première créatrice de revenus et d’emplois au monde se demandent s’il ne faut pas laisser le tourisme mourir de sa belle mort ?», s’interroge-t-elle.
Depuis la crise de 2012, le secteur du tourisme, qui représente 80 % de l’économie nationale, est paralysé parce qu’une grande partie des zones touristiques connues (Djenné, Mopti, Bandiagara, Tombouctou…) sont classées «Rouge», donc interdites aux touristes occidentaux par leurs chancelleries et les Tours Operator.
«Avec l’enlèvement de touristes dans la ville en 2009, les choses ont pris une autre tournure. Rien n’est plus comme avant. On arrive à peine à survivre grâce à de petits projets», témoignait récemment un acteur du secteur à Tombouctou, la Cité des 333 Saints.
Et depuis mars-avril 2012, des pans entiers du Mali sont sous le contrôle ou déstabilisés par des jihadistes liés à Al-Qaïda. Ainsi, le secteur touristique malien tourne au ralentit.
Les pertes enregistrées dans le secteur entre 2009 et 2012 atteignaient plus de 50 milliards de francs CFA (environ 76 millions d’euros). Certains chiffres évoquent près de 50 % de visiteurs en moins. Plus de 8000 personnes vivant directement ou indirectement du tourisme ont également perdu leur emploi dans les zones touristiques à cause des menaces terroristes.
Des entreprises exclusivement axées sur le tourisme ont donc fermé boutique. Les guides sont au chômage. Les métiers connexes comme artisanat, dont l’activité touristique constituait l’essentiel de la demande, sont aussi à l’agonie.
Seules les entreprises hôtelières essayent de survivre tant bien que mal. Et là aussi, elles sont généralement asphyxiées par les factures énergétiques, les charges sociales (INPS) et fiscales comme les taxes et impôts. «Il faut capitaliser les retombées de la réussite du 27e sommet Afrique France», avait la présidente de l’AMAVT, Mme Cissé Fatimata Kouyaté.
«Le président de la République a exprimé ses remerciements à tous les acteurs actifs et passifs de cette grande messe tenue à Bamako… Nous du tourisme avons eu également notre satisfecit. Enfin le Mali compte parmi les pays fréquentables. Un genre spécifique de promotion a été fait pour la destination Mali», avait-elle précisé au lendemain du sommet de Bamako.
«Comment en donner l’assurance aux prescripteurs et surtout comment en tester la fiabilité sans la mise en œuvre d’un plan Vigipirate spécial ?», s’était interrogée Mme Cissé, de façon prémonitoire sur les réseaux sociaux, quelques heures seulement avant l’attentat du 18 janvier 2017 à Gao, une vitrine du tourisme malien. Tout un symbole.
«Le sommet avait pour thèmes paix et sécurité. Les conditions qui ont été réunies pour assurer paix et sécurité ne seront pas pérennes. Mais, n’empêche que le Mali a gagné en visibilité positive. Nous allons donc accompagner cette visibilité en trouvant les meilleures formules pour marquer concrètement la relance du tourisme», promet Mme Cissé Fatimata Kouyaté, la présidente de l’AMAVT.
Pour cette grande professionnelle du secteur, le festival dogon est la première activité d’après sommet pour «tester nos capacités d’attraction». Suivra le Festival sur le Niger à Ségou.
Mais, le gouvernement doit aussi penser à concrétiser le moratoire longtemps souhaité par les professionnels pour leur permettre de respirer. Il s’agit d’aller au-delà des simples sacs de riz offerts aux guides comme compensation de l’arrêt de leurs sources de revenus.
«Des subventions sont nécessaires pour sauver ce qui peut l’être encore afin que, au moment opportun, la relance puisse s’appuyer sur de vraies entreprises à la fin de la crise», conseille Cissé Fatimata.
Un avis de professionnel que le ministère de l’Artisanat et du Tourisme doit examiner avec toute la clairvoyance requise !
Hamady Tamba
Source : Le Reflet