Depuis belle lurette, l’immigration est pratiquée par les Africains, notamment ceux de l’Afrique au sud du Sahara, à la recherche d’un éventuel eldorado. Cela se fait souvent au prix de la vie. Depuis un certain temps, nous assistons au rapatriement sinon au refoulement des Maliens en Afrique et ceux d’Europe, souvent dans des conditions inhumaines. Dans le but d’une meilleure compréhension de ce phénomène, nous nous sommes adressé à Mouhamadou Farka Maiga, secrétaire administratif du Conseil supérieur de la Diaspora du Mali, et qui assure la permanence de cette structure.
Le Conseil supérieur de la diaspora qui a été créé il y a juste un an, a pour objectif la défense des intérêts matériel et physique des Maliens de la diaspora. Il contribue à leur meilleure intégration dans leur lieu d’accueil, en vue de réussir et d’atteindre les objectifs qui les ont poussés à l’immigration. Cette structure vise également à contribuer à la mise en œuvre de la politique nationale sur la migration au Mali, notamment la lutte contre l’immigration irrégulière, inciter les Maliens de la diaspora à investir massivement au Mali.
Depuis quelques temps, nous assistons aux rapatriements des Maliens, quels sont leurs commentaires ?
Ce rapatriement est situé à deux niveaux : les expulsions constatées sur le continent, en Afrique, et ceux des pays européens. Au niveau des pays européens, il y a eu un certain moment un tôlé autour de la signature probante d’un accord entre l’Union européenne et le Mali. Dans ce cadre, ils ont eu l’information que deux Maliens avaient été expulsé mais ces deux Maliens ont été renvoyés à nouveau par le gouvernement malien dans leur pays d’accueil. Le gouvernement a mis en garde l’Union européenne et a intimé à la compagnie de transport qui les avaient amenés à ne plus accepter cette pratique ; il a exigé à l’Union européenne de ne plus rapatrier les Maliens avec des laisser passer européens
Les informations dans les médias laissaient croire que ces refoulements ont été effectués avec l’accord du gouvernement malien. Qu’en est-il ?
Le gouvernement, à travers certains ministères, a démenti ces informations. Nous faisons confiance à notre gouvernement. Du moment où cet accord n’a pas été signé, il ne faudra plus jamais le signer.
Concernant le deuxième point sur le rapatriement des Maliens à l’intérieur de l’Afrique, notre interlocuteur nous apprend que ces derniers ont été expulsés de l’Algérie et de la Lybie.
L’Algérie, depuis un certain temps, adopte un comportement raciste et raciste xénophobe, parce que la plupart des expulsés sont des noirs, et parmi ces noirs il y a beaucoup de Maliens. Nous les Maliens, sommes des voisins immédiats de l’Algérie. Donc, nous subissons au même titre que les autres frères noirs des exactions, les manquements à la dignité humaine à travers ce genre d’expulsion et de refoulement. Dans le cas de la Lybie d’où 175 personnes sont venues dernièrement, on comprend mieux la situation car, ce sont les expulsés même qui ont exprimés le besoin de retourner, parce que la Lybie est un pays où il n’y a plus d’Etat depuis la chute de Kadhafi. L’insécurité y règne il n’y a aucune raison d’y rester, parce immigrés ne sont couverts d’aucune loi. Sans la paix les immigrés ne peuvent pas atteindre leurs objectifs en Lybie.
Les raisons de cette immigration, c’est entre autre la recherche d’un éventuel eldorado. Suite au retour des immigrés dans de telles conditions chaotiques, que faites-vous faire pour leur réinsertion socioprofessionnelle ?
C’est toute la problématique qui se pose, car s’ils partent, c’est parce que le pays de départ n’arrive pas à leur donner les moyens de subvenir à leurs besoins, d’avoir de meilleures conditions de vie pour eux-mêmes et pour leurs familles. Nous savon que le Mali est un pays pauvre confronté aux aléas climatique mais à cela, s’ajoute la dégradation du climat sécuritaire qui a aggravé la pauvreté. De retour, ce qui peut être fait pour leur réinsertion, nous ne pouvons qu’interpeller l’Etat et le gouvernement en vue d’une meilleure gouvernance de nos ressources, pour permettre la création et la génération d’emplois permettant de résorber le chômage, afin que les jeunes accèdent à des emplois leur permettant de subvenir à leurs besoins.
L’apport des Maliens de la diaspora dépasse de loin l’aide public au développement. Selon certaines statistiques les Maliens de la diaspora contribuent à hauteur de 14% au PIB, soit plus de 120 milliards par an. Pour cela, le Mali a intérêt à travailler pour préserver l’intérêt des Maliens de la diaspora, car ils constituent un facteur de développement au Mali. Leur refoulement ne fait qu’instaure l’anarchie, la délinquance, ainsi que l’insécurité.
Bissidi Simpara
Source: Le Point