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Le Mali sous IBK : Un Etat failli

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Au Mali malheureusement, les lois ne sont pas faites pour défendre les individus contre l’Etat, mais pour défendre l’Etat contre les individus. Cette situation déplorable aboutit le plus souvent à des dérives autocratiques qui sont de nature à mettre en mal la cohésion sociale. Le cas de la démolition abusive de la devanture de Malitel en est la parfaite illustration. Pour les observateurs, le Mali d’aujourd’hui a tous les traits d’un Etat failli. Jugez-en vous-même !

Concrètement, on peut dire que l’Etat failli représente un Etat dans lequel rien ne fonctionne correctement, qui ne parvient pas à assurer ses missions essentielles, particulièrement le respect de l’état de droit. Cette faillite étatique se manifeste par une diversité de symptômes découlant de l’absence d’un contrôle minimal de l’espace politique et économique, c’est à dire une incapacité relative à préserver l’ordre, à garantir la sécurité de la population, à canaliser les demandes et susciter la loyauté de celle-ci, donc à normaliser relations sociales. Dans ce schéma, le Mali se retrouve aujourd’hui. L’opération Ami Kane, l’insécurité, la corruption et la gestion de l’épineuse question de l’immigration ont accentué le divorce entre le peuple et le régime.

La notion d’État défaillant recouvre également un ensemble bien plus large de situations. Un État défaillant est en effet un État qui ne remplit pas les fonctions régaliennes essentielles en matière d’ordre public, de police, de justice et qui ne parvient pas à s’opposer aux troubles internes, aux crises politiques ou ethniques, provoquant l’exode de certaines populations. Là encore le Mali peut se reconnaitre.

Un État est aussi qualifié de défaillant lorsqu’il n’y a aucune autorité centrale en mesure d’assurer à titre exclusif l’exercice de la violence légitime au sein des frontières dudit pays et lorsqu’il n’assure pas le respect des droits de la personne et la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. De nos jours le Mali n’exerce la violence légitime que sur une infirme partie de son territoire. Le reste est sous le contrôle des troupes étrangères ou les groupes armés dont le contrôle échappe totalement à l’Etat.

Cette caractérisation de l’État défaillant est donc principalement politique et fait référence à un État ponctuellement faible, divisé, assailli, en voie de désintégration.

Mais s’y ajoute une dimension économique.

Sur le plan économique

Sur le plan économique, les États défaillants sont la conséquence du maintien de la pauvreté. En ne parvenant pas à assurer de façon complète les fonctions régaliennes, dont la satisfaction des besoins fondamentaux des populations concernées, les États défaillants dérogent à toutes les règles. Ils favorisent, on l’a vu, toute une série de comportements illicites : corruption généralisée, activités illicites…

Si l’on transpose sur le plan économique le questionnement sur les risques politiques suscités par les États défaillants, on en vient alors à considérer qu’au même titre que la sécurité internationale, l’ouverture des économies et l’extension des échanges internationaux seraient elles-mêmes menacées si le phénomène des États défaillants venait à s’étendre.

S’ils répondent évidemment à des facteurs spécifiques, de caractère historique ou culturel, s’ils révèlent sans doute le comportement atypique de certaines élites. Les États défaillants sont surtout la résultante de l’extrême pauvreté, des maladies endémiques, de l’analphabétisme, de l’absence d’avenir pour la jeunesse. L’urgence de l’éradication de ces poches de sous-développement et de pauvreté extrême n’est donc pas seulement une affaire de conscience collective.

Il faut en effet considérer que le sous-développement est une menace en termes de sécurité globale, les États faibles, corrompus ou défaillants, étant une source de conflits internes, de guerres régionales, mais aussi de ramifications avec la criminalité internationale. Où se situe le Mali d’aujourd’hui ?

Mamadou Coulibaly

 

Source: L’Espion

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