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Moussa Mara, Président du Parti Yèlèma : « L’argent est devenu le Dieu de notre société »

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Le Centre International de Conférences de Bamako a servi de cadre à la 3e conférence nationale du parti Yéléma (Changement). C’était en présence du Président du parti, M. Moussa Mara et l’ensemble des membres du comité exécutif du parti. Cette 3e conférence nationale a enregistré la participation de nombreux partis amis. Elle était placée sous le signe de l’espoir et de l’espérance.

Dans son discours d’ouverture, M. Moussa Mara, président du parti est revenu sur tous les grands sujets de l’heure. C’est ainsi qu’il dira que le Monde dans lequel nous évoluons présente aujourd’hui des incertitudes importantes. « C’est un  monde où, ici où là, on voit venir des murs plutôt que des ponts », a-t-il indiqué. Lentement et sûrement, explique l’ancien premier Ministre, nous tendons vers la fermeture des frontières, le repli sur soi.

« Pour un pays comme le nôtre, cela est particulièrement alarmant car, dans de nombreux domaines, nous restons dépendants d’autres », a-t-il commenté. Cependant, ajoutera-t-il, nous ne devons pas nous contenter seulement de déplorer cette situation. Au contraire, cela doit nous inciter à regarder lucidement la situation, à analyser objectivement les perspectives et à nous engager dans le processus de renforcement des acquis et des avantages de notre pays, a-t-il poursuivi.

Ce qui passe d’abord par la correction de nos faiblesses et de nos handicaps, explique-t-il. Et M. Mara de revenir sur les nombreux faiblesses et handicaps de notre pays. Ce qui nous affaiblit et nous handicape, explique M. Mara, c’est d’abord la corruption, l’individualisme et la quête effrénée de l’argent, par tous et partout. Selon M. Mara, l’argent est devenu le Dieu de notre société. De sa lecture, du policier en circulation au dirigeant le plus important, de l’enseignant au juge en passant par le secrétaire particulier, on est obnubilé par l’enrichissement et on n’hésite pas à marcher sur les principes, les lois, l’intérêt du service ou du pays pour s’en procurer.

Et M. Mara d’ajouter « on n’a plus honte de voler, de mentir de s’humilier pour avoir de l’argent ou avoir une position permettant d’en avoir ». Tant qu’on ne pense qu’à son portefeuille ou à celui de sa famille, on ne peut penser au Pays, a-t-il martelé. Il est longuement revenu sur le rapport entre  la haute administration avec les citoyens. D’après lui, ce rapport est fait de mépris, de condescendance et d’abus de toutes sortes. Pour le président du parti Yéléma, le Malien est aujourd’hui persuadé que, quels que soient les forfaits commis, même les plus graves, il n’y-aura pas de sanction.

Il a ensuite égrené les innombrables illustrations de l’impunité au Mali. D’après lui, il n’y’aura pas d’unité nationale ni de sursaut des Maliens si on ne se décide pas à les aborder frontalement en mettant en œuvre des mesures correctives appropriées. « Il n’y’aura pas de sortie durable de crise si on ne s’attaque pas à ces maux », a-t-il asséné. Et M. Mara de poursuivre «  je dirais même il n’y aura d’Etat et pas de Mali si on ne redresse pas la barre face à la corruption, à l’administration prédatrice, à l’impunité et au leadership approximatif ».

Revenant sur le parti, le président Mara a indiqué que le parti Yéléma fait de  la vérité et de la transparence de même que la méritocratie ses crédos fondamentaux.  A l’en croire, Yéléma place l’intérêt public au-dessus des intérêts individuels et Yéléma est plus que jamais soucieux du sort des Maliens, à la base, ceux qui souffrent et qui n’ont pas voix au chapitre, subissant chaque jour les brimades de ceux qui sont censés les aider. Et Moussa d’apporter son soutien aux immigrés et aux jeunes de Malitelda à Bamako. Car-dit-il « le parti est solidaire des réfugiés maliens, des petits gens au nord comme au centre et au sud, ceux qui, à l’instar des jeunes du Malitelda à Bamako, n’aspirent qu’à vivre à la sueur de leur front ».

Sur le plan politique, explique l’ancien Premier Ministre, Yéléma inscrit son action au sein de la majorité présidentielle et soutient le chef de l’Etat, SEM Ibrahim Boubacar Kéita, dont il souhaite le plus ardemment, le succès du mandat au service des Maliens. « Notre soutien au Président, en cohérence avec notre engagement de l’accompagner lors du second tour de l’élection présidentielle de 2013, est sans contrepartie en terme de postes ou d’avantages », a-t-il ajouté.

Et dans cette perspective, poursuit M. Mara, nous ne cesserons jamais de dire la vérité qui est une vertu cardinale de notre engagement politique. D’après l’ancien premier Ministre, le parti qui participait à ses premières élections locales a pu obtenir 15 postes de maire dont celui de la ville de Mopti et celui de la commune IV de Bamako qu’il a gardé grâce à la confiance des habitants de celle-ci. Le parti a en outre enregistré également 415 postes de conseillers municipaux, repartis dans tous les cercles où il y’a eu des élections. « Ce résultat est honorable, mais nous le prenons comme un encouragement à poursuivre les efforts d’implantation du parti en vue des échéances futures », a-t-il commenté.

Sur la question du nord, le président du parti Yéléma a indiqué que les Maliens doutent de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale dont la mise en œuvre piétine dangereusement.  A ses dires, l’Etat malien est moins présent sur le territoire qu’au début de 2012. Nous devons presser, explique M. Mara, les pas vers la mise en œuvre entière de l’Accord de paix en ayant comme point de mire la présence  effective et sécurisée de l’administration partout.

Car dira-t-il, il s’agit de l’action la plus urgente à conduire. Sans cela, poursuit-il, il n’est pas envisageable d’organiser les élections générales et locales partout sur le territoire. Sans cela, les élections générales de 2018 seront-elles-mêmes menacées, a-t-il martelé. Il a invité l’Etat de prendre des initiatives, de faire des propositions, d’exercer le leadership dans la conduite du processus. Car prévient-il, dans le flou actuel, on ne s’aura jamais qui est qui  et qui est responsables de quoi.

Concernant les sentiers de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le président du parti dira qu’il n’y’a pas de véritables preuves d’une lutte à la hauteur des attentes, malgré certains actes posés et des textes votés. C’est pourquoi, il a demandé au gouvernement d’agir courageusement dans ce domaine et de manière énergétique pour envoyer les signaux positifs que les maliens attendent. Un mal aussi profond ne peut être traité par des antalgiques, a-t-il commenté. « Sans engagement d’actes forts contre la corruption, il sera difficile de restaurer la confiance entre les élites et la base », a-t-il fait remarquer.

Sur la question de sensible des flux migratoire, le président du parti a exprimé son refus de participer sous quelque forme que ce soit à l’expulsion de nos compatriotes. « Notre pays doit travailler à arrêter le flux des départs dans l’illégalité », a-t-il ajouté. L’ancien premier Ministre a par ailleurs appelé à une réorganisation profonde de l’Etat à partir de certaines valeurs et d’un état d’esprit novateur. Cette refondation de l’Etat doit se faire autour des collectivités locales, des communautés, des citoyens et de la prise en compte de leurs aspirations, a-t-il indiqué.

Pour M. Moussa Mara, cette conférence nationale statutaire arrive comme d’habitude à point nommé pour le parti. Elle offre l’occasion aux cadres et aux militants du parti d’échanger sur les rôles et responsabilités des nouveaux élus Yéléma. Car dira-t-il, il est fondamental que chacun mesure désormais le devoir qui lui incombe et travaille au service des citoyens  qui lui ont accordé leurs suffrages. Selon lui, la qualité des élus emporte celle de la collectivité et renforce par-là la décentralisation et le fonctionnement du pays.

Avant de déclarer ouverts les travaux de la 3e conférence nationale du parti, l’ancien premier Ministre a invité les participants à profiter des travaux pour accumuler ce qu’il faut d’idées, d’expériences, de stratégies afin de réussir les missions à la base, au bénéfice du parti et du pays tout entier.

Avant le discours du président du parti, c’était les responsables des partis invités qui avaient d’abord pris la parole. Tous ont remercié le parti Yéléma pour l’aimable invitation et ont souhaité plein succès aux travaux de la 3e conférence nationale du parti.

Abdrahamane Sissoko

Source: Le Pays

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