Le Centre International de Conférences de Bamako (CICB) a abrité, le dimanche 29 janvier dernier, la 3ème conférence nationale du parti YELEMA. Une conférence au cours de laquelle, le président du parti, Moussa Mara a dénoncé les pratiques qui freinent le développement du pays. Il s’agit, entre autres, de la corruption, de l’individualisme, de la quête effrénée de l’argent, de l’impunité grandissante dans le pays, etc.
Ils étaient très nombreux, militants, sympathisants, responsables et amis du parti YELEMA à prendre part, le dimanche 29 janvier dernier, à la 3ème conférence nationale du parti dans la salle de 1000 places du Centre International de Conférences de Bamako.
La conférence a été marquée par les mots de remerciement et de reconnaissance des representants des partis amis à l’endroit du parti Yèlema pour son épanouissement en si peu de temps. Il s’agit des partis URD, FARE-ANKA WULI, RPDM, MPR, SYNOUMA, CODEM, PACP, etc…
Le RPM, le grand absent
Le Rassemblement Pour le Mali (RPM), parti présidentiel était le grand absent de cette conférence. Pourtant, selon un cadre de YELEMA, le RPM a été bel et bien été invité mais n’a pas répondu présent.
Prenant la parole, le president du parti, Moussa Mara, a remercié les partis amis, militants et sympathisants de son parti pour la forte mobilisation pour cette 3ème conférence nationale du parti. Moussa Mara a invité les uns et les autres à l’union sacrée pour faire aux nombreux défis que le pays doit surmonter.
« Les réalités du Mali doivent nous inciter à regarder lucidement la situation, à analyser objectivement les perspectives et à s’engager ensemble dans le processus de renforcement des acquis et des avantages du pays. Ce qui passe d’abord par la correction de nos faiblesses et de nos handicaps. Il s’agit de la corruption, l’individualisme, la quête effrénée de l’argent, l’impunité grandissante dans le pays… », a expliqué Moussa Mara. Avant d’ajouter que « l’argent est devenu le Dieu de notre société. Du policier en circulation au dirigeant le plus important, de l’enseignant au juge en passant par le secrétaire particulier, on est obnubilé par l’enrichissement et on n’hésite pas à marcher sur les principes, les lois, l’intérêt du service ou du pays pour s’en procurer. On n’a plus honte de voler, de mentir, de s’humilier pour avoir de l’argent ou avoir une position permettant d’en avoir », dénonce Moussa Mara.
S’agissant du rapport entre l’administration malienne et ses administrés, Moussa Mara ne va pas avec le dos de cuillère.
« Dans un Ministère comme à la Gendarmerie, face à un médecin dans un CSCOM comme face à la Justice, le Malien a l’impression que son administration qui doit le protéger et l’aider, l’oppresse et le spolie. Dans ces conditions, comment voulez-vous avoir un citoyen qui soutienne ou ait du respect pour ses autorités ou l’Etat ? Comment sera-t-il possible, dans ces conditions, de mobiliser les Maliens pour des causes publiques ? », se demande le président du parti Yèlèma.
Les réalités du pays passées au peigne fin
« Ce qui nous affaiblit et nous handicape ensuite, c’est l’impunité. Il faut faire, rien ne se passera. C’est la phrase habituelle que l’on entend partout dans notre pays, au bord d’un champ, dans un atelier, dans un service ou sur les ondes. Le Malien est aujourd’hui persuadé que, quel que soit les forfaits commis, même les plus graves, il n’y aura pas de sanction. Le soldat qui arrête un trafiquant et le croise quelques jours après, le cadre qui vole des centaines de millions puis est promu à un poste plus élevé, le maire qui vend le cimetière de sa commune sans incidence ou encore le simple chef de service ayant un train de vie de milliardaire au vu et au su de tout le monde, les illustrations de l’impunité au Mali sont innombrables », déplore Moussa Mara.
Qui dira ensuite : « ce qui nous handicape et nous affaiblit enfin, c’est la qualité du leadership et de la gouvernance dans notre pays. Le leadership, qu’il s’agisse de la direction d’une école ou au niveau le plus élevé, ne se caractérise malheureusement pas souvent par l’exemplarité ni par l’esprit de sacrifice pour la collectivité. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut n’est pas une réalité. On est tous témoins de cas flagrants d’incompétence à exercer les fonctions occupées. L’incapacité à proposer une vision et à fixer un cap aux populations qu’on dirige est un reproche qu’on peut faire aux leaders dans notre pays. Le président du conseil de cercle qui n’a pas de programme fait écho au ministre qui apparaît comme un réfugié dans son département. Il n’y a pas de vent favorable à celui qui ne sait où aller disait un auteur célèbre. Il n’y a pas d’issue pour un avion dont le pilote ignore la destination de son vol. Il faut plaindre ce pilote, il faut prier pour cet avion et ses passagers ! », a regretté Moussa Mara sous un tonnerre d’applaudissement des militants et sympathisants de son parti.
Un parti de la majorité qui promet de critiquer lorsqu’il le faudra
Malgré ce diagnostic peu reluisant de la situation du pays, Moussa Mara a fait savoir que son parti inscrit ses actions au sein de la majorité présidentielle et soutient le président Ibrahim Boubacar Keita.
Il a néanmoins précisé que malgré ce soutien, son parti se chargera de dire quand il le faudra, les vérités au président de la République en tant qu’allié honnête.
Actualité oblige, Moussa Mara s’est pronouncé sur la situation du Nord du pays. Selon lui, il est urgent d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix et de la reconciliation nationale en ayant comme priorités, le retour effectif des forces de sécurité, de l’administration, de la justice, des services sociaux dans les zones désertées en faisant en sorte que l’Etat malien fonctionne de nouveau dans ces zones au service des citoyens.
Pour lui, ce retour doit être un objectif cardinal pour les autorités pour l’année 2017 pour pouvoir organiser les prochaines elections locales, régionales et présidentielles. Il a aussi invité l’Etat de prendre des initiatives, à faire des propositions, à exercer le leadership dans la conduite du processus pour que les autres puissent suivre ou montrer leur mauvaise foi.
Moussa Mara a profité de cette cérémonie pour féliciter le gouvernement pour la réussite du sommet Afrique-France qui a eu lieu du 13 au 14 janvier dernier au CICB.
Source: Le Tjikan