J’ai parcouru mon pays et écouté les Maliens. Je me permets de partager avec vous ma conviction et les valeurs que j’ai découvertes, ma vision de l’avenir de notre pays, et certains défis qu’il doit relever.
J’ai vu, à travers mon pays, des situations à la fois angoissantes et rassurantes. J’ai entendu les cris stridents des pauvres enfants de mon pays face à la toute puissance de notre justice, de notre administration publique, des cadres instruits sur les impôts collectés. J’ai été témoin de la souffrance des pauvres villageois, de la connivence entre les opérateurs économiques véreux et les forces de sécurité pour les spolier de leurs droits élémentaires. J’ai pleuré avec des Maliens qui sont considérés comme moins que rien parce que tout simplement ils ne savent écrire ni lire en français, une langue étrangère.
J’ai rencontré des jeunes au bord du suicide, parce que les portes de leur avenir sont formées à double tour par la faute des responsables qui les ont maintenus à l’école pendant des années sans horizon à la fin de leur cursus scolaire. J’ai vécu la douleur des Maliens exclus de la redistribution des richesses nationales parce qu’ils sont illettrés, parce qu’ils vivent loin des grandes agglomérations, parce qu’ils sont nés pauvres. J’ai observé la déliquescence de notre gouvernance à cause de l’impunité, du favoritisme et du népotisme. Mais j’ai vu aussi la grande résilience de ce peuple fier, digne, qui croit, malgré tout ce qu’il subit, en le Mali, qui croit en son talent, qui croit en son génie.
Car, pour ces populations d’en bas, le Mali est une nation singulière, qui peut tout à la fois réclamer son histoire splendide millénaire que jouer un rôle primordial dans le concert des nations modernes émergentes. Le combat de ces populations, c’est de voir un Mali libre et souverain, un peuple qui préserve ses valeurs, sa culture, son mode de vie, son identité.
Malgré le comportement de certaines de nos élites, le Mali profond respire la dignité et la fierté des peuples du “Mandé originel”, des Soudanais d’avant l’indépendance. Alors, si nous voulons continuer à faire vivre ce Mali que nous aimons tous de toutes nos forces, nous devons alors reconstruire, redéfinir notre vision commune sans rien ignorer des difficultés de la tâche et de l’ampleur des problèmes du moment.
Le monde d’aujourd’hui est un monde globalisé complexe. Alors, si le Mali ne veut pas le subir, il doit être fort. Fort pour garder la maîtrise de son destin. Fort pour agir en direction des plus fragiles et des plus démunis. Fort pour peser sur les grandes décisions qui engagent son avenir. Fort pour donner plus d’opportunités à sa jeunesse, une véritable bombe à retardement. Fort pour permettre à chaque Malienne et à chaque Malien d’espérer des lendemains meilleurs.
Je sais que ce Mali est possible, si nous restons Unis et Solidaires. Plus entrer nantis, plus laborieux, plus audacieux et moins distraits et dispendieux. Uni et solidaire, le Mali ne cédera jamais aux terroristes, encore moins aux bandits qui sèment la peur dans nos villages, nos foires ou dans nos quartiers. C’est uni et solidaire, comme nous l’avons démontré à maintes occasions, que notre pays peut résister face à toutes les barbaries, à toutes les épreuves. Comme en 1960 face au colonialiste, en 1991 face à la dictature militaro-fasciste de GMT, en 2012 face à la tentative d’étouffement de notre démocratie en construction du Capitaine Amadou Haya Sanogo et sa clique, en 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017 face aux narco-trafiquants et aux sécessionnistes.
D’Aguel’hoc à Gao, le 18 janvier 2017, en passant par Nampala, les Maliens se sont toujours sentis solidaires entre eux et de leur armée nationale dans une profonde émotion nationale.
Ensemble, comme un seul homme, nous avons dit NON à la partition de notre pays. Nous avons dit OUI à un Mali Uni, Républicain, Laïc et Démocratique, et sommes engagés dans un élan commun contre le fondamentalisme et l’intolérance. C’est pourquoi nous sommes restés une NATION. I DAARA, I SAARA. Que Dieu bénisse le Mali et assiste les Maliens.
Honorable Yaya SANGARE
Source: Le Reporter