En Mauritanie, la condamnation à mort d’un jeune homme pour un article jugé blasphématoire va être réexaminée. C’est ce qu’a décidé la Cour suprême mardi 31 janvier qui a décidé de renvoyer le dossier de Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir, en prison depuis 3 ans, devant une autre cour d’appel. La date de ce nouveau procès n’a pas été précisée.
Se débarrasser de la patate chaude, c’est en ces termes qu’on peut qualifier l’arrêt rendu par la Cour suprême. Le juge avait deux options mardi : confirmer ou casser la décision de la cour d’appel rendue le 21 avril 2016.
A l’époque, le tribunal avait annulé la peine de mort prononcée en première instance et requalifié les faits « d’apostasie », le délit du blogueur avec été requalifié en « mécréance » une accusation moins lourde. La cour d’appel avait en effet pris en compte le repentir de l’accusé et demandé à la Cour suprême de statuer sur sa sincérité.
Mais ce 31 janvier, retour à la case départ : la Cour suprême a décidé de ne pas trancher. Elle a jugé que la cour d’appel n’avait pas bien appliqué la loi et décidé de renvoyer l’affaire devant une nouvelle cour d’appel composée d’autres juges, une façon sans doute de se débarrasser d’une affaire délicate qui dure depuis plus de 3 ans.
Car le procès ce blogueur, Mohamed Ould Mkheitir, suscite une forte mobilisation de la rue. A chaque audience, des manifestants encouragés par des organisations islamistes demandent la confirmation de la peine de mort et l’exécution du prévenu.
Mardi, ils étaient encore des milliers rassemblées non loin de la Cour suprême, à l’appel d’un « Forum des oulémas et imams pour la défense du prophète » de l’islam.
Face à la rue, la plus haute juridiction du pays ne s’est donc pas imposée. Ce sera à la cour d’appel de le faire. Dans l’immédiat Mohamed Ould Mkheitir, condamné pour un billet de blog jugé blasphématoire, reste donc en prison. Aucune date n’a été fixée pour ce nouveau procès.