Dans les années 90, beaucoup de scandales politico-financiers ont éclaté en France. C’étaient, entre autres, l’affaire des chargés de mission de la mairie de Paris, l’affaire Airbus, l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, l’affaire des marchés publics de l’Ile de France, l’affaire des ventes d’armes d’Angola, l’affaire ELF. Dans les années 2000, les affaires Clearstream, de la Française des jeux, l’affaire des frais de bouche des époux Chirac, etc. ont défrayé la chronique. En 2010, éclatèrent les affaires du financement occulte du parti républicain, Total, Sarkozy-Herzog-Azibert, Thévenoud. Toutes étant liées à des hommes politiques qui bénéficient de fonds publics en vertu de leur fonction politique.
Comme si ces affaires ne suffisaient pas pour intimider les acteurs politiques français, voilà que survient, en cette fin du mois de janvier 2017, le scandale lié à l’affaire Fillon (Penelope gâté, chèques du sénat, Revue des deux mondes, Marie et Charles Fillon). Une affaire politico-financière qui arrive au très mauvais moment pour le candidat élu du parti Les Républicains, l’unique candidat jusque-là déclaré de la coalition Droite-Centre française, à quelques trois mois seulement de la présidentielle française.
Des scandales politico-financiers qui démontrent l’ampleur de la corruption et du népotisme dans les milieux politiques français. Tels, ceux qui se déroulent couramment dans les pays africains que la presse occidentale, notamment française, qualifie de « républiques bananières ». Au regard de ces nombreux scandales, pourrait-on classer la France dans le lot des « républiques bananières » ? Pas tout à fait !
Fort heureusement, avec l’existence des medias, de la société civile et d’une justice plus ou moins indépendante, la France se différencierait des pays africains. Dans l’Hexagone, lorsqu’une affaire éclate (généralement à partir des révélations médiatiques), les réseaux s’en emparent pour la relayer auprès des français. La pression s’accentue autour de l’affaire sur les juges qui ont en charge de l’instruction du dossier. Toute chose qui empêche grandement les politiques d’interférer pour influencer la suite.
C’est notamment le cas de l’affaire ELF dans laquelle, le fils de l’ancien président français était concerné. Le procès s’est bien déroulé et la justice a été plus ou moins distribuée, sans que celui-ci ne puisse bénéficier d’une quelconque faveur. Egalement, dans le cas des époux Chirac, l’ancien président Chirac n’a pas bénéficié d’une circonstance favorable pour avoir dirigé la République à un moment donné de l’histoire. Les Chirac ont bien été trimbalés comme de simples citoyens. Que dire de l’affaire Fillon ? Elle sera certainement traitée comme les autres cas qui l’ont précédée.
François Fillon devra fournir des témoins sérieux pour la justice française qui enquête sur sa famille pour détournement présumé de fonds publics et abus de biens sociaux. Sinon, il devra faire les frais et se voir mis en examen. Ce qui risque de l’éloigner de l’Elysée. Lui qui était considéré à un moment donné, comme le favori de la présidentielle de 2017, tant la Droite et le Centre s’étaient rangés derrière sa candidature. D’ailleurs, même s’il n’est pas mis en examen avant la présidentielle, on estime que les électeurs risquent de bouder sa candidature. Comme quoi dans l’Hexagone, tôt ou tard, on peut toujours être rattrapé par les casseroles que l’on traîne. Ce qui n’est malheureusement pas le cas en Afrique.
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger