Voir ce groupe sans stars redorer le blason du Cameroun, sevré de titre depuis votre sacre en 2002, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Patrick M’Boma : « Je suis super content parce qu’on a retrouvé l’esprit, c’est ça qui est important. Cette équipe a réussi à construire son histoire. Elle n’est pas terminée, et elle ne se terminera pas dimanche, je l’espère. Mais c’est cet état d’esprit qui est retrouvé qui me permet d’être joyeux. Je préfère arriver en finale comme le Cameroun que comme l’Egypte. »
Que voulez-vous dire ?
« Il y a de l’envie, de la détermination dans les deux équipes mais il y a une méthodologie de jeu qui est complètement différente. Le Cameroun n’a pas le talent des plus grandes nations mondiales pour créer du jeu mais il a l’envie de s’améliorer match après match. L’Egypte est partie avec beaucoup de blessures, de problèmes pour constituer son groupe de 23. Et à cause de cela, Hector Cuper a décidé de ne pas jouer au football, de sacrifier des artistes, alors qu’il en a dans sa formation. »
Au vu des équipes en lice dans le tournoi, des difficultés et des critiques qu’il a eues, Hugo Broos a-t-il réalisé un exploit ?
« C’est énorme ce qu’il a réalisé. Je n’aurais pas mis le Gabon, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Cameroun dans les prétendants pour le dernier carré. Au final, il y en a deux qui s’y sont retrouvés. J’aurais plus pensé qu’il y aurait des équipes comme le Sénégal, l’Algérie, le Ghana, le Maroc, la Tunisie. »
Quel a été votre sentiment après la défection des « cadres » avant la publication de la liste des 23 ?
« On n’est pas +cadre+ quand on se défile. Pour moi ce sont des joueurs qui auraient pu être importants pour certains, mais qui se sont défilés. On est +cadre+ que si on est là. Après le reste, c’est du vent. Certainement parce que j’ai cette fibre, je n’ai pas bien réagi à cela. Est-ce que j’ai déjà connu dans mon passé un joueur voire deux qui ont refusé (la sélection) pour des raisons propres ? Oui je l’ai connu, il y a des exemples. Mais autant, cela veut dire que pour eux le Cameroun ne représente pas grand chose et ça –du point de vue du football en tout cas — je ne peux pas l’accepter. »
Vous avez réussi à mettre un but à Essam El-Hadary lors de la campagne victorieuse de 2002 : quel conseil donneriez-vous aux attaquants des « Lions » ? A-t-il un point faible ?
« Le conseil, c’est de penser positivement, de vraiment ne pas se prendre la tête. Je pense qu'(El-Hadary) est moins agile. Au niveau de sa détente, on a vu qu’il était moins bondissant. Dans ses sorties aériennes il y a quelque chose qu’on peut quand même exploiter. Des points faibles… (il souffle) Il n’y en a pas beaucoup quand même (rires) ! Il a (un impact psychologique) sur ses coéquipiers et sur ses adversaires parce qu’on sait qu’on a une légende vivante en face de soi. Mais faire du Aristide Bancé (unique buteur contre l’Egypte, ndlr) sera une bonne façon de le battre. »
L’Egypte et le Cameroun partagent cette même culture de la gagne. Quelle est la plus grande nation africaine de foot entre les deux ?
« Si on regarde les résultats et statistiques en Coupe du monde, je pense que l’Egypte aurait bien échangé un ou deux titres contre une ou deux participations en Coupe du monde, alors que le Cameroun a été plus régulier depuis 1982 sur la scène internationale. Maintenant pour moi, c’est l’Egypte qui est la plus grande nation africaine de football. Mais je pense que c’est le Cameroun qui a eu le plus de joueurs au firmament du football africain ».
Propos recueillis par Yassine KHIRI.