Une des choses à déplorer dans la situation actuelle du Mali, c’est l’absence totale de stratégie offensive, qui aurait pour ressort l’amélioration de l’accès à l’emploi des jeunes.
La politique actuelle de l’emploi en vigueur n’est plus compatible avec la réalité démographique de notre pays et la concurrence forcenée imposée par la mondialisation.
Le Collectif BI-TON en appelle à la mobilisation de tous les jeunes du Mali pour l’ouverture et la souplesse du marché de l’emploi qui, à l’heure actuelle, reste fermé, même aux plus diplômés d’entre nous.
Nous ne voulons plus de stages.
“Abolissons les stages”, “Embauchez-nous directement en CDI, vous ne le regretterez pas”
Le Collectif BI-TON est constitué d’une jeunesse responsable, soucieuse de mener un combat dont la victoire est cruciale pour réenchanter le travail et redonner confiance dans l’avenir de notre société.
Au Collectif BI-TON, Nous pensons que l’interdiction des stages, surtout lorsque les jeunes diplômés ont atteint un niveau d’étude et de formation suffisant, est bien légitime, tout simplement pour débloquer les embauches et redonner leurs justes valeurs aux diplômes et aux diplômés.
On pensait que les stages constituaient une solution pragmatique pour mieux articuler formation théorique et expérience pratique, pour mieux ajuster le monde universitaire au monde de l’entreprise.
En réalité, les stages sont bien souvent une voie sans issue.
Non considérés comme expérience professionnelle, ils sont invendables sur le marché de l’emploi.
Certes, l’idée des stages APEJ était bonne en théorie, mais en pratique elle est devenue nuisible.
Son application va à l’encontre de l’objectif fixé.
Au lieu d’insérer le jeune diplômé dans la vie active, le stage le marginalise.
Curieux paradoxe, me direz-vous, mais c’est malheureusement bien souvent le cas.
Les Jeunes accumulent les stages sans déboucher la plupart du temps sur un emploi stable et valorisant.
Les entreprises en offrent sans créer de véritable poste.
Evidemment, c’est plus rentable que d’embaucher directement en CDI.
Certes, un étudiant qui n’a pas fini ses études doit faire un stage pour valider son année.
Les stages APEJ entretiennent un climat malsain
Mais la situation n’est plus la même lorsque le jeune diplômé, qui a déjà effectué plusieurs stages, se retrouve sur un marché du travail où seuls des stages APEJ lui sont proposés.
Stagiaire à vie n’est pas franchement une solution pour devenir un jeune adulte actif, capable de construire sa vie professionnelle et privée.
Au final, les stages entretiennent un climat malsain.
D’un côté, les jeunes diplômés éprouvent à la fois incompréhension face à la dévalorisation de leurs diplômes, qui ne constituent plus un facteur discriminant à l’embauche, et ressentiment face au déficit de reconnaissance de leur travail lors de leurs stages.
De l’autre côté, il y a une certaine frilosité de la part des entreprises qui appréhendent d’embaucher un jeune diplômé , puisqu’elles ne sont pas certaines de la rentabilité de sa formation et qu’elles refusent de payer des charges supplémentaires alors que le même travail peut être effectué par un stagiaire qui coûte beaucoup moins.
En cela, le système Malien est en panne. Pour répondre aux bésoins actuels du marché de l’emploi, Les universités Maliennens doivent délivrer une formation intellectuelle qui permettra à leurs étudiants de s’adapter.
Les jeunes Maliens doivent pouvoir être embauché à des postes qui n’ont rien à voir avec la nature de leurs diplômes.
Ils doivent pouvoir apprendre leur métier sur le terrain en accédant rapidement à des responsabilités.
C’est cet esprit qui manque cruellement au Mali.
L’absence de prise de risque
Tout le problème est là.
Au-delà d’une politique de l’emploi inadaptée, il y a surtout l’absence de prise de risque, la crainte de miser sur la perfectibilité, et donc le refus de faire confiance dans la capacité des compétences à s’épanouir dans le cadre de l’entreprise, en apportant un bénéfice qui rentabilisera nettement sur le long terme le coût déboursé à l’embauche.
Parier sur le potentiel et investir dans la pluralité et la compatibilité des qualités individuelles, voilà qui redonnerait de l’optimisme dans le monde du travail et stimulerait la volonté de donner le meilleur de soi-même.
Alors, à la question que posait Émile Zola à la fin de sa Lettre à la jeunesse “Où allez-vous jeunes gens, où allez-vous étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes, la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ?”, au Collectif BI-TON, nous répondons: “Nous allons crier notre fougue pour du travail gratifiant.”
Séga DIARRAH
Président du Collectif BI-TON