La classe politique malienne va-t-elle récidiver en dissolvant une fois de plus l’opposition, et avec elle, la démocratie malienne dans des potions indigestes qui invitent comme à une grande soupe populaire, l’ensemble des leaders politiques au festin de la participation gouvernementale ? Certaines manœuvres politiciennes incitent à répondre par l’affirmative. C’est dire que l’opposition malienne est à la croisée des chemins à une vingtaine de mois de la présidentielle 2018.
Les partis d’opposition, habituellement très critiques dans le sens positif et dans un esprit parfaitement fidèle aux standards des régimes démocratiques, ont commencé à courber l’échine pour ne pas dire à faire la courbette ou la cour à la majorité.
L’opposition en aurait-telle déjà assez avec le contrôle de la majorité gouvernementale ? L’opposition, peut-elle survivre en dehors des rouages de l’Etat ?
Pourquoi l’opposition doit- elle vociférer pour ensuite déménager avec armes et bagages du côté de la majorité au sein du gouvernement ?
Les mouvements migratoires de l’opposition vers le gouvernement dont les préparatifs crèvent les yeux vont-ils une fois de plus déboucher sur un gouvernement de soupe-populaire où il y aura, comme d’habitude, à boire et à manger pour tous ?
Les manœuvres politiciennes actuellement en cours depuis le lâche attentat de Gao semblent malheureusement le confirmer. Un attentat qui semble opportunément exploité sans état d’âme par cette franche décidément alimentaire de l’opposition politique qui s’en sert comme prétexte fallacieux à des soi-disant retrouvailles avec la majorité. Les retrouvailles entre une majorité politique qui gouverne et une opposition politique qui critique et contrôle sont toujours dangereuses et ne sont jamais de bon présage pour la démocratie. Surtout lorsque le prétexte ne peut aucunement s’expliquer et se comprendre que par la politique gouvernementale de gestion de la crise du Nord et en particulier de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger que cette même opposition n’a eu cesse de décrier.
Les larmes versées à Gao, quand elles ne sont pas souvent de crocodile, ne peuvent pas laver les incohérences de l’Accord d’Alger et de la gestion de la crise du Nord par le parti majoritaire et son gouvernement.
Les grosses larmes versées à Gao au nom de l’opposition, n’emporteront pas non plus les critiques acerbes de cette même opposition à l’encontre de la gestion chaotique du dossier du Nord par le gouvernement.
Le pire pour la démocratie malienne serait de voir les larmes de l’attentat de Gao lessiver les lignes de clivage politique majorité-opposition et proposer ainsi au peuple malien ce qui ne serait qu’une démocratie délavée.
Sékouba T Sangaré
Administrateur à la retraite
Badala-Séma II
Source: L’Aube