Depuis un certain temps, les rumeurs circulent sur la volonté du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, de procéder à la révision constitutionnelle dans notre pays. Cela nous rappelle le cas du président ivoirien Alassane, Dramane Ouattara, qui, contre toutes attentes, a procédé à la révision constitutionnelle dans son pays. Le président ivoirien ne pouvant se présenter aux élections présidentielles de 2020, a pris le devant en nommant son dauphin constitutionnel en la personne du vice-président de la République. Celui-ci prendra les rênes du pouvoir en cas de vacances suite à un décès ou par simple désistement du président élu.
Dans le cas ivoirien, l’on rappelle que sans Guillaume Soro (l’actuel président de l’Assemblée national), Alassane Ouattara ne pouvait faire à Laurent Gbagbo dans la conquête du pouvoir. Comme on le dit souvent : «en toute chose, il faut considérer la fin.» Guillaume Soro pourra-t-il s’en tenir à ce jeu du président Ouattara dans cette course au fauteuil présidentiel ?
Alassane veut-il assurer ses arrières politiques avant de quitter le trône ? Que pourrait-il se passer d’ici là ? C’est bien le temps qui se chargera de répondre à ces questions.
Pour revenir au cas malien, il convient de dire que si les rumeurs n’ont pas toujours été totalement vrais, force est de noter qu’elles n’ont jamais été aussi totalement fausses.
Aux dernières nouvelles concernant la volonté d’IBK de réviser la constitution du Mali, nos sources nous apprennent que son gouvernement a déjà déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale un projet en ce sens.
Deux (02) questions se posent quant à ce changement déguisé de constitution du Mali :
– Pour qui IBK veut-il procéder à la révision constitutionnelle dans notre pays à un moment ou son échec ne fait plus le moindre doute dans la conduite des affaires de la nation malienne ?
– Pourquoi cette initiative à un an de la fin de son mandat ?
Comme le dirait l’autre, les hommes politiques ont leur calcul, le peuple a le sien et Dieu lui-même ne dort pas ! Au moment où l’avenir de la nation est en question du fait de la crise généralisée dans tous les secteurs de la vie nationale, l’on ne peut parler de révision constitutionnelle. Hélas IBK veut réussir là où ATT a échoué : travailler à se maintenir soi-même aux affaires ou préparer un dauphin qui sera enclin à chanter sa chanson et défendre ses intérêts personnels.
L’on se rappelle du couplage de l’élection législative et du référendum de fin de second mandat d’ATT. A l’issue de ce scrutin couplé, le président aurait la latitude de constituer un sénat à sa dévotion. C’était vraiment là une volonté manifeste du président de procéder aux tripatouillages du jeu démocratique et du choix de notre peuple. Mais Dieu veillant sur le Mali ne lui a pas permis d’en arriver là : de façon inattendu, il a été chassé du trône par de jeunes militaires patriotes dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le Mali était donc à un doigt du vrai changement si les jeunes militaires avaient fait la bonne lecture des combines politiciennes à l’œuvre à l’époque.
S’agissant de la probable révision constitutionnelle dans notre pays par IBK, il faut dire que si celui-ci venait à s’engager dans cette aventure, il se rendrait coupable d’une erreur historique et pour cause :
– Pour réviser la constitution du Mali au moment où l’échec du président sur toute la ligne ne fait plus aucun doute pour ceux qui veulent voir, il est absolument incontournable de passer par une conférence nationale pouvant étaler au grand jour les maux dont souffre le peuple malien, les agents endogènes et exogènes catalyseurs de ces maux, leur degré de responsabilité dans cette décadence humiliante de la nation malienne et les solutions envisageables pour y remédier.
A ce niveau il faut dire que la conférence nationale de la vérité doit avoir lieu avant toute idée de révision constitutionnelle quand on sait que seul un KOKAJE véritable à l’avantage du peuple peut débarrasser celui-ci des escrocs et des vampires de la démocratie électoraliste en cours dans notre pays depuis la fin de l’ère Moussa Traoré.
-On ne peut se donner ni le droit ni le lux de changer à volonté la constitution pour se maintenir, maintenir l’ordre ancien ou au besoin nommer un dauphin aux dépends des intérêts fondamentaux du peuple malien en cas de vacance du pouvoir.
– Au Mali aujourd’hui, il faut s’arrêter un moment pour mesurer la teneur et la profondeur de l’échec du président car il faut le dire, il n’a pas comblé les attentes de ses électeurs.
Pour ce faire, il faut donc organiser sans déjà les concertations réclamées par le peuple et rejetées par ceux-là qui ont participé à la mise à genoux de la République du Mali. Cela est d’autant indispensable à comprendre qu’il épargnera à notre pays de se laisser gérer par les éternels commis de l’Etat inamovibles et sans le moindre souci de défendre les intérêts nationaux.
La conférence nationale(ou si l’on veut les concertations) si elle devait se tenir mettra désormais hors-jeu et bien loin des affaires du peuple tous les déprédateurs de son tissu socio-économique politique et culturel.
Pour la renaissance de l’honneur et de la dignité nationale, pour un Mali autre que celui des «démocrates» véreux et des sangsues de la République.
Fodé KEITA
Sourcde: Inter de Bamako