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Haut Conseil islamique du Mali : Mahmoud Dicko très remonté

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Le président du Haut conseil islamique du Mali est furieux contre les autorités. C’est le moins que l’on puisse dire au regard de son discours enflammé vendredi dernier sur la radio Nièta, où il étalait toute son indignation face à ce qu’il considère comme un traitement de faveur accordé par les autorités au christianisme. Au grand dam de l’islam. La colère de l’imam vient du fait que, selon lui, aucune autorité nationale n’était présente aux obsèques de l’imam de la Grande Mosquée de Djenné. Agacé qu’il était, Mahmoud Dicko dit avoir appelé le Premier ministre pour le lui signifier. « Merci de nous l’avoir rappelé » aurait répondu celui-ci. Ce qui n’a visiblement pas apaisé la colère du président du HCIM. Qui ne comprend pas qu’on puisse accorder ce traitement de faveur au christianisme dans un pays constitué à plus de 90% de musulmans : « Lorsque l’archevêque de Mopti est décédé en France, le Premier ministre et le ministre du Culte étaient présents à ses obsèques… Ils veulent simplement la domination du christianisme dans notre pays. Cela ne se fera jamais… Il faut que les gens cessent les provocations dans ce pays.

On ne lutte pas contre la consommation d’alcool ou de la drogue…Un porteur d’uniforme est venu nous dire que plus de 70% des jeunes consomment l’alcool ou la drogue… Les musulmans doivent se réveiller, se mettre debout… On n’est pas des terroristes, on ne tue personne. Mais on n’est pas non plus des i… », a martelé en substance le président du HCIM. Suivi par l’animateur, lui-même plus virulent que l’invité : « Ce qui s’est passé est un manquement grave du gouvernement, du Premier ministre à l’islam…C’est mettre le christianisme au-dessus de l’islam… Ce qu’ils savent faire, c’est lutter contre le mariage précoce des filles, mais ils ne font rien pour lutter contre l’alcool, la drogue…C’est une question d’élections… » a-t-il prévenu, avant de faire passer l’enregistrement de ce fameux porteur d’uniforme (ou plutôt de cette porteuse d’uniforme puisqu’il s’agit d’une dame commissaire de son état). Mais qui intervenait au nom de l’Association de lutte contre la toxicomanie juvénile et féminine pour solliciter le soutien du HCIM dans ce combat. Pour la commissaire de la Brigade des stupéfiants, toutes les confessions combattent l’usage de l’alcool et de la drogue, « consommés par plus de 70% de nos jeunes ». C’est à ce titre qu’elle a sollicité leur accompagnement. « Afin que la drogue ne soit pas vendue à nos enfants, à nos filles » souhaite-t-elle. Donnant du coup de précieux arguments à tous ceux qui n’attendent que l’occasion idéale pour mener une véritable croisade.

Mahmoud Dicko est certainement dans son bon droit d’être en colère que les autorités n’aient pas fait acte de présence aux funérailles d’une telle personnalité (Djenne à elle seule représente tout un symbole, sans compter la personnalité du défunt, Paix à son âme !), mais son discours sur le christianisme nous paraît quelque peu disproportionné  (voire dirigé à tort contre les chrétiens qui ne sont en rien responsables du comportement des autorités) dans un contexte marqué par un extrémisme religieux de plus en plus inquiétant. Au-delà de la tolérance, toutes les confessions se doivent respect, même envers ceux qui ne sont ni musulmans ni chrétiens, mais simplement des humains et des Maliens de souche. Il suffirait d’un petit discours pour mettre le feu aux poudres et pousser des extrémistes à se jeter sur tous ceux qui auraient la malchance de s’appeler par exemple « James ». De cela, personne n’a besoin, n’étant même pas parvenu encore à circonscrire la crise actuelle.

A l’animateur de radio qui se voulait plus royaliste que le roi, nous disons que les questions religieuses sont très sensibles ; et surtout que ce n’est pas le rôle d’un homme de médias d’inciter à l’intolérance. Le Mali n’a guère besoin d’une autre radio des « Mille Collines ». Il faut bien mettre quelque chose dans la marmite, mais encore faudrait-il avoir cette opportunité. Le rappel à l’ordre vaut donc autant pour les autorités que pour nous hommes et femmes des médias. Ayons enfin pitié de ce pays !

La rédaction

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