Dans cette interview qu’elle nous a accordée, l’honorable Aïchata Cissé Haidara, membre de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale du Mali, donne ses impressions sur le Sommet extraordinaire des chefs d’Etat du G5 Sahel, qui s’est achevé à Bamako, le lundi dernier. L’élue de Bourem pense que pour lutter efficacement contre l’insécurité dans le Sahel, il faut une coalition des forces nationales, qui implique le droit de poursuite, mais surtout endiguer le fléau catalyseur de ces tensions qu’est le trafic international de drogue.
L’Informateur : Qu’est-ce que le Mali peut-attendre d’une telle rencontre ?
Honorable Haidara Aichata Cissé dite Chatto : je dirais que le Mali a déjà gagné, parce que le terrorisme existe aujourd’hui dans le Sahel, mais c’est plus accentué au Mali. Et, si le Mali voit que ses pays voisins sont à ses côtés, je pense que c’est vraiment exceptionnel pour nous. Ce qu’on attend du G5 est ce que les chefs d’Etats du G5 Sahel ont déjà commencé : se coaliser pour aider le Mali et pour s’aider eux-mêmes. Le terrorisme est quand même international, mais le Sahel en souffre plus. Je suis sûre qu’il y aura des conclusions pour qu’il y ait une synergie d’actions. Seul, le Mali ne pourra pas vaincre le terrorisme et aucun des pays membres du G5 ne peut arriver à bout du terrorisme s’ils ne se mettent pas ensemble. Ce qui est très bien compris par les premiers responsables qui sont ensembles, qui sont en train de discuter pour sortir des résolutions qui vont permettre d’éliminer ce fléau.
Est-ce que quand vous parlez de synergie d
’action, il s’agit aussi de droit de poursuite dans les pays membres ?
Tout à fait. Il faut le droit de poursuite. Je dirais surtout qu’aujourd’hui, le grand problème qu’on a est le trafic de drogue. Et si on n’y trouve pas une solution, on ne trouvera guère une solution définitive au problème auquel nous sommes confrontés qu’est l’insécurité. La sécurité passe aussi par l’arrêt du trafic pratique qui est un réseau international qui nous amène dans des problèmes qu’on ne pourra gérer.
Est-ce que vous pensez que les chefs d’Etats vont se parler de façon franche…D’aucuns disent que certains pays membres ne collaborent pas à hauteur de souhait ?
Moi, je pense que c’est un mauvais procès parce que si les chefs d’Etats sont là, ensemble, pour trouver une solution, c’est déjà un engagement. Je ne ferais pas le procès d’un Etat, je dirais tout simplement ce que je constate. Et, ce que je constate est que les chefs d’Etat sont ensemble, à travers aussi des ministres des Affaires Etrangères et de la Défense, en train de poser des actes concrets.
Que pense la Commission Défense de l’Assemblée Nationale, que vous représentez, de ce sommet ?
Au niveau de la Commission de Défense, nous accompagnons le gouvernement, nous accompagnons par ricochet les pays du G5 Sahel. Nous sommes des parlementaires, nous sommes sur le terrain et au niveau du parlement, la Commission Défense est associée à tout ce qui a trait à la sécurité nous sommes associés à tout ce qui est sécurité, à tout ce qui est défense.
Donc nous en tant que représentants du peuple, ce que nous pouvons apporter, c’est que nous sommes plus proches des populations, nous sommes plus proches du peuple et des villes dans lesquelles ces problèmes existent. Nous avons par exemple participé à la réunion d’élaboration d’un document de référence qui va leur permettre d’aller de l’avant.
Un commentaire sur l’attentat dont a été le MOC à Gao ?
Le MOC est quand même très important dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix. Aujourd’hui, tous les groupes sont décidés à aller, tous ensemble, pour faire les patrouilles mixtes. Malgré ce qui s’est passé, ils sont très engagés et je pense qu’il faut les encourager. Mais en même temps, j’appelle à la vigilance, car il peut y avoir aussi des gens qui ne sont pas pour la paix. A ce niveau-là donc, il faut une synergie d’actions des populations de ces localités-là. Il faudrait qu’elles s’organisent aussi, je ne dirais pas de faire des groupes armés parallèles, mais je dirais que les populations doivent regarder de plus près ce qui se passe dans leurs localités.
Entretien réalisé par Ibrahim Togola
Source: L’Aube