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La grève illimitée vire à la division : La magistrature déchirée

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En grève ou non ? Difficile actuellement de faire la part des choses concernant la grève des magistrats, déclenchée il y a presqu’un mois. La « tête » du mouvement n’étant plus sur la même longueur d’onde que la « base ». La grève, en effet, est quelque peu handicapée par une dissension interne, née sur fond de suspicions entre les grévistes. Il est reproché au président du SAM, Cheick Chérif Koné, d’avoir trahi la cause. Ce dernier s’en défend, affirmant à qui veut l’entendre que la décision de suspension a bien été prise de commun accord avec les membres du comité directeur.

D’un côté, Cheick Mohamed Cherif Koné, président du SAM : « Le préavis de grève qui avait conduit à l’arrêt du travail, est suspendu. Tout militant du SAM qui resterait chez lui sans un autre préavis déposé est dans l’illégalité.» Et de l’autre, les frondeurs, conduits par Alou Badara Nanakassé : « Le mot d’ordre de grève reste en vigueur, jusqu’à la satisfaction de nos revendications.» Deux avis opposés, qui en disent long sur la fissure entre les magistrats

Tout est parti de la demande de suspension faite par le gouvernement à l’adresse des deux syndicats en grève: syndicat autonome de la magistrature (Sam) et syndicat libre de la magistrature (Sylima). C’est pour examiner cette demande qu’une assemblée générale a été provoquée, le vendredi 3 février. À l’issue de cette assemblée, selon Alou Badara Nanakassé, vice-président du SAM, les magistrats ont unanimement décidé de maintenir le mot d’ordre de grève illimitée. Motif invoqué : les propositions faites par le gouvernement ont été jugées dérisoires. C’est contre cette décision de la base, que, Cheick Chérif Koné a diffusé, le même jour, un communiqué sur les ondes de l’ORTM. M. Koné, accompagné de Dramane Diarra, a annoncé la levée du mot d’ordre de grève à la suite des négociations. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des magistrats. En réplique à la sortie du président Koné, les frondeurs ont diffusé un communiqué, signé par le vice-président Nanakassé.

« …le Comité Directeur du SAM, à l’issue de sa réunion extraordinaire de ce samedi 04 février 2017, apporte les démentis suivants : l’assemblée générale de l’ensemble des magistrats, tenue le vendredi 03 février 2017 à la Cour d’appel de Bamako, a décidé à la majorité, la poursuite de la grève illimitée jusqu’à la satisfaction de ses revendications et a, en outre, réaffirmé sa disponibilité à poursuivre le dialogue avec le Gouvernement sur les points de revendications qu’elle estime légitimes ». Par conséquent, poursuit le communiqué, les déclarations faites par Cheik Mohamed Cherif Koné en présence de Dramane Diarra, n’engagent que leurs personnes. Le Comité directeur du SAM s’en désolidarise totalement. Par leur comportement déloyal, indique le communiqué, ces deux personnes ont violé de façon éhontée les statuts et règlement intérieur du SAM et ne peuvent plus, ni parler ni agir en son nom.

 

La division est consommée !

Le président du SAM Cherif Koné est intervenu une 2è fois le dimanche 5  février à la télévision nationale pour inviter les magistrats à reprendre le travail. Il a appelé les magistrats à suivre l’appel du président du SAM. Cet appel a-t-il été suivi ? Aujourd’hui encore, la plupart des tribunaux de Bamako restent paralysés. Et les usagers, qui croyaient pourtant en la fin de la grève, sont plus que jamais frustrés.

Et le lendemain, lundi, les « frondeurs » se sont de nouveau réunis en assemblée générale. « Le communiqué lu, vendredi dernier sur les ondes de l’Ortm, par Cheick Mohamed Chérif Koné n’engage en rien le SAM et, encore moins le Sylima. Par conséquent, le mot d’ordre de grève illimitée des magistrats est maintenu», a réaffirmé le vice-président Nanakassé qui, avec son collègue Siaka S Coulibaly, président du Sylima, a dirigé cette assemblée générale d’information. C’était dans les locaux de la Cour d’Appel, en présence d’un grand nombre de magistrats, dont des membres de la commission de conciliation mise en place pour les négociations avec le gouvernement.

Le comportement de Koné, selon Boya Dembélé, secrétaire aux revendications du SAM, «relève de l’imposture… Et le congrès prendra des mesures disciplinaires contre les auteurs». Il a, dans la foulée, précisé que M. Koné avait d’ailleurs « déjà rendu, la veille, sa lettre de démission devant les membres de la commission des bons offices ».

« Désormais, tout communiqué qui n’est pas conjointement signé par les deux syndicats, n’en est pas un. La grève continuera jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications», a conclu Nanakassé.

Joint au téléphone, Koné s’estime plutôt victime d’un complot ourdi par des membres du comité directeur de son syndicat. Ces derniers, selon lui, étaient d’accord avec la décision de suspendre la grève afin de permettre aux parties (syndicats et gouvernement) de poursuivre les négociations dans un climat de sérénité. E Koné est formel : «juridiquement, la grève est bel et bien suspendue. » Aussi, a-t-il ajouté, « je reste le président du Comité directeur du SAM. Et ce que certains ne savent pas, c’est que mon départ entrainera, celui de tout le comité directeur».

Aujourd’hui, au sein de l’opinion nationale, chacun, y va de son commentaire. «La division est désormais consommée », « le SAM est au bord de l’implosion » … Quoi qu’il en soit, le mouvement est désormais fragilisé au point que la ferveur du combat commun risque d’en pâtir. Ce, au moment où le gouvernement rechigne à reconsidérer sa position.

IBD

 

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