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Chronique 2018 arrive, réveillez-vous, M. le président

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 Le président français Jacques Chirac a affirmé le 4 janvier 2006 devant l’Elysée que l’article de loi mentionnant le “rôle positif de la colonisation”, qui “divise les Français”, devait “être réécrit”.
Plus d’un siècle de brimades des peuples du continent noir, l’Europe reconnaît enfin que la civilisation qu’elle était censée apporter n’était qu’un prétexte pour répondre aux besoins politico-économiques de l’époque. Mais cette vaste campagne de colonisation a fait de l’Afrique un continent marginalisé, exclu et pillé dont les stigmates marqueront à jamais ses fils qui meurent chaque jour en voulant regagner l’Europe. Le drame des Africains est aujourd’hui comparable aux souffrances des esclaves d’autrefois. L’exclusion politico-économique des dirigeants européens a fait des jeunes africains des sans espoirs, des sans visas des proies facile à une politique de réadmission injuste de l’Union européenne. Pour la plupart, le goût affadi de la vie quotidienne témoigne de la précarité d’une jeunesse abandonnée à elle-même.
Les Maliens, dans leur majorité sont très pauvres, et ceux qui ont eu la chance d’avoir un diplôme sont chômeurs quand leurs camarades ne se prostituent pas. Ils vivent une misère noire, scrutant l’horizon sans espoir, toute perspective étant bouchée. Ce sont les exclus du système économique et politique du pouvoir en place. Ils travaillent pour un salaire à peine supérieur à celui de l’esclave d’autrefois, quand ce n’est pas Ami Kane qui les prive de leurs sources de revenus, sans pouvoir les recaser. Les bulldozers de Mme la gouverneure du district de Bamako ont noyé leurs ambitions, la pauvreté a fait d’eux des sans espoir, l’amateurisme du président IBK et son entourage les soumet à la fatalité. Malheureusement, les dirigeants africains posent plus de problèmes à leurs pays qu’ils n’en résolvent.
 
Point de développement collectif sans développement individuel des citoyens. IBK le sait d’ailleurs. Le président sait que même dans un siècle, avec sa politique économique actuelles, s’il y en a, le Mali ne sera jamais sur la ligne de départ vers le développement. Notre pays n’est jamais tombé aussi bas, tellement en bas de l’échelle qu’il faut d’abord lutter contre la ”sur-pauvreté”, atteindre le niveau zéro avant d’espérer se développer. Ne nous laissons pas tromper, le développement n’est pas de la magie. Que ce soit ici où ailleurs, il nous est difficile de croire que nos populations, dans leur ensemble, connaîtront un jour un progrès social important si nous persistons et signons dans la voie actuelle que les autres nous imposent. Quel bilan pouvons-nous tirer aujourd’hui des plans d’ajustement structurel qui ont conduit bon nombre de travailleurs dans un tombeau à ciel ouvert, fait de licenciements et de la précarité?
Que faire donc face à l’exclusion? Comment sortir de la misère, notre misère matérielle n’étant que le reflet de notre pauvreté d’esprit ? Il n’y a pas à réinventer la roue. Emiliano Zapata nous enseigne, dans La révolution mexicaine de Fernando Sanchez :
”Le développement de notre peuple dépendra de trois principales choses ;
   -premièrement, sa volonté de vaincre la misère ;
   -deuxièmement, sa détermination à triompher de toutes les adversités ;
   -troisièmement, sa capacité à imprimer à l’histoire la courbe de son propre destin.”
”Goûter à sa propre sueur”, travailler à polir sa pauvreté pour la rendre belle, imprimer à l’histoire la courbe de notre propre destin, tel doit être le sens de notre combat si nous voulons vraiment développer notre pays, le Mali. Non pas dans une fatalité suicidaire comme nous le faisons, qui consiste à répéter systématiquement ”ça va aller” ou ”ailleurs c’est pire” pendant que visiblement rien ne va. Ni par notre silence et complicité face à des politiciens qui n’ont comme programme de société que d’amasser des fortunes, aller se soigner en France, acheter un avion pour le président. La volonté de vaincre la misère, c’est s’interroger profondément sur le rôle que l’on compte jouer dans la société quel que soit notre niveau d’instruction ou rang social. Triompher de toutes les adversités, c’est entreprendre, quels que soient les obstacles que nous rencontrons sur notre chemin ; c’est refuser de baisser les bras, refuser de prendre du thé à longueur de journées pour ne pas se consacrer au travail, libérateur. Refusons de vendre notre pauvreté – aux moins offrants surtout –  telle doit être notre ligne de conduite car le salut libérateur des Maliens ne viendra pas seulement du Palais de Koulouba…
 
O. Roland
Source : Le point

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