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Entre nous : De l’AEEM au CNJ : Faut-il désespérer de la jeunesse ?

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La semaine dernière, des heurts violents entre factions rivales de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali ont tourné au drame avec la mort d’un étudiant, poignardé mortellement à coups de couteaux. La colline du savoir est devenue, au fil du temps, une espèce de jungle où les étudiants sous la bannière de l’AEEM se livrent une bataille rangée. Des gourdins, des machettes, des armes à feu font irruption dans les débats entre clans d’étudiants. En fin septembre 2016, les affrontements entre des groupes de jeunes à Lafiabougou, à la lisière d’Hamdallaye en commune IV du district de Bamako, ont fait deux morts. Il y a quelques mois lors du renouvellement du Conseil Communal de la Jeunesse de la Commune VI du district de Bamako, dans le cadre du congrès du Conseil National de la Jeunesse du Mali, un jeune a été tué par balles.

Ces drames constituent la rançon de l’irresponsabilité collective des parents et de la forfaiture des autorités dans l’éducation des enfants qui sont devenus des bêtes sauvages, faisant régner la terreur et la violence dans la société au mépris de nos valeurs culturelles et sociétales.

Ces scènes, d’une violence inouïe à la limite de la barbarie humaine, étaient inimaginables dans notre société. L’irresponsabilité cumulée à l’insouciance des dirigeants successifs de l’AEEM et la fuite en avant des autorités, ont fait de l’espace universitaire et scolaire un lieu où règne une violence extrême. Cela est d’autant plus regrettable que c’est l’école qui forme les leaders de demain.

Le Conseil National de la Jeunesse n’est rien d’autre que le grand-frère de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali. Et de nombreux jeunes du CNJ gardent toujours dans leur veine le sang de l’AEEM. Voilà deux associations inutiles qui méritent une dissolution pure et simple.

Au moment où les mouvements de jeunes “Y en a marre” du Sénégal et “Balai citoyen” du Burkina Faso s’organisent pour changer le cours de l’histoire de leurs pays, la jeunesse malienne s’entre-tue pour le contrôle des machins que sont le CNJ et l’AEEM, devenus des machines de fabrique d’une génération de petite bourgeoisie affairiste patentée.  Au niveau de l’AEEM et du CNJ où l’insouciance, l’inconscience, l’irresponsabilité, l’incompétence et l’appât du gain facile se livrent une rude concurrence, on se tire dessus pour bénéficier des prébendes et d’autres privilèges, loin des aspirations profondes d’une jeunesse consciente de son rôle historique dans la marche en avant de la nation. De cette jeunesse, adepte de l’alcool, de la violence, de l’argent facile, il faut désespérer. Elle constitue même un danger pour la stabilité nationale par sa boulimie destructive et sa violence aveugle et barbare. Le Mali ne peut nullement compter sur cette jeunesse pour se maintenir dans le concert des grandes nations.

Dans ce registre noir, il y a la vaillante jeunesse de Gao qui brave tous les obstacles pour défendre la République. Les jeunes de la légendaire Cité des Askia offrent leur poitrine pour contrer les balles des faussaires de la République et autres traitres. Leur témérité et leur bravoure ont mis en échec de nombreux plans des forces d’occupation. Depuis l’invasion du nord par les traitres du MNLA et leurs alliés terroristes narcotrafiquants,  ils n’ont jamais courbé l’échine.

Si ces jeunes diplômés, mais non instruits qui se livrent à une bataille rangée dans le milieu scolaire et universitaire, pouvaient s’inspirer de la bravoure de leurs camarades de Gao, la République se porterait mieux.

Une jeunesse déculturée sans repère a besoin d’être guidée et formée afin qu’elle puisse jouer sa partition dans l’avènement d’un Etat juste, impartial accordant les mêmes chances à ses fils.

Par Chiaka Doumbia

 

Source: Le Challenger

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