Samedi 11 janvier, au soir dans le village de Diawaribougou, un groupe d’hommes ouvre le feu sur Chiaka Traoré, un commerçant de l’ethnie majoritaire Bambara. Cet assassinat produit à 7km au nord de Ke-macina, ouvre la voix à une escalade de la violence intercommunautaire. Les Bambara organisent une expédition punitive mortelle contre les éleveurs Peul soupçonnés d’être de mèche avec les présumés djihadistes tueurs.
Le lendemain, les villageois de Diawaribougou, majoritairement Bambara, soupçonnent les Peul d’être derrière cet assassinat. Très vite, ils organisent une descente musclée sur au moins trois villages peul situés dans la commune de Ke-macina. Les villages de Diawari, Toundé et Dogononougou, tous près de Ke- macina ont été attaqués.
Dans la foulée de l’expédition, huit Peul seraient tués, selon certaines sources locales. Six personnes auraient été tuées dans le village de Fokobougou, une dans le village de Diawaribougou. Quant à la huitième victime, elle a été tuée dans le village de Nawel-Baba, selon un habitant du village de Toundé dans la même localité.
D’autres sources locales ont signalée, dans la nuit 12 février, des attaques contre des Peul qui se rendaient dans les mosquées dans des villages de la commune de Ke-macina. Aucun bilan définitif n’est encore disponible, mais les évènements semblent avoir créé une vive émotion dans la zone que les groupes terroristes tentent d’infiltrer.
Dans le centre du pays, depuis 2015, les conflits entre Bambara et Peulhs sont réguliers. Les Bambara soupçonnent les Peulhs d’être complices de djihadistes de la Katibat Macina de Ansar dine. Les villageois peulhs de leur côté soupçonnent les Bambara d’être proches de l’armée malienne dont les cas d’exactions sur les civiles peulhs ont été rapportés ces dernières années par les ONG de droit de l’homme.
Le calme était revenu lundi et un détachement militaire arrivé le même jour dans la zone, a affirmé à l’AFP une source au gouvernorat de la région de Ségou. Une opération de l’armée malienne la semaine dernière contre une « base arrière des fidèles d’Amadou Koufa » à Dialloubé (centre) s’est soldée par au moins un mort et une vingtaine d’arrestations, plusieurs civils aussi étant portés manquants.
Ces violences constituent le ras-le-bol d’une situation d’insécurité faite surtout d’assassinats quotidiens. Il y a plusieurs mois, des hommes politiques avaient appelé en vain au déploiement de l’armée et des casques bleus dans cette zone. A l’époque, des affrontements violents avaient opposé Peul et Bambara dans plusieurs villages dont celui de Dioura en mai 2016.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain