Accueil INSECURITE Actes terroristes au Mali en 2016 : 29 casques bleus tués

Actes terroristes au Mali en 2016 : 29 casques bleus tués

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Dans son rapport annuel 2016, publié le 18 janvier dernier, l’Organisation internationale Human Rights Watch a noté une recrudescence  des actes terroristes commis par les groupes islamistes  au Nord et au Centre du Mali. Toutefois, le même rapport  fait état des certains abus commis par les forces de sécurités malienne.

Ce rapport de 14 pages daté du 18 janvier épingle  les  groupes armés  d’avoir commis des exactions dans le Nord et  le centre du Mali.  En avril et août 2016, indique  le rapport,  Human Rights Watch a enquêté sur place à Bamako, Sévaré et Mopti, et par téléphone tout au long de l’année, et recueilli les témoignages de plus de 70 victimes et témoins de ces abus. Parmi les personnes interrogées figurent des membres des communautés ethniques peulh, bambara, dogon et touarègue ; des personnes détenues par le gouvernement ; des diplomates et responsables de l’ONU. Les groupes islamistes armés ont exécuté de nombreuses personnes et imposent de plus en plus de restrictions à la vie dans les villages. Le gouvernement malien a été généralement incapable de protéger les civils vulnérables du Nord et du Centre du pays. «  En 2016, des groupes islamistes armés ont exécuté au moins 27 hommes, parmi lesquels des chefs de village et des représentants locaux du gouvernement, des membres des forces de sécurité maliennes et des combattants signataires de l’accord de paix. La plupart d’entre eux étaient accusés d’avoir fourni des informations au gouvernement ou aux forces françaises engagées dans des opérations antiterroristes », précise le rapport. Parmi les groupes présumés responsables de ces exécutions figureraient Aqmi, Ansar Dine, le Front de libération du Macina et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ces meurtres ont eu lieu dans les régions de Mopti, Ségou, Tombouctou et Kidal. Parmi les individus ciblés se trouvaient des élus locaux, des chefs de village, des enseignants ; des membres des forces de sécurité maliennes, des membres des groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015, notamment les Touaregs du Mnla.            Les habitants et les responsables communautaires ont aussi décrit une recrudescence du banditisme et de la criminalité violente. Human Rights Watch estime à plusieurs milliers le nombre de civils qui ont souffert de quelques 400 actes de banditisme dans le Nord et le Centre du Mali en 2016. « Ces chiffres s’appuient sur des entretiens avec les victimes, des témoins, des sources au sein des services de sécurité, et sur les informations des médias ou des rapports sur la sécurité », précise le rapport.  Outre les abus commis par les groupes islamistes armés, les populations civiles ont souffert également d’affrontements intercommunautaires sanglants et de l’augmentation des actes de banditisme. « Malgré l’accord de paix signé en 2015 qui a mis fin au conflit armé de 2012-2013 au Mali, les signataires n’ont pas réussi à appliquer plusieurs de ses dispositions essentielles, en particulier celles qui concernent le désarmement de milliers de combattants », déplore l’ONG.

75 attaques contre les forces des Nations Unies

En 2016, le nombre de morts au sein des forces de maintien de la paix des Nations Unies a doublé par rapport à l’année 2015. « Des groupes armés ont mené au moins 75 attaques contre les forces des Nations Unies en 2016, causant la mort de 29 casques bleus de la Mission multidimensionnelle de stabilisation intégrée au Mali (Minusma) et blessant quelques 90 autres de ces soldats », a noté Human Rights Watch. Et de préciser que la plupart de ces attaques visaient soit des convois logistiques de transport de vivres, d’eau et d’approvisionnement divers destinés aux bases de l’ONU, soit les bases elles-mêmes, en particulier celles de Kidal, Gao et Tombouctou. Aqmi, Ansar Dine et Al Mourabitoun ont revendiqué plusieurs de ces attaques, parmi lesquelles l’attentat suicide et les tirs de roquette du 12 février contre la base de la Minusma à Kidal, qui ont tué sept casques bleus guinéens, et l’embuscade du 18 mai à 15 kilomètres au nord d’Aguelhok, dans la région de Kidal, qui a fait cinq morts parmi les casques bleus tchadiens. Les attaques les plus meurtrières ont eu lieu au mois de février, quand sept casques bleus guinéens ont été tués, et au mois de mai, quand cinq casques bleus du Togo et cinq du Tchad ont été tués. L’insécurité a affecté les soins de bases de santé, l’éducation et l’aide humanitaire.

Les recommandations     

Human Rights Watch a aussi formulé d’importantes recommandations  à l’attention des parties concernées. Au gouvernement, il recommande entre autres, de prendre les mesures nécessaires pour que les forces de sécurité respectent le droit international humanitaire; pour protéger les civils et assurer une sécurité suffisante, notamment contre le banditisme et la criminalité dans les zones sous contrôle gouvernemental ; d’enquêter et poursuivre de manière adaptée les membres des forces de sécurité maliennes et les groupes armés non étatiques qui commettent des violations du droit international humanitaire et des violations des droits humains.

S’adressant aux forces du maintien de la paix de la Minusma, il recommande d’adopter une position ferme et veiller à ce que la protection des civils reste une priorité absolue de la mission, y compris en mettant en place des dispositifs stratégiques et dynamiques de patrouilles. Aux pays fournisseurs de contingents de casques bleus de l’ONU, il leur demande de veiller à ce que la Minusma dispose des ressources, du personnel, du matériel et de la formation nécessaire pour s’acquitter de son mandat de protection des civils dans un environnement sécuritaire extrêmement exigeant, dans lequel des groupes armés ciblent à la fois les civils et le personnel des Nations Unies. Aux groupes armés non-étatiques , Human Right Watch demande, entre autres, le   respect du droit international humanitaire, y compris en traitant humainement toutes les personnes détenues; de cesser d’attaquer les forces de maintien de la paix et le personnel de l’ONU; d’enquêter et punir de façon appropriée les combattants qui commettent des abus graves et de respecter les droits fondamentaux comme le droit à la liberté de religion et d’autres droits dans les zones sous leur contrôle effectif.

Boubacar SIDIBE

 

Source: Le Prétoire

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