Candidat malheureux lors des dernières élections présidentielles en 2013, Soumaila Cissé, 68 ans, dans sa traditionnelle présentation de vœux à la presse, demande aux Maliens de l’ « essayer » comme président de la République dès 2018. Représente-t-il, pour autant, une alternance crédible ?
« Essayez-nous, vous allez voir la différence ». C’est ce qu’aurait dit Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition, président du parti URD à l’occasion de sa traditionnelle présentation de vœux à la presse au titre de la nouvelle année. Référence faite à l’alternance politique au Mali.
Candidat malheureux lors des dernières élections présidentielles face à l’actuel locataire de Koulouba, le candidat du parti URD avait fait preuve de fairplay politique non seulement en reconnaissant sa défaite dès le soir des premiers résultats mais aussi en se déplaçant avec toute sa famille à la résidence du vainqueur. Un geste beaucoup apprécié par de nombreux observateurs qui y voyaient la preuve de la maturité de la démocratie malienne. Mais, de 2013 à nos, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Fahd et petit à petit, Soumaila Cissé s’est accommodé de son tout nouveau boubou de chef de file de l’opposition que le président IBK a eu l’amabilité de lui filer en guise de récompense pour son « geste démocratique ». Le statut de chef de file de l’opposition, a été jusque-là, un dossier qu’aucun locataire de Koulouba n’a voulu faire aboutir. IBK l’a fait et tant mieux pour la démocratie.
Deuxième force politique à l’assemblée nationale au lendemain des élections législatives, après avoir été au deuxième tour des élections présidentielles, l’URD prend logiquement la tête de l’opposition. Il se voit entourer par des partis comme le PARENA, FARE an Ka Wuli, PDES, PIDS, FCD, PRVM Fasoko, ANCD Mali, PSP, AFP, Parti Lumière etc., formant ainsi l’ « opposition démocratique et républicaine ». Et depuis, cette opposition dite républicaine parle d’alternance et fustige le pouvoir en place le jugeant inapte à bien gouverner le pays.
Soumaïla a-t-il changé ?
Issu du système, Soumaïla Cissé n’est pas un nouveau à présenter. La gestion du pays, depuis 1992 à nos jours, ne lui est pas étrangère. En 1992, il est nommé par le président Alpha Oumar Konaré, secrétaire général de la présidence de la République. En 1993, il devient ministre des Finances puis ministre des Finances et du Commerce en 1994, pour redevenir de nouveau ministre des Finances en 1997. En 2000, il prend le tout-puissant ministère de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de l’Urbanisme.
Ce parcours vertigineux et la fin de mandat d’Alpha Oumar Konaré, lui permet d’avoir des envies présidentielles. En 2012, l’enfant de Nianfunké sort du gouvernement et se consacre à son « projet présidentiel ». Il sera battu à l’élection présidentielle mais ne se résigne pas. Comme on le voit à travers ce parcours, Soumaïla Cissé a participé à la gestion de ce pays, depuis l’avènement de la démocratie à nos jours. Sous la gestion de l’ADEMA PASJ (1992-2002) plusieurs rapports de contrôle font état de détournement de fonds public à tel enseigne qu’on avait surnommés les dirigeants de l’époque, les « nouveaux milliardaires de la démocratie ». Soumaïla Cissé était un élément clé du dispositif politique de l’ADEMA PASJ. Peut-il incarner une alternance au pouvoir actuel ? Quelle est la perception des Maliens du mot alternance ? Est-ce un simple changement de président ? Est-ce un changement de politique/système ?
Les partis politiques qui forment aujourd’hui l’opposition républicaine, sont les mêmes que les Maliens ont vu à la tête des affaires de l’Etat de 1992 jusqu’en 2013. Mis en dehors du fameux « consensus politique », certains ont décidé de donner de la voix manifestant leur opposition à tout.
Reste que ce sont les électeurs qui sont les seuls faiseurs de roi. Et l’opposition républicaine et son chef de file, peuvent bien croire en leurs chances.
La Rédaction
Source: La Pouce