Samedi dernier, le président russe Vladimir Poutine a signé un oukase légalisant les passeports délivrés par les autorités des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Cette démarche est appelée visiblement à démontrer le mécontentement de Moscou face à la position de l’administration de Trump qui s’attend à la restitution de la Crimée et à une diminution de la violence en Ukraine.
Souci de taille, les autorités biélorusses ont refusé de valider les passeports des habitants de Donetsk et de Lougansk. Pourtant la Russie et la Biélorussie forment l’unique union confédérale dans l’espace postsoviétique.
Tension dans le couple
L’euphorie qui régnait au Kremlin depuis l’élection de Donald Trump cède le pas à une déception d’autant plus amère que l’élite russe savourait d’avance “un nouveau Yalta” où les zones d’influence seraient équitablement partagées entre la Russie et les Etats-Unis.
Certes, Moscou n’abandonne pas définitivement l’espoir de s’entendre avec Washington, mais le comportement du président Trump est si imprévisible que M. Poutine ne sait plus sur quel pied danser avec lui. Du coup, le nom de Trump a pratiquement disparu, depuis deux semaines déjà, des émissions télévisées et dans la presse écrite pro-Kremlin. Qui plus est, Moscou s’est permis une menace directe à l’égard des Etats-Unis. Dimitri Rogozine, vice-Premier ministre du gouvernement russe responsable du complexe militaro-industriel, vient de déclarer que les nouveaux missiles balistiques russes pourront “réduire en miettes” le système antimissiles américain. Il a ajouté que “la défense antimissile américaine ne représente pas une menace sérieuse pour la Russie”.
Passe d’armes entre ministres de la Défense
Mardi, Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, a accusé “l’Occident avec à sa tête les Etats-Unis” de tenter de freiner le processus d’établissement d’un nouvel ordre mondial plus juste. Il a aussi déclaré qu’il ne pensait pas qu’”il y avait dans les zoos de Grande-Bretagne un animal capable de dicter la ligne de conduite à un ours”. Il répondait ainsi à Michael Fallon, son homologue britannique, qui avait déclaré : “L’Occident ne veut pas que l’ours mette ses pattes en Libye.”
Bref, il semblerait que la Russie en revienne à la dialectique qu’elle employait dans son dialogue avec l’Occident depuis l’annexion de la Crimée.
Néanmoins, on a toujours le sentiment que malgré ces rodomontades, les officiels russes gardent l’espoir d’apprivoiser Donald Trump. Selon Andreï Fedorov, ex-vice-ministre russe des Affaire étrangères, les spécialistes ont préparé pour M. Poutine un portrait psychologique détaillé de M. Trump. On estime que cela aidera le président russe à mieux comprendre son interlocuteur.
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