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Conférence d’entente : Zoumana Sacko décline l’invitation

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   Un moment important pour les acteurs et signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, il s’agit de la grande conférence d’entente nationale pour traiter des points que le peuple malien n’a nullement l’intention de cautionner.

Le médiateur de la République, Monsieur Baba Akhib Haïdara est déjà à mi-chemin vers la destination qui mène à la conférence d’entente nationale. Tout semble déjà près et il faut aviser les personnalités dont la participation ou la présence peuvent légitimer un tel événement.

Les partis de la majorité présidentielle, avec à leur tête l’ancien Ministre Younouss Hamèye Dicko, ont été reçus par le président de la commission Baba Akhib Haïdara. Les clauses de l’accord, pour ceux qui ont suivi le processus, n’ont pas fédéré les maliens. De sa conception à sa signature, le document polémique qui n’a fait qu’empirer le malheur de la nation.

Les groupes armés, bourreaux historiques du pays, se voient déjà dans un gouvernement qui leur ouvrirait l’accès à de nouveaux secrets de notre pays. Une conférence d’entente nationale, dans un pays où les maillons de la chaine se sont tous lâchés, devrait se faire, non pas avec des groupes criminels, cajolés et priorisés par les autorités, mais plutôt avec le peuple qui ne voit pas le vrai intérêt d’une telle mise en scène.

Il est temps que l’honneur du Mali soit rétabli par cette hypocrite communauté internationale dont les actions se font au choix et au rythme de sa survie. Que cette communauté internationale respecte le Mali ! Que devons-nous dire lorsque la Russie fournit Bachar Al-Assad en armes et en hommes ? Que devrons nous penser quand la France et les Etats-Unis prêtent leurs missiles et leurs logistiques à des rebelles pires que les nôtres ?

   Zoumana Sacko est un homme connu pour ses positions tranchées quelles que soient les conséquences. Le parti qui a fait bloc et qui s’est montré catégoriquement opposé à tout acte ou cérémonie ayant trait à des discussions ou à l’application d’un accord qui devrait être déchiré et jeté à la poubelle selon l’ancien Premier Ministre. Dans sa lettre au Médiateur que voici :

 

 

Bamako, le 10 février 2017

 

A : Monsieur Baba Hakib Haïdara

Médiateur de la République

 

De : Soumana Sacko

Ancien Premier Ministre

Président d’Honneur de la CNAS-Faso Hère

Objet : Conférence d’Entente Nationale

Réf : V/L no 028/MR-CEN du 6/02/2017

Monsieur le Médiateur de la République,

En votre qualité de Président de la Commission préparatoire de la Conférence d’Entente Nationale prévue par l’Accord d’Alger, vous avez bien voulu m’inviter à venir m’entretenir avec vous des préparatifs de ladite Conférence et pris soin de m’en faire parvenir le projet de termes de référence. Je vous en remercie.

Toutefois, comme vous le savez probablement, la CNAS-Faso Hère (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire) ainsi que l’ADPS (Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise) dont elle est membre ont toutes les deux fermement condamné l’Accord d’Alger, lequel non seulement viole la Constitution de la République du Mali, y compris le caractère républicain, démocratique, unitaire et laïc de l’Etat, mais représente aussi une prime à la rébellion armée, au djihadisme et au crime organisé ainsi qu’une menace grave pour l’unité nationale et l’intégrité territoriale de notre pays.

La CNAS-Faso Hère et l’ADPS n’ont été associées à aucune des étapes ayant débouché sur l’Accord d’Alger. Or, elles ont, dès le prime abord, fortement insisté sur la nécessité d’observer scrupuleusement le principe d’appropriation nationale du processus de sortie de crise. C’est dans cet esprit que, dès le 5 avril 2012, elles ont appelé à la convocation d’un Congrès Extraordinaire du Peuple malien, lequel Congrès Extraordinaire n’a rien à voir avec la Conférence d’Entente Nationale, d’autant moins que cette dernière est destinée, entre autre, à légitimer la fantasmagorique notion « d’Azawad » que l’Accord antinational d’Alger définit déjà comme étant une « nation »

Fidèles aux idéaux et aux valeurs du 22 septembre 1960 et de la Révolution du 26 mars 1991, fermement attachés à la recherche d’une réconciliation nationale véritable qui ne consacre pas l’impunité ni ne cautionne la survivance ou la résurgence des forces esclavagistes, féodales, racistes et obscurantistes, la CNAS-Faso Hèrè et le regroupement politique dont elle est membre ont décidé qu’ils ne participeront, ni de près ni de loin, à aucune activité entrant dans le cadre de la mise en œuvre dudit Accord.

En conséquence, en ma triple qualité d’ancien Premier Ministre, de leader de ces deux organisations politiques et de citoyen malien, je suis au regret de décliner votre invitation à un entretien sur l’objet de votre lettre, tout en vous assurant que la CNAS-Faso Hèrè et l’ADPS restent disponibles pour poursuivre, avec toutes les forces patriotiques, républicaines, démocratiques et progressistes, la recherche tous azimuts des voies et moyens d’un renforcement durable de l’unité nationale, d’une restauration complète et définitive de l’intégrité territoriale du Mali ainsi que d’une refondation démocratique globale de l’Etat au service de la justice sociale et du plein épanouissement de toutes les couches et de toutes les régions de notre pays.

Veuillez agréer, Monsieur le Médiateur de la République, l’expression de ma haute et fraternelle considération.

Les fonds promis en octobre dernier à la conférence de l’OCDE à Paris et le serment de François Hollande se font encore attendre. Paris veut s’assurer que les groupes armés aient une meilleure posture que l’Etat central, déjà dépecé, avant de pousser les autres pions.  Un Etat qui, dans une loi modelée pour la mise en place des autorités intérimaires, s’est condamné d’avance et la Minusma est là pour lui faire purger sa peine.

Beaucoup de maliens vont plus loin, pensant que le Dr Zoumana Sacko accepte un jeu dans lequel on l’installe pour qu’il se sente moins concerné et qu’il ne soit en mesure d’empêcher les décisions opaques.

Puis que c’est l’accord qui a prévu la conférence d’entente, ceux qui l’ont dénoncé doivent normalement trouver une occasion de faire valoir leurs positions et leurs recommandations. Mais le Dr Zoumana Sacko, surnommé ‘’Monsieur salaire a décliné l’invitation.

Ammi Baba Cissé

 

Source: Le FIGARO DU MALI

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