Une des fortes recommandations de la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation, tenu le 10 février, était le démarrage de l’installation des Autorités dans les collectivités territoriales dont les conseils ne fonctionnent pas. Ainsi, le Gouvernement malien, en accord avec les groupes armés signataires a convenu d’un chronogramme pour la mise place des Autorités intérimaires. Cela après un partage consensuel des collectivités dans lesquelles ces autorités doivent s’installer. De commun accord, l’installation de ces autorités intérimaires devait débuter le samedi 18 février à Kidal. Pour ce faire, une délégation du département en charge de l’administration territoriale, avec à sa tête le ministre Ag Erlaf, devait se rendre dans la cité de l’Adrar pour mettre en place les Autorités intérimaire kidaloises. Seulement voilà : arrivée à l’aéroport International Modibo Kéita de Senou, la délégation ministérielle a tout simplement été informée des mauvaises intentions des responsables de la CMA. Elle s’est heurtée à l’opposition catégorique de ces bandits armés. Lesquels protestent contre la nomination du nouveau gouverneur de Kidal soupçonné être un proche de l’autre groupé armé ennemi. Ils ont éteint leurs téléphones et continuer à faire la grâce matinée dans les hôtels à Bamako.
Conséquence, le président désigné de l’Autorité intérimaire de Kidal, Hassan Ag Fagaga, n’a pu être installé. Aussi, au même moment à Tombouctou, il y a eu une marche pacifique contre la désignation des autorités intérimaires de la cité des 333 Saints. Avant tout cela, d’autres groupuscules armés protestaient encore contre le caractère non inclusif de l’Accord issu du processus d’Alger. Il s’agit de 4 mouvements armés : la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA) et la CMFPR2. Ces mouvements évoquent la caducité des Autorités intérimaires telles que prévues dans « l’entente » du 20 juin 2016. Des agissements qui ne peuvent être tolérés par notre pays qui ne doit plus se laisser trimballer et qui doit désormais prendre ses responsabilités face à ces bandits armés qui n’ont d’autres soucis que leur confort personnel. En effet, notre pays n’a que trop souffert de cette crise. A chaque fois qu’il veut avancer, ces malfrats créent des situations pour anéantir tous ses efforts de paix consentis au prix des sacrifices, parfois humiliants pour notre peuple. Depuis le début de ce processus, le Mali s’est toujours fait guider par les circonstances créées par les groupes armés ou par la médiation internationale. Il est temps que cela s’arrête et que le Mali exerce toute sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Car, de plus en plus, l’insécurité se transporte sur une grande partie du pays et l’absence de l’Etat est préjudiciable aux populations qui se sentent abandonner. En témoigne le conflit communautaire dans le cercle de Macina, avec le massacre des Peulhs par une milice «Donso», devenue le gendarme dans cette partie du pays. L’Etat doit s’assumer en montrant la voix à suivre, au besoin proposer une autre alternative si les Autorités intérimaires n’arrivent à s’installer dans les plus brefs délais. Il est temps que le Mali prenne son destin en mains pour sortir de cette crise qui fait que tout le pays est dans une situation d’impasse totale. Le Mali ne peut plus accepter de se faire guider par des bandits qui sont manifestement de mauvaise foi dans ce processus. Le Gouvernement doit se montrer maitre du processus et être de plus en plus anticipatif pour ne pas toujours se voir bloquer en fonction des intérêts des groupes armés.
Source: La Lettre Du Peuple