Les pouvoirs publics sont censés agir au nom du seul intérêt général. Cela est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un régime démocratiquement élu. C’est donc bizarre de voir cet entêtement des autorités actuelles à aller jusqu’au bout d’une entreprise rejetée par les bénéficiaires potentiels, et donc, à priori, vouée à l’échec. En effet, de Gao à Kidal, en passant par Tombouctou et autres, les autorités intérimaires que Bamako veut installer par la force sont majoritairement récusées. L’argumentaire de Bamako serait de rester collée à l’Accord d’Alger. Ce qui ne saurait tenir d’autant plus que ledit Accord, n’en déplaise à Koulouba, est totalement caduc en raison du non-respect des calendriers voire de la non-application de la plupart de ses dispositions. Si l’on ajoute à tout cela le fait que cet Accord a été signé dans des circonstances troubles et qu’il est manifestement contesté par la majorité de la population malienne, c’est à se demander pour qui roule Bamako. La question, on se la pose d’ailleurs pour la forme, la réponse étant connue de tous. : il faut faire ce que Paris exige, même contre la volonté du peuple. On se souvient, en effet, de certaines déclarations du ministre français de la Défense ‘’invitant’’ le président IBK à prendre ‘’des décisions courageuses’’. En langage plus clair, ce n’est qu’une injonction à donner aux groupes armés, particulièrement de la CMA, ce qu’ils veulent. Et l’un des moyens d’aller vers cet objectif est évidemment la mise ne place des Autorités intérimaires où ceux qui ont pris les armes auront leurs comptes. Mais alors, on se demanderait pourquoi la CMA rejetterait la nomination de Sidi Mohamed comme gouverneur de Kidal ? Parce que tout simplement, ayant obtenu jusque-là tout sur un plateau d’argent, la CMA n’a aucune raison de céder un pouce de son pouvoir, de surcroît dans son fief de Kidal dont le contrôle échappe totalement à Bamako. En d’autres termes, la CMA veut la totale victoire. Dans tous les cas, les dernières réactions populaires à Gao, Tombouctou et même Kidal sont une ultime occasion de comprendre que ‘’le propre des faibles est de ne pas pouvoir revenir sur leurs décisions’’.
La Rédaction
Source : Le Point