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Conférence d’entente nationale : “Les barons du Nord sont à l’image de nos dirigeants actuels”

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On ne peut pas raisonnablement refuser d’adhérer à l’idée d’une Conférence d’entente nationale. Mais, quel gâchis que d’avoir attendu que nous soyons à moins d’un an et demi de la prochaine présidentielle de 2018.

Ma conviction est qu’une conférence de ce type avant l’entame des négociations d’Alger aurait eu plus d’impact et nous aurait certainement évités de ramener d’Alger un diktat de la France, de l’Algérie… Mais ne dit-on pas que mieux vaut tard que jamais.

J’attends de cette conférence nationale que les choses soient dites ; qu’elle soit un grand moment de cohésion et de vérité. Qu’on nous explique pourquoi un accord sur lequel nous avons cédé sur tout au profit des groupes armés met du temps à être mis en application ?

Pourquoi le gouvernement est seul à tenir à cet accord comme à la prunelle de ses yeux alors même que les groupes armés sont passés outre et négocient entre eux sur notre dos ?

Pourquoi les chefs de guerre viennent se pavaner à Bamako alors que nos officiels ne sont pas les bienvenus dans la ville de Kidal ? Pourquoi tant de concessions à des groupes armés qui font semblant de négocier mais avec les armes à la main et qui ne cèdent sur rien ?

Le gouvernement malien et les groupes armés ont-ils la même lecture dudit accord ? Comment expliquer l’incapacité de notre armée à défendre le territoire national ? Que nous a alors apporté cet accord depuis sa signature?

Notre pays, le Mali va mal, et même très mal. Il est donc primordial que nous apprenions à nous connaitre nous-mêmes.

Ce pays n’a plus la notion de patrie chevillée au corps. Et, pire, je suis abasourdi par la paresse intellectuelle de nos élites et la misère morale de nos dirigeants. Depuis l’éviction de GMT (général Moussa Traoré qui régné sur le pays du 19 novembre 1968 au 26 mars 1991) nous avons eu le tort de croire la lutte finie et la victoire acquise. C’était oublier que les hommes s’en vont et le système reste.

Nous savions tous que l’accord issu du Processus d’Alger est inapplicable. Mais, les décideurs étrangers, plus particulièrement notre soi-disant sauveur (allusion à la France) en à décider ainsi (…) et nous avons capitulé.

Les quelques rares patriotes qui ont eu le courage de dénoncer cette capitulation ont été traînés dans la boue sans ménagement et même accusés d’apatrides par tout ce que le Mali compte de notabilités et de leaders religieux sur les ondes de la télévision d’État.

Pourtant nous savions tous que la France n’est pas chez nous pour nos beaux yeux et savions pertinemment que cette idée d’autorités intérimaires est une vaste plaisanterie qui ne fait qu’envenimer la gestion sereine de cette crise.

Hélas ! Les barons du Nord sont à l’image de nos dirigeants actuels. En effet, nous sommes en plein partage du gâteau au sud comme au nord à la seule différence que les autorités intérimaires auront plus de pouvoir que le président de la République élu au suffrage universel.

Je mets au défi le gouvernement de donner la possibilité d’expliquer clairement et honnêtement l’accord chapitre par chapitre dans nos langues maternelles sur l’ORTM.

Lors de cette conférence d’entente nationale qui s’annonce, il serait incompréhensible que “l’incendiaire” ne soit pas nommé, de même qu’il ne faille pas faire le constat que des composantes de la CMA ne soient que des pions entre les mains  de l’ex-colonisateur (MNLA) et d’Ançar Eddine d’Iyad Ag Ghali (HCUA).

Mais l’accord étant signé, c’est le branle-bas de combat au sein de ces groupes : être le plus docile pour avoir les faveurs de la France ! Cela passe forcément par leur poids politique dans les régions du Nord pour tirer profit des retombées de cette amitié française et du tribalisme qui génère une hiérarchie sociale incontestable.

Si nous voulons que quelque chose de grand sorte de cette conférence, nous devons dire à l’unisson : Non à la Famille d’Abord au sud et Non à la Tribu d’Abord au nord.

Fousseyni Camara

Syndicaliste en France

Source: Le Reflet

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