La sempiternelle crise malienne ne cesse de s’embourber dans les sables mouvants de notre grand désert. Malgré la signature en grandes pompes de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, fruit de plus de 24huit mois d’âpres négociations entre les groupes rebelles et le gouvernement, la mécanique du processus de normalisation se heurte à plusieurs défis. Des défis qui ont pour nom, entre autres, insécurité, méfiance entre le gouvernement et les groupes rebelles, rivalités entre les différentes factions et communautés nomades qui constituent les différents mouvements armés. Et si la solution de la crise malienne passait par l’arrivée à Koulouba d’un ressortissant du nord bon teint ? Le géopolitologue, Jean-Bernard PINATEL, l’a laissé entendre dans une de ses analyses publiée sur le site, www.geopolitique-geostrategie.fr, et donne pour preuve l’exemple tchadien.
Au Sahel, depuis l’aube des indépendances, de fortes oppositions ont toujours eu lieu entre un pouvoir sédentarisé, lettré, se situant au sud à des populations nomades qui profitèrent très peu de l’éducation occidentale. Ces populations conformément à leurs us guerriers et chevaleresques avaient néanmoins conservé la force militaire sur le terrain. Tel a été également le cas au Mali. La colonisation favorisa sur le plan éducationnel les peuples du sud qui héritèrent naturellement du pouvoir lors de l’indépendance, alors que les populations nomades, fortement imprégnées de valeurs guerrières, conservèrent leur mode de vie traditionnel, souvent féodal. Et depuis, elles refusèrent viscéralement d’être administré par d’autres que par elles-mêmes, surtout quand elles étaient noires. PINATEL note que toutes les crises ayant secoué un autre pays du Sahel, le Tchad, et où la France s’est impliquée ont été fondées sur les mêmes causes. Et ce pays ne dut son salut et sa stabilité qu’à l’accession au pouvoir de N’Djamena d’un chef militaire issu du nord, Idriss Débi Itno.
L’idée même de voir un ex-rebelle à Koulouba a de quoi faire rebondir plus d’un malien. D’autant plus que les rebelles qui prétendent agir pour le bien-être de leur population, avaient mis en péril l’existence même du Mali en prenant en otage les 2/3 de son territoire tout en s’alliant à des groupuscules terroristes armés. Ils jouissent, à très bon titre, d’une mauvaise presse auprès de l’opinion publique malienne. Par contre, l’idée de voir un nordiste président de la République du Mali, parfaitement « malien », peu importe qu’il soit arabe, sonrai, tamacheq ou autre, pourrait séduire. N’oublions pas que bon nombre de cadres maliens sont issus de notre grand nord dans toute sa diversité ethnique.
Certes, comparaison n’est pas raison. Et si, un ex-rebelle avait des ambitions présidentielles, cela se saurait. Mais, la rébellion cherche plutôt la partition du pays qu’à s’emparer du pouvoir.
Le Mali aura toujours essayé de faire revenir dans son giron ses brebis égarées avec des résultats toujours mitigés. D’autres reviennent, mais beaucoup qui avaient déserté les rangs ne reviennent plus et se mus en de véritables ennemis contre la République. Eux qui, hier, avaient la bouche dans le beurre et qui n’ont pas voulu le faire profiter à leurs frères et sœurs qui galéraient et qui galèrent toujours.
Cependant, qui sait, d’où peut bien venir la solution providentielle à la crise malienne? Mais en attendant, les maliens, de Kayes à Kidal, peuvent toujours s’accrocher à cette fibrequi fit que nous fûmes alors que beaucoup n’étaient pas. Il s’agit du ciment de la Nation malienne en elle-même, fruit d’un brassage multiculturel depuis des temps immémoriaux. Le Malien d’aujourd’hui, est tantôt noir aux traits négroïdes, tantôt métis aux cheveux lisses et aux traits fins, tantôt blanc, avec des yeux couleur marron cachés derrière un turban bleu. La Nation malienne est le premier rempart contre toute velléité sécessionniste.
Ahmed M. Thiam
Source: Inf@Sept