Après l’expérimentation du budget blanc 2017, le Mali basculera définitivement, en 2018, en « budget-programme », un mode de gestion axé sur les résultats. La bonne exécution de cette reforme communautaire nécessite l’implication et l’imprégnation de l’ensemble des acteurs de la chaine de dépenses et de la société civile.
C’est dans cette optique que la direction générale du budget a initié un « atelier national de concertation » marquant le lancement du processus budgétaire 2018. Le ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Boubou Cissé, a présidé, hier, l’ouverture de cette rencontre de deux jours. C’était à l’hôtel Azalaï Salam, en présence du directeur général du budget, Sidiki Traoré et de l’ensemble des acteurs de la chaine de dépenses.
Cet atelier, devenu une tradition, est un cadre annuel de concertation entre les différents acteurs du processus budgétaire. Il vise l’échange, la concertation entre les acteurs chargés de la réalisation de l’action publique, de la gestion budgétaire et les partenaires au développement. Il est destiné, chemin faisant, à renforçer le caractère participatif du processus de préparation du budget d’Etat.
Son lancement, cette année, « intervient dans un contexte de stabilité macroéconomique », a apprécié Dr. Cissé, à l’entame de son propos. « Evalué à 5,4% en 2016 et 5,3% attendu en 2017, le taux de croissance du PIB continuera à être robuste et restera supérieur à son niveau structurel et tendanciel de l’économie de 5% », a-t-il annoncé. Grâce, selon le patron de l’Hôtel des finances, à l’élan du secteur agricole et des politiques économiques en faveur de l’investissement. « L’inflation restera contenue à 1% en 2017, contre 0,5% en 2016. Le déficit des dépenses s’est amélioré et se poursuivra en 2017, en mettant l’accent sur la mobilisation des ressources intérieures et l’amélioration de la qualité des dépenses », a promis M. Cissé.
Cette stabilité macroéconomique doit être consolidée et renforcée à travers un budget qui améliore la qualité des dépenses en utilisant efficacement les ressources limitées, en vue de créer l’espace budgétaire nécessaire aux dépenses porteuses de croissances, a commenté le ministre de l’Economie. Qui a estimé que « l’introduction de la culture de la gestion axée sur les résultats facilitera l’atteinte de cet objectif ».
« La direction générale du budget prépare, depuis plusieurs années, le passage en mode budget programme », a rappelé, dans son mot de bienvenu, le directeur général du budget. Sidiki Traoré a, comme actions menées dans ce cadre, cité : la transcription des directives dans la législation nationale, l’élaboration des manuels, des guides, l’adaptation des systèmes d’information…
PASSAGE EN MODE PROGRAMME –
Malgré ces avancées enregistrées, la reforme est loin d’être bouclée. Et pour relever ce défit, M. Traoré a invité les acteurs à redoubler d’effort. Car, l’année 2017 est, selon lui, une année charnière dans l’application de cette reforme. Elle verra, selon lui, la préparation du premier budget complet en mode programme. Avant d’être soumis au vote de l’Assemblée nationale. D’où la nécessité, pour lui, d’accentuer les efforts sur la compréhension du nouveau cadre d’exécution du budget en mode programme.
Plusieurs formations sont prévues dans ce cadre à l’endroit des acteurs : gouvernement, Parlement, contrôle, comptabilité, responsables de programmes, les directeurs des finances et du matériel (DFM), les gestionnaires et la société civile, a ajouté Sidiki Traoré. En vue, selon lui, d’une compréhension claire de leurs rôles dans le changement qu’induira le « budget-programme ». Les DFM, qui seront le prolongement de la direction générale du budget auprès des responsables de programmes, assureront, par exemple, la transition afin de permettre aux responsables de programmes d’assurer leur rôle d’ordonnateur.
« La formation des cadres de l’administration à la maîtrise des outils nouveaux est primordiale pour la réussite de cette reforme, a dit la secrétaire générale du Conseil national de la société civile », Mme Barry Aminata Touré. Interrogée juste après l’ouverture des travaux auxquels elle participe, Aminata Touré a salué l’attention accordée par le ministre au transfert des ressources financières aux collectivités territoriales.
Car, « c’est au niveau de la base que la pauvreté est très accentuée », a-t-elle soutenu. Avant de plaider en faveur du renforcement des capacités des Organisations de la société civile (OSC), la sensibilisation et l’information des communautés.
Abondant dans le même sens, le président de la Commission des finances, de l’économie, du plan et de la promotion du secteur privé, à l’Assemblée nationale, Abdine Koumaré, a jugé cet atelier opportun. Pour lui, la gestion axée sur les résultats suppose un suivi régulier de la gestion de l’argent public. Parlant de la formation, il a lancé : « Personne n’est suffisamment préparé.
La maîtrise de l’outil doit précéder les activités de contrôle des députés ». L’honorable député Koumaré a, dans ce cadre, salué l’initiative de la direction générale du budget qui envisage l’organisation d’un atelier dédié au renforcement des capacités des députés membres de la commission des finances et de tout autre député qui le souhaite.
En attendant la tenue prochaine de ces séances de renforcement de capacités, le ministre Cissé a invité à compléter les actions urgentes sur lesquelles doivent être concentrées les énergies. Il a cité : la conduite des arbitrages budgétaires en mode programme, la poursuite de la désignation des responsables de programme, l’interface de la base des données de l’exécution du budget en dépenses, l’amélioration du contrôle a priori, en préservant la qualité de l’exécution du budget, l’assurance de la jonction entre la réforme administrative et la reforme financière.
Concernant les engagements pris par le gouvernement, le ministre Boubou Cissé a précisé que le budget 2018 poursuivra la mise en œuvre d’un ensemble de mesures visant à soutenir l’exécution des Lois d’orientation et de programmation militaire, et de programmation de la sécurité (en cours de préparation), de l’Accord pour la paix et la réconciliation et du Cadre stratégique pour la relance économique et développement durable (CREDD 2016-2018).
C. M. TRAORé
Source: Essor