Les nouvelles directives du département de la Sécurité nationale sur les expulsions de clandestins sont génératrices d’angoisse dans les communautés étrangères des Etats-Unis. Dans un pays où les contrôles d’identité inopinés ne sont pas du tout dans les habitudes, certains migrants sans papiers sont installés depuis des années. Ceux qui n’ont jamais eu affaire à la justice avaient fini par ne plus penser à une éventuelle expulsion. C’est le cas de nombre d’entre eux dans les communautés africaines.
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Les ambassades africaines aux Etats-Unis n’ont pas été prévenues avant le public. Les diplomates ont découvert les nouvelles directives sur le site du département de la Sécurité nationale. Les voilà sollicités par leurs ressortissants inquiets de cette perspective d’expulsion de masse.
Ce qui fait peur, c’est le contrôle inopiné… Quels sont les droits des sans-papiers, quel avocat contacter et dans le cas extrême – l’expulsion – comment régler ses affaires ?
Un diplomate guinéen l’explique : certains migrants illégaux sont aux Etats- Unis depuis 20 ans. Ils ont bâti une vie, et le rêve américain peut se terminer en cauchemar. Un recensement est en cours, pour avoir une notion précise du nombre de Guinéens sur le sol américain.
Comportement impeccable
Le consul du Sénégal demande à ses compatriotes d’être irréprochables. « Nos compatriotes, ceux qui sont en situation irrégulière et qui ont des papiers, et ceux qui sont sans papiers, de la même manière, on leur suggère fortement de continuer à avoir une attitude irréprochable pour éviter d’être exposés ou confrontés à des décisions pareilles suite à une arrestation, altercation, une rencontre avec la police ou la sécurité intérieure », explique El Hadji Amadou Ndao.
Et pour les Maliens le problème est le même ; la crainte du contrôle et de l’expulsion affole les sans-papiers, et même ceux qui sont en possession d’un titre de séjour. La communauté malienne est bien organisée à travers les Etats-Unis, le dialogue est permanent et les diplomates tentent de rassurer leurs ressortissants.
Ils tentent aussi de discuter avec un département d’Etat qui s’installe, comme l’explique Tièna Coulibaly, ambassadeur du Mali aux Etats-Unis. « C’est ce langage que nous tenons, aussi bien avec le département d’Etat en leur demandant d’avoir plus de tolérance à l’endroit de tous ceux qui sont ici et dont la seule faute est de ne pas avoir de document de séjour, et aux Maliens, nous disons que personne ne doit se rendre coupable de crimes… »
Application stricte de la loi
Les directives du département de la Sécurité nationale sont simples : l’application de la loi à la lettre. Tout migrant illégal est susceptible d’être reconduit à la frontière, c’est la règle, même pour ceux qui n’ont commis aucun délit, et quel que soit le temps de résidence.
« Avant, c’était les cas de crimes qui étaient priorisés, explique le consul du Sénégal. Maintenant, ce qui est annoncé par la nouvelle administration, c’est qu’il n’y aura plus de priorité. Tous ceux qui seront pris en situation irrégulière seront traités de la même manière. Avant, le fait d’être en situation irrégulière n’était pas à l’origine de troubles avec la justice. Avec l’application de ces décisions de justice, ça va devenir plus compliqué. »
La prudence est donc de mise. Mais comme le fait remarquer Tièna Coulibaly, il faut bien vivre et sortir de chez soi pour aller travailler. L’ambassadeur du Mali espère que l’administration Trump reviendra à une politique plus clémente.
Si le décret Trump sur l’immigration n’avait pas été bloqué en justice, la Maison Blanche avait le projet d’ajouter cinq pays à la première liste : cinq pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Source: RFI