Lors de la campagne présidentielle de 2013, le candidat du Rpm, Ibrahim Boubacar Keïta, promettait un Mali nouveau. Ce dans tous les secteurs : sécurité, éducation, habitat, santé… Des promesses à la limite irréalistes et irréalisables, mais auxquelles bon nombre de Maliens on cru. Il est ainsi élu avec 77% des voix au second tour. Près de quatre ans après, ce plébiscite semble tourné au cauchemar. Aujourd’hui, la déception est le sentiment le plus partagé au sein de l’opinion nationale. Où sont donc passés les engagements d’IBK?
Rien qu’avec son slogan «Pour l’honneur du Mali, Pour le bonheur des Maliens », IBK a su mener une bonne partie de l’électorat malien en bateau. Certains étaient prêts à payer de leur vie l’élection du candidat du Rpm, Ibrahim Boubacar Keïta. « Pour l’honneur du Mali, je ramènerai la paix et la sécurité. Pour l’honneur du Mali, je veux construire une République exemplaire. Je rétablirai l’autorité de l’Etat. Je lutterai férocement contre la corruption. Je ferai émerger une société nouvelle fondée sur la justice et l’égalité des chances. Je créerai les conditions du vrai décollage économique du Mali », clamait-il à tout vent. Ce discours invariable sera servi aux Maliens, tout au long de sa campagne en 2013. Et, il (discours) était parfois soutenu par des larmes de crocodile qu’il versait lors de différents meetings, juste pour convaincre les concitoyens de sa bonne foi ( ?).
Moins d’une année avant la fin de quinquennat, la réalité crève les yeux. Où sont la paix et la sécurité promises. Elles sont loin d’être concrétisées, l’insécurité ayant atteint son paroxysme, sous celui-là même qui jurait d’apporter une solution définitive aux problèmes du nord, réconcilier les Maliens et rétablir durablement la paix et la souveraineté. A l’époque, expliquait-il, « le Mali a démantelé son système de défense avec pour conséquence le délaissement progressif d’une partie du territoire. Et que la zone nord a été depuis plusieurs années administrée par les réseaux de trafiquants, notamment narcotrafiquants… Notre souveraineté dépendra de notre capacité à apporter une solution définitive aux problèmes du Nord, à anticiper nos besoins futurs nécessaires à notre souveraineté durable mais également à prévenir d’éventuelles nouvelles sources d’instabilité pouvant venir d’ailleurs ». Aussi, il s’était engagé à convoquer des assises nationales du nord ; mettre les bases d’une justice traditionnelle post conflit; créer un institut de la prévention des crises et des conflits ; mettre en place une commission « Après MINUSMA » pour que le Mali puisse réfléchir et prendre des mesures afin de bien gérer le transfert des responsabilités de la Minusma aux autorités Maliennes lors de son départ. Où en est-on avec ces réformes ?
De même, le président IBK avait promis la refondation du dispositif de défense et de sécurité du Mali. Selon lui, la crise malienne du Nord a mis en évidence l’incapacité de notre armée à assurer sa mission ; assurer la protection du territoire, de la population et des intérêts maliens. « Une réforme s’impose pour que notre armée puisse connaitre et anticiper, prévenir, dissuader, protéger, et intervenir. Les problèmes de nos forces de défense et de sécurité sont sans doute liés à des problèmes de moyens, à une mauvaise utilisation des ressources disponibles mais également à une absence d’autorité ». IBK devait donc doter nos forces de défense et de sécurité des moyens humains, technologiques et matériels nécessaire à leur mission ; reformer la gestion des ressources humaines dans l’armée ; créer les conditions pour mieux utiliser les ressources financières des forces de défense et de sécurité ; améliorer les conditions de vie des troupes.
Des mesures finalement rangées dans aux oubliettes. Le peuple a vite découvert un régime corrompu avec des scandales à gogo, des voyages princiers à l’étranger, une armée affaiblie et moins équipée, une méthode de gouvernance qui met la famille et les affidés au centre de la gestion des affaires publiques, une insécurité grandissante et l’éloignement de tout espoir de paix.
Une loi de programmation militaire a certes été votée par l’Assemblée nationale. Cela ne saurait cacher l’état, encore dérisoire, dans lequel se trouvent les forces armées maliennes et de sécurité. Une situation qui va de mal en pis, avec à la clé des scandales dont les plus retentissants restent l’affaire de l’achat des équipements militaires. Conséquence : IBK a consacré deux ans de son mandat à courir derrière les rebelles pour arracher un accord qui consacre la partition du pays. Ceci est l’œuvre du candidat à la présidentielle de juillet 2013 qui avait fait la promesse de mater la rébellion, de renforcer les capacités de l’armée malienne et de rétablir «l’honneur du Mali ». En vérité, le président de la République n’avait aucune idée pour juguler le problème du septentrion malien. Les tâtonnements qui conduisent aux situations dramatiques, sont bien la preuve qu’il n’y a pas de projet.
Où est la lutte contre la corruption tant chantée ? A la place, il est servi aux Maliens une mauvaise gouvernance inédite qui cause de préjudices incommensurables au trésor public. Et l’égalité des chances ? Un vain slogan. IBK a fait émerger sa famille, son clan et son cercle d’amis.
Pendant ce temps, le peuple trime. Le malien lambda cherche à joindre les deux bouts. « On nous a promis le ciel, nous sommes tombés dans un gouffre profond. On nous a promis l’honneur et la dignité, pour nous servir l’humiliation et la honte. On nous a promis le paradis et nous voici aux portes de l’enfer». Ces mots de la présidente du mouvement des femmes du Parena, lors de la rentrée politique du parti le 20 février 2016, illustrent à suffisance le grand fossé qu’il y a entre les promesses d’IBK et la situation actuelle du pays.
En quatre ans, le président de la République n’a posé aucun acte susceptible d’améliorer les conditions de vie des Maliens, aucune action véritable de développement. La faute est à situer dans sa mauvaise gouvernance, corollaire d’une gestion criblée de scandales financiers qui asphyxient l’économie.
Que dire de l’image du pays ? Définitivement ternie par des affaires toutes rocambolesques. Pourtant, IBK jurait de faire en sorte que le Mali retrouver son image d’antan sur la scène internationale.
Un bilan catastrophique
Parmi ses mesures dites prioritaires, il y avait également l’accès au logement. « La première aspiration de chaque malien, sa première ambition, est de construire une maison, afin d’y loger sa famille et de la soustraire à l’incertitude de la location », disait-il. Et de poursuivre, « plusieurs logements sociaux ont été construits au Mali mais notre politique du logement social connait de nombreuses insuffisances: attribution inéquitable des habitations construites ; insuffisance de l’offre de logements sociaux faute d’une structuration viable
et efficace de la filière “construction” dans un environnement marqué par l’accroissement de la demande solvable ; exclusion des catégories sociales à bas revenus du fait du modèle de logement mis sur le marché… Nous sommes au défi d’apporter à ces problèmes majeurs des solutions efficaces et justes ». Des subterfuges jutent pour convaincre l’électorat qui ne tarda pas à comprendre qu’il a bluffé. La preuve a été établie avec l’attribution des 1552 logements de Tabacoro. On aura vu toutes les formes de violation, de torpillage des textes, de tripatouillage de résultats et de copinage dans l’attribution desdits logements. Les bénéficiaires sont militants ou sympathisants de l’Adema, du Rpm ou de la majorité présidentielle. Ils ont un lien avec un président ou un membre des institutions de la République. Ils sont une connaissance du ministre Dramane Dembélé. Rares, et même très rares sont les Maliens lambda qui ont pu avoir ces logements.
Dans ses discours de campagne, le président IBK avait également marqué beaucoup de points auprès des Maliens en s’intéressant à l’école. À l’époque, on aurait cru qu’une fois à la tête du Mali que tous les problèmes seraient résolus en la matière.
« Depuis 15 ans, la société malienne regarde, sans réagir, son école s’effondrer, prise en otage par les corporatismes et rongée par une corruption morale et une violence croissantes. L’école malienne traverse une crise majeure, qui deviendra demain une crise sociale profonde si rien n’est fait pour y mettre fin » avait-il dit.
Le Président IBK avait alors promis de nombreuses réformes. Quant au bilan, il est on ne peut plus catastrophique, tant la situation de l’école malienne s’est dégradée.
IBD
Source: L’Aube