Arrivé sur l’arène politique comme un ovni (objet volant non identifié) à la faveur des élections législatives de 2013, le député de la commune II non moins fils du président de la République a tissé un réseau sur lequel il pourra s’appuyer pour arriver à ses fins : celles de se voir un jour à Koulouba.
L’année 2013 a été une véritable consécration dans la famille Keïta. Le patriarche, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’homme qui incarnait tous les espoirs pour restaurer l’honneur et la dignité de l’homme malien, a bénéficié de la confiance des Maliens qui l’ont élu avec 77,66% des suffrages exprimés, un score qui frôlait le plébiscite. Quatre (04) mois plus tard, son fils se jette dans le marigot politique bamakois. Karim Keïta, puisqu’il s’agit de lui, est élu député de la commune II, considérée comme le poumon économique de la capitale malienne, car regroupant l’essentiel du commerce dans la capitale Bamako.
Une fois ce cap franchi, la moutarde lui est montée par le nez. Le fils du président, qui ne compte pas jouer les seconds rôles sur l’échiquier politique national et animé certainement de la volonté de succéder un jour à son père, se fait élire président de la commission Défense de l’Assemblée nationale (AN), malgré d’autres compétences (anciens officiers de l’armée malienne élus députés) dont le profil correspondait mieux à ce poste que celui du fils du président de la République.
Cette commission, pour un pays comme le nôtre qui vient de sortir de la crise, est devenue le fer de lance de la réforme de notre système de défense et de sécurité. Elle lui sert aussi d’occuper les médias surtout chaque fois qu’il est question des forces de défense et de sécurité maliennes. Une façon de garder un contact avec le peuple. Il reste à savoir s’il va récolter les dividendes de cette campagne médiatique déguisée au moment opportun.
La présidence de la commission Défense de l’Assemblée nationale (AN) a déjà permis à Karim Keïta d’intégrer le cercle très fermé de la Grande Muette, même s’il avait déjà un pied. Il doit cette intrusion grâce à la junte militaire de 2012, qui a renversé le président ATT, en mars 2012, à deux (02) mois de la fin de son mandat constitutionnel, lorsque celle ci a décidé de soutenir la candidature de son père (IBK) à la présidentielle de 2013. Ses interlocuteurs deviennent les ministres- militaires, représentants la junte dans le gouvernement de transition.
Ceux-ci, on se souvient, occupaient des départements stratégiques. En tandem, ils ont d’abord mobilisé l’argent, le nerf de la guerre, ensuite, il fallait mener une campagne de séduction auprès des hommes en tenue pour la victoire de son père (IBK) à la présidentielle de 2013.
Après ce premier réseau, qui à lui seul ne peut gagner une élection dans un système démocratique, le député de la commune II tisse allègrement et sans tapage sa toile pour se faire un trésor de guerre. Karim Keïta se tourne vers le monde économique. Il a choisi le secteur des hydrocarbures. Actionnaire dans une société d’hydrocarbure de la place, il est parvenu à faire tomber dans sa besace le marché de carburant de tous les ministères trente deux (32), les institutions de la République, les sociétés minières appartenant aux multinationales qui pillent notre sous- sol (or). A cela, s’ajoute le transport dans lequel il évoluait avant que son père n’accède au pouvoir.
Sa société de location de voitures serait prisée par nombre de gens non pas qu’elle offre un service de qualité mais qu’elle appartient au fils du président. Elle est sollicitée lors des grandes rencontres internationales organisées par notre pays. Les mauvaises langues vont jusqu’à dire que la société de Karim Keïta loue ses voitures à l’Etat.
Autre secteur dans lequel il est présent, c’est celui des alimentations. Celles-ci constituent une manne financière compte tenu de la demande forte de la nouvelle classe moyenne bourgeoise de Bamako à s’approvisionner en produits pourris venant de l’Europe. Il n’est pas étranger à la prolifération des alimentations qui poussent comme des champignons dans la capitale malienne.
L’administration malienne n’est pas restée en marge. Il est parvenu à placer ses hommes à la tête des services financiers pourvoyeurs de sous, dans la hiérarchie militaire et sécuritaire.
D’autres cadres, nommés ambassadeurs, conseillers diplomatiques, chargés de mission, lui doivent beaucoup pour avoir servi d’échelle à leur promotion. En retour, ils sont tous appelés à alimenter la caisse du bienfaiteur.
Pour couronner le tout, le député Karim Keïta s’est lancé dans l’humanitaire pour soigner son image auprès des électeurs. Il a doté, il y a quelques années, l’école de la République en fournitures scolaires. Les cahiers étaient frappés de son buste. Il ya deux (02) semaines, il a doté le Carrefour des jeunes d’un château dans le but de fournir de l’eau aux déguerpis de MALITELDA. Il a creusé des forages dans les communes II et de Dialakorodji.
Aujourd’hui, le député de la commune II, dans sa conquête de Koulouba, serait assis sur un trésor de guerre qui lui permettra de happer les électeurs pour sa marche vers Koulouba et d’ouvrir beaucoup de portes. Même s’il dispose de moyens financiers colossaux pour mener une campagne à l’américaine, tout n’est pas encore gagné.
Le fils du président IBK doit savoir que la conquête de Koulouba repose aussi sur un parti politique et une formation idéologique.
Malheureusement, il n’a pas encore en mains ces deux atouts pour damer le pion à ses éventuels concurrents dont certains sont rompus à la bataille électorale. Mais avec l’argent issu de ces placements, il peut tout acheter dans ce pays où les gens ont fait de leur religion la recherche de l’argent facile.
Yoro SOW
Source: Inter De Bamako