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Abdel Kader Maïga secrétaire général de l’association Gao Lama ! « Nous refusons que la majorité des populations du Nord soit sous la domination des groupes armés ».

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Dans l’entretien qui suit, Abdel Kader Maïga, secrétaire général de l’Association Gao Lama, donne son point de vue sur les récents événements qui ont secoué le pays, la mise en place des autorités intérimaires, le Mécanisme opérationnel de coordination, la conférence d’entente nationale… selon lui, son association s’oppose catégoriquement à la mise en place des autorités intérimaires. Interview !

Parlez nous de Gao Lama ?

L’Association Gao Lama Borey est fondée sur l’idée du développement des régions du nord, de la défense des intérêts des ressortissants,  de l’union,  de la  solidarité et de l’entre aide entre les membres.

Elle place ses actions dans le cadre du développement de toutes les régions du Nord du Mali, ses cercles et communes, conformément aux dispositions de la loi N°04-038/ 04 AN RM du 05 Août 2004 relative aux associations en République du Mali.

Elle est aujourd’hui représentée dans plus de 15 pays et dirigée par un bureau international.

À son actif, déjà plusieurs dons parmi lesquels un forage d’eau potable à Gao et des vivres pour les populations. L’association a soutenu plusieurs activités de la société civile à Tombouctou et Gao.

Quelle est votre position sur la question des autorités intérimaires ?

L’une des dispositions les plus contestées de l’Accord d’Alger  entre le gouvernement malien et les groupes armés (CMA-Plateforme) à savoir l’installation “d’Autorités intérimaires” dans les régions du Nord y compris dans une partie de la région de Mopti est en cours de réalisation avec l’aval du gouvernement, la complicité de la Plateforme et de la médiation internationale. Ainsi la Présidence de la région de Gao est attribuée à la Plateforme et celle de Tombouctou à la CMA, un conglomérat de malfrats. Quid des régions de Kidal, Taoudéni et Ménaka? Selon toute vraisemblance elles seront attribuées à la CMA et ses acolytes.

Pour la énième fois, nous nous interrogeons sur le bien-fondé d’un tel accord concocté par la médiation internationale au profit des éléments de la CMA consacrant de fait la partition du pays. Nous nous demandons pour la énième fois comment un gouvernement légalement constitué peut-il honteusement céder des pans entiers de son territoire à des groupes armés ? Pourquoi la conférence d’Entente nationale qui était sensée être primordiale pour la mise en œuvre de l’accord n’a pas encore vu le jour ? Pourquoi le Mécanisme opérationnel de coordination et les patrouilles mixtes ne commencent pas par Kidal qui renferme dangereusement tous les ennemis armés du Mali ? Pourquoi mettre des autorités intérimaires à Gao et Tombouctou à deux mois des élections régionales ? Pourquoi autant de mépris pour les populations noires qui représentent plus de quatre- vingt dix pour cent des régions de Gao et Tombouctou pourtant dédiées à la cause du Mali ?

Ainsi que nous l’avons déjà dit dans nos différents communiqués et prises de position sur l’accord d’Alger, nous continuons donc à le rejeter en bloc car il soumet la vaste majorité des populations du Nord sous la domination des groupes armés dits de “l’Azawad”, un pays chimérique qui ne figure dans aucun livre d’histoire et de géographie. Nous rappelons aux groupes armés de la CMA et leurs complices de la médiation internationale qu’aucune arme si puissante soit-elle, n’a réussi à travestir les faits historiques. “L’Azawad” ne saurait donc ni effacer ni remplacer les régions du Nord du MALI.

Comme nous l’avons toujours dit, nous sommes déterminés à nous battre jusqu’à notre dernière goutte de sang pour conserver notre héritage culturel et historique. En témoigne notre manifestation du 12 juillet 2016 sauvagement réprimée dans le sang par le gouvernement. Nous n’accepterons aucune servitude. Nous refusons d’être administrés par la CMA et la Plateforme car elles n’ont aucune légitimité historique et géographique pour le faire. Seules des autorités issues du suffrage universel sont habilitées à le faire. Nous ne nous soumettrons donc à aucune Autorité qui n’est pas l’émanation du suffrage universel dans les régions du Nord, à Gao notamment. Est-il compliqué de démasquer le jeu malsain, apatride et mercantiliste de la Plateforme ?

Vous avez récemment rencontré le Médiateur de la République. De quoi avez – vous parlé ?

Avec le Médiateur, nous avons parlé des causes profondes de cette crise récurrente qui engouffre le Mali depuis 1963. Nous lui avons donné notre vision à propos des solutions envisageables pour apaiser les populations du Mali en général, et celles du Nord du Mali en particulier. Cette rencontre a été l’occasion pour nous d’apporter nos analyses sur le projet de termes De Références (TDR) déjà initié par la commission préparatoire de la conférence d’entente nationale prévue en mars 2017.

Nous avons également discuté de la participation de l’association Gao Lama à cette conférence.

Pour marquer notre passage chez le Médiateur, nous lui avons remis un mémorandum afin d’enrichir les TDR et ainsi apporter notre contribution à cette entente nationale.

En somme, nous avons rencontré un homme dévoué à la tache et épris de paix.

La conférence d’entente nationale peut-elle sauver le bateau Mali ?

Notre réponse est affirmative. Cependant, il y a des préalables qui doivent être réglés. La conférence doit être inclusive et les questions de justice et d’équité sont primordiales pour asseoir une confiance et une satisfaction morale. La transparence dans la conduite des assises et la sincérité des participants sont les gages pour réussir la conférence d’entente nationale.

En fin que la vérité soit dite, rien que la vérité pour que le peuple malien soit réconcilié avec lui même.

Quel est votre message au gouvernement du Mali et à la  communauté internationale ?

Nous rappelons au Président IBK, au Gouvernement et à l’Assemblée Nationale  que nulle part ailleurs la paix n’a été obtenue dans le renoncement de soi et l’aplatissement inconditionnel devant l’ennemi. La CMA est et reste aujourd’hui l’un des principaux ennemis de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays. Nous avons eu l’occasion de le démontrer dans nos différents communiqués et prises de position au cours de ces derniers mois. Vous êtes élu par le Peuple malien et non par la communauté internationale, les bandits armés et les “narcoterroristes“.

Des décrets relatifs à l’accord d’Alger issu du processus de paix ont été manifestement mis en désuétude, toute chose qui a purement et simplement conforté la méfiance des populations conscientes des effets pervers de l’Accord d’Alger. Pourquoi se précipiter sur la création de deux nouvelles régions ?  L’explication est toute simple : pour que la frange de moins de 10% d’arabo-touaregs de la population du nord du Mali soit surreprésentée à l’assemblée nationale, il n’y a pas deux solutions. Il faut créer ou inventer de nouvelles régions. Pourquoi ne pas créer la région d’Ansongo  et de Bourem ? Ou celle de Douentza qui figurait déjà dans la loi N°2012-017 du 02 mars 2012 puisque toutes ces nouvelles régions créées sont au nord du Mali. Quelle est la pertinence de ces régions par rapport à la paix tant recherchée ? La loi N° 2016-013 du 10 mai 2016 instituant les autorités intérimaires a pourtant été pernicieusement abandonnée au profit d‘une simple entente signée entre parties signataires dans l’opacité la plus totale. Ce qui prouve que les autorités intérimaires étaient justement une initiative pour contrôler plus de territoires au nord du Mali et aussi de partage du gâteau. Une preuve de plus de l’amateurisme voire l’irresponsabilité du gouvernement malien.

Nous portons à la connaissance de l’opinion nationale et internationale que l’accord a été tout sauf inclusif. Les communautés et leur représentants légitimes (élus locaux, députés, etc) n’ont tout simplement pas été associés  au processus. La composition du CSA le prouve à suffisance. Les parties signataires sont juges et parties. La conférence d’entente nationale n’est plus devenue une priorité ni pour les mouvements armés, ni pour le gouvernement encore moins pour la communauté internationale alors qu’elle est inscrite en priorité parmi les mesures destinées à instaurer la paix et la réconciliation nationale.

L’article 60 a été violé par la CMA en complicité avec la MINUSMA, Serval et plus tard Barkhane suite à leur refus d’installer l’armée malienne à Kidal y compris les services sociaux de base à la demande de leurs protégés de la CMA. Elle est restée cantonnée à la périphérie de Kidal. Heureusement que toutes leurs tentatives pour ternir son image auprès des populations ont échoué.  Elles continuent à faire confiance en leur armée. Où étaient toutes ces forces étrangères le jour de la débâcle des bérets rouges à Kidal suite à la visite de Moussa Mara ? Rappelons simplement qu’elles se sont interposées entre la CMA et le GATIA. Deux poids deux mesures.

L’accord est confus, surchargé et ne laisse pas suffisamment de temps pour la mise en œuvre des engagements. Les querelles survenues à la mise en place du CSA sont l’émanation du caractère sectaire voire raciste de certains groupes armés signataires. D’où une très grande méfiance qui perdure à présent.

Nous avons

Et si les autorités intérimaires s’installent. Quelle sera la marge de manœuvre de Gao Lama ? 

Nous espérons pour le bonheur de tous que cela ne se produirait pas. Le gouvernement malien et la communauté internationale doivent tirer tous les enseignements des déclarations et résolutions des régions de Tombouctou et Gao.

Dans le cas échéant, ils seront tenus pour responsable des conséquences de leurs entêtements.

Votre mot de la fin ?

Nous lançons un appel solennel à toutes les maliennes et tous les maliens pour un dernier et éternel sursaut d’orgueil national. Cette crise n’est pas celle du Nord du Mali seulement. Nous sommes confrontés à une crise existentielle du Mali. L’âme de notre chère Patrie est en danger.

Mettons à terre nos égos surdimensionnés et nos intérêts personnels, partisans, ethniques ou communautaires.

Entretien réalisé par Abdoul Latif

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