Quelle appréciation faites-vous du congrès extraordinaire du 18 février 2017 ?
Il y a lieu de parler de tout sauf de congrès. Les organisateurs eux-mêmes ont vite compris que les magistrats ne sont prêts à suivre des plaisantins. Le SAM est un grand syndicat aux ambitions nobles. En prenant ses commandes en 2015, j’ai accepté de prendre un lourd héritage. Sans aller à l’encontre des principes, je ne laisserai ce patrimoine de tous les magistrats, ni entre des mains trop faibles pour le diriger ou porter nos espoirs, ni à des opportunistes prêts à marcher sur nos statuts et règlements pour arriver à leurs fins. 20 frondeurs coalisés qui n’ont pu regrouper qu’à peine 80 militants, pour l’essentiel non détenteurs de cartes de membres du SAM, sur 425 ! Loin de leur donner de crédit ou de poids qu’ils prétendent avoir, nous devons plutôt tirer le bilan d’un groupe d’agités ou de marginaux qui ne représentent absolument rien dans la magistrature. Une raison suffisante pour justifier tous ces qualificatifs de «congrès de la honte», «d’un non évènement» ou même de «coup d’épée dans l’eau», et tant d’autres encore.
Avec un tel score déshonorant pour les pagailleurs aux sales intentions, la sagesse et l’humilité commanderaient le silence. Au lieu d’en tirer les conséquences juridiques de cet échec cuisant qui signifie un désaveu total, Nanacassé, toujours sous l’emprise de cette envie malsaine de devenir président du SAM, a encore l’obsession maladive de s’agripper désespérément à la présidence du SAM, sur la base de ce prétendu congrès extraordinaire. Au-delà de toutes les violations des statuts et règlements, il sait au moins, qu’aucune délibération du SAM n’a jusqu’ici été faite par vote à main levée, à l’occasion d’un congrès, qu’il soit ordinaire ou extraordinaire. Encore une fois, il convient de rappeler qu’un congrès est obligatoirement convoqué par le seul président du comité directeur et que seuls ont voix délibérative les membres qui sont en règle de leurs cotisations ; que par ailleurs, un congrès ordinaire est différent d’un congrès extraordinaire. Si le premier ne fixe pas de nombre de militants pour sa convocation, le second exige la demande des 2/3 des membres pour être valablement convoqué par le président. Si Nanacassé avait fait un seul jour de stage ou la moindre formation de magistrat, il aurait compris que le juge, c’est avant tout le respect de la loi. La légalité n’a jamais été le souci de ce personnage qui pense qu’on peut accéder à tout par des moyens déloyaux. Par ailleurs, il ne se serait pas, à son grade et à son âge, livré à une agression physique sur le jeune Dramane Diarra s’il avait la moindre notion du serment de magistrat.
Est-ce à dire que vous êtes toujours le président du Syndicat autonome de la magistrature ?
J’ai été démocratiquement élu par un congrès ordinaire statutaire et j’ai aujourd’hui avec moi, l’écrasante majorité des magistrats, cette force tranquille, mature et responsable. Les têtes des frondeurs qui ne sont autres que des individus non méritants aux appétits démesurés, savent bien qu’en allant à un congrès digne de ce nom, ils seraient des perdants. Raison pour laquelle toute cette campagne d’intoxication dénuée de toute vérité qui a conduit à la cacophonie, au cafouillage, à l’anarchie et au désordre. Le défi à relever rapidement c’est de mettre fin à cet état de fait. Sans me détourner de la poursuite de l’exécution des points de revendication en suspens, et sans céder à la provocation, je sais qu’il me faut de la stratégie et de la patience. La magistrature reste et restera une famille. Quelques années suffisent aux magistrats de bien se connaître entre eux ; bientôt les plus jeunes dont certains restent encore sous l’influence de reflexes ou d’instincts estudiantins, sauront se faire des religions plus éclairées, en vue d’une meilleure intégration dans le corps, dont la force se fonde autour de valeurs telles : le respect de la parole donnée, des engagements pris en toute responsabilité, le respect des anciens de la part des jeunes. Le SAM se doit de perpétuer ces valeurs. Aller à contre-courant conduirait à la perte même du corps. Si les jeunes sont appelés à apprendre au contact des aînés, ceux-ci se doivent d’être des références ou des repères pour eux.
Qu’est-ce qui est à l’origine de tout cet incident, les circonstances de la suspension du mot d’ordre de grève ?
Des adultes qui tremblent devant des jeunes pour leur cacher la vérité ou se décharger sur d’autres prêts à s’assumer, sont à l’origine de tout cet incident. Sur ce point, ma version restera la même, les conciliateurs censés être des personnalités neutres pourraient vous en dire plus. À l’issue des négociations, les propositions faites par le gouvernement au soutien de sa demande de suspension du mot d’ordre de grève, avaient été jugées satisfaisantes à l’unanimité des délégués des deux syndicats. Tous ayant accepté sans la moindre réserve la suspension, le ministre de la Justice avait aussitôt rédigé son communiqué qu’il s’apprêtait à faire passer la même nuit, lequel communiqué avait été soumis à nos observations. Sans mettre en cause le projet du ministre, nous syndicats avions tout simplement fait remarquer, qu’il revenait plutôt à nous d’inviter les collègues à la reprise du travail. Tout cela s’est passé le mercredi 1er février 2017, dans l’après-midi, en présence des conciliateurs désignés par les différentes parties elles-mêmes. Après les remerciements des membres de la commission de conciliation, la levée de la séance, nous délégués étions encore restés pour faire le tour sur la question «informer quelle base ?».
L’unanimité s’est faite pour annoncer la décision de suspension à la réunion des deux bureaux le lendemain jeudi à 9 heures. Pas un seul n’avait émis de position contraire. Quant à Boya Dembélé, plus particulièrement, ses seules récriminations étaient que le ministre s’impatientait en pressant d’aller au plus vite. Il s’embourbait dans des détails inutiles et aberrants. C’est là que Dramane Diarra, qui ne va jamais avec le dos de la cuillère, a rétorqué en faisant remarquer que cela n’était pas la question qui nous retenait ou qui nous intéressait. En tant que président et caution morale du SAM, je n’avais autre choix que de respecter notre parole donnée et d’honorer notre engagement pris dans le cadre de la commission de conciliation, lequel engagement s’imposait dès lors comme une loi. Et c’est ce que j’ai fait. Il n’était plus encore besoin de référer à la base, sauf à l’informer des résultats de nos négociations avec le gouvernement. J’ai été surpris d’apprendre autre chose. Les auteurs de toute cette campagne d’intoxication auront à répondre face à leur conscience. Notre résultat que nous avions bien apprécié, a été jugé dérisoire par certains magistrats. Nous respectons leur appréciation. Si nous avions un seul instant pensé que notre position n’allait pas emporter l’adhésion de toute la base, nous aurions demandé une suspension en vue de la consulter préalablement. Ce n’est pas après avoir décidé en toute conscience et en toute responsabilité, dans un cadre légal, qu’on décide de consulter la base. Pour des raisons d’ordre social que j’ai antérieurement développées, je n’ai pu participer à la réunion d’information pour la mise à niveau des autres membres du Comité directeur. Cependant, nous n’avions nullement besoin de me faire porter de faux chapeaux ou de me discréditer à tort sous la pression des jeunes, qui trouvaient les acquis trop dérisoires pour accepter la suspension.
Êtes-vous satisfaits de vos résultats ?
Nous pensons n’avoir rien ménagé pour être à la hauteur. Une lutte syndicale est d’abord une lutte stratégique qui s’inscrit dans le temps. Il est rare d’avoir le tout en même temps. J’estime que ce que nous avons obtenu n’est pas négligeable. Pour l’unanimité des délégués, il pouvait permettre à observer la suspension demandée, non seulement par le gouvernement, mais aussi par toutes les composantes de la nation. Du fait des insinuations mensongères de Boya Dembélé lui-même faisant partie des délégués, la tension était vite montée. De façon malveillante, l’accent a été mis sur des détails sans aucun intérêt. Ce qui a fait monter la tension surtout chez les plus jeunes. Si la suspension avait été suivie, cela aurait permis d’obtenir autres avantages en plus de ceux déjà accordés, au moment des négociations pour la levée définitive du mot d’ordre. Mais hélas, déjà fragilisé, par des actes contraires à nos statuts et règlements, je n’avais plus d’arguments pour convaincre le gouvernement. Cela a été fort dommage. En tout état de cause, loin de perdre espoir, nous devrions pouvoir en tirer tous les enseignements. Au plan moral, cette grève a fait plus de mal que de bien dans la mesure où le syndicat en est sorti très affaibli. Nanacassé et Boya disent avoir toujours sacrifié leurs propres intérêts au profit de ceux des autres. Plus précisément Nanacassé dit n’avoir pas pleuré et qu’il aurait tout simplement manifesté son mécontentement face à une injustice dont il était l’objet. Quant à Boya Dembélé, lui aussi soutient avoir toujours fait de son mieux pour défendre les collègues.
Avez-vous d’autres arguments au soutien de votre interview passée quelques jours seulement ?
Avec les interventions des sages et de personnalités respectables, j’avais promis de taire des choses sur ces profiteurs de situation ou de position. Puisqu’il en est ainsi, je continue. Aliou Badara Nanacassé et Boya Dembélé ont des comportements singuliers qui ne font pas honneur au corps de la magistrature. Nous sommes dans des hypothèses où l’expression «le ridicule ne tue pas», retrouve tout son sens. Je sais de quoi je parle, ce n’est ni dans le vide, ni au hasard. Ces deux personnages étranges sont d’abord des monomanes de postes qui n’ont ni frère ni ami lorsqu’il s’agit d’arriver à leurs fins. Je l’ai appris moi-même à mes dépens, parce que je me dois de défendre mon honneur et ma dignité, aujourd’hui entamés par leur fait. Je n’ai jamais appris que Nanacassé ait un seul jour oublié ses intérêts au profit de ceux des autres. Cependant, tous ont appris que celui-ci a failli se faire crever les yeux de larmes, en voulant occuper un poste prévu pour quelqu’un d’autre, attitude contraire à l’éthique et à la déontologie de membre du conseil supérieur de la magistrature. Le jour où Nanacassé pensait pouvoir profiter de sa position de membre du Conseil supérieur de la magistrature, il n’a certes pas demandé qu’on tranche une «question préjudiciable», mais je maintiens qu’il a bel et bien pleuré devant tous, comme un enfant à la recherche d’un bout de bonbon, pour être nommé Premier président de la Cour d’Appel de Bamako, en lieu et place de son collègue Moussa Sara Diallo, qui figurait sur les projets de nominations et de mutations. Il avait entrepris des membres du Conseil supérieur dont moi-même pour parvenir à ses fins. Son message à notre endroit était, d’une part qu’on ne pourrait pas manquer d’arguments pour convaincre, si nous décidons vraiment de l’aider, et d’autre part qu’il nous en voudrait s’il n’était pas nommé Premier président de la Cour d’Appel de Bamako». En tout état de cause, les autres membres élus ne devaient et ne pouvaient se prêter à un tel jeu déloyal à l’égard d’un collègue plus méritant et non membre du Conseil. Nanacassé ne figurait même pas sur les projets de mutations à fortiori avoir fait l’objet d’injustice. C’est plutôt en le suivant que nous aurions commis une injustice grave et irréparable. Se sentant perdant c’est lui Nanacassé qui a également demandé le poste de vice-président en guise de consolation, et selon lui encore «pour faire sécher ses larmes». Cette tentative est restée également vaine du fait qu’un tel poste n’est pas prévu par le statut de la magistrature. Malgré que ses larmes n’aient pas cessé de couler de plus bel, le conseil est resté imperturbable et intransigeant. L’on sait que Nanacassé, toujours nostalgique de ce poste, n’a pas digéré cet échec qu’il m’attribue. Dire hier de faire sécher ses larmes, et prétendre aujourd’hui n’avoir pas pleuré, est illustrateur d’un personnage controversé et instable. Par ailleurs, les mutations ont toujours coupé le sommeil à cet homme qui n’a jamais voulu sortir de Bamako. Les ministres successifs qui l’ont mis sur des projets de mutations en savent plus. Seul le ministre Maître Fanta Sylla était parvenu à le sortir de Bamako.
À propos de Boya Dembélé, je disais déjà qu’il s’agissait d’individu à la mémoire courte et d’un opportuniste sans pareil. Son revirement spectaculaire me donne encore raison et je ne me souviens pas d’un seul cas où Boya a défendu ou même considéré un collègue lorsque les circonstances lui permettaient de le faire. Le seul dossier des collègues de Mopti parmi tant d’autres, suffit pour lui couper toute parole : un des dossiers les plus simples et des plus vides autour duquel il s’est tant agité. C’est lui Boya qui a veillé, comme un sorcier, jusqu’à ce que ses collègues innocents soient placés sous mandat de dépôt, une mesure inappropriée qui ne s’imposait nullement, c’était en décembre 2014. Le 14 du même mois, simplement appelé à présider la cérémonie de clôture du séminaire international organisé par l’AIPPF, il se précipitait maladroitement pour saluer l’arrestation des collègues, qui pour lui augure un changement. Un tel dérapage en présence de toutes ces personnalités étrangères, n’avait rien à voir avec le sujet. S’agissant de la mise en liberté des mêmes collègues, après plusieurs mois de détention, il a fallu que le parquet général de la Cour suprême, prenne le sens contraire de ses instructions. Là aussi, il s’attelait à la recherche d’autres astuces pour les maintenir en détention. C’est son ministre qui l’a finalement rappelé à l’ordre en lui faisant remarquer que «ça suffisait comme ça». Outre les instructions verbales, des instructions écrites du secrétaire général, Boya Dembélé, sont encore vérifiables dans le dossier. Les collègues de Mopti n’ont vu leur sort réglé que devant la Cour d’Assises de Bamako après de longues heures, à la barre en train de se défendre. Et tout ce temps passé inutilement en détention ? Boya en aurait eu sur la conscience, s’il s’était rappelé son serment de magistrat.
Pour Nanacassé et Boya, seuls importent les postes et ils ramènent tout à cela. Pour arriver à leurs fins, ils n’ont ni collègue, ni ami et ni frère. Je l’ai aujourd’hui appris à mes dépens. Les ministres successifs ont tour à tour reçu soit des bouts de note, soit des émissaires, soit des messages ou bouts de note de ces deux dans ce sens.
Votre mot de la fin ?
Je pense que Nanacassé, Boya et autres doivent arrêter leurs commérages à notre encontre. À un moment où nous nous attendions à tout sauf à des insultes ou dénigrements, par leur fait, nous nous trouvons aujourd’hui dans un autre combat aussi noble, qui est celui de la défense de notre honneur et de notre dignité.
Propos recueillis par Sinaly KEITA
Source: Le Reporter
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