L’autorité intérimaire de la région de Kidal, fief de l’ex-rébellion à dominante touareg dans le nord du Mali, a été installée mardi en présence de responsables maliens et de diplomates après plusieurs reports, selon des témoins joints depuis Bamako.
Les dirigeants provisoires des quatre autres régions administratives du nord du pays seront installés cette semaine: ceux de Gao et Ménaka (nord-est) jeudi et ceux de Tombouctou (nord-ouest) et Taoudénit (extrême nord) vendredi, selon un communiqué officiel.
Les différentes autorités intérimaires devaient initialement être installées à partir du 18 février, mais plusieurs mouvements avaient contesté certains choix, dénonçant l’absence de concertation. Et le gouvernement avait reporté les cérémonies prévues « par souci d’apaisement ».
Le nouveau calendrier a été arrêté le 24 février d’un commun accord par le gouvernement malien, les groupes armés qui lui sont favorables formant la Plateforme et l’ex-rébellion à dominante touareg du Nord formant la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Tous ont signé en mai-juin 2015 un accord pour la paix au Mali, qui prévoit l’installation de ces autorités intérimaires, qui a connu plusieurs reports.
A Kidal, le président du Conseil régional (autorité intérimaire) Hassan Ag Fagaga a reçu les symboles de l’Etat lors d’une cérémonie présidée par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, à la tête d’une délégation de responsables maliens, a rapporté un des témoins.
« La tâche qui m’est confiée n’est pas simple et j’ai besoin de soutien de tous pour réussir », a affirmé M. Ag Fagaga, ex-déserteur de l’armée régulière et membre de la CMA, selon ses propos rapportés à l’AFP par ce témoin, lors d’une cérémonie placée sous haute surveillance des forces de l’ONU et de l’opération française Barkhane.
Il s’exprimait en présence également de représentants de la CMA et de la Plateforme, de la France, des Etats-Unis, de l’Algérie, de l’Union africaine et de l’Union européenne, mais aussi de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
A Gao, pour empêcher la cérémonie prévue jeudi au Conseil régional, des membres de la Plateforme en armes ont pris position sur le site, contestant le choix de certains des dirigeants provisoires, a rapporté un photographe de l’AFP dans cette ville. Aucune violence n’avait cependant été signalée jusqu’à mardi après-midi.
En vertu de l’accord de paix de 2015, les autorités intérimaires devront gérer les cinq régions du Nord, en attendant l’élection par la population d’assemblées dotées de pouvoirs importants.
Leur mission sera notamment de préparer ces élections et de favoriser le retour des déplacés du conflit politico-militaire dont le Mali tente de se relever depuis 2012, des troubles marqués par une rébellion et une mainmise de groupes jihadistes pendant près de dix mois sur le nord du pays, jusqu’à janvier 2013.