Les défections – dernière en date ce vendredi, celle de son directeur de campagne Patrick Stefanini – et les appels au retrait se multiplient dans le camp Fillon, depuis l’annonce de sa probable mise en examen dans l’affaire des emplois présumés fictifs de sa famille. Le candidat Les Républicains (LR), qui se pose en combattant, se prépare logiquement à un week-end de combat.
Il fait comme si de rien n’était, ce qui reste de son équipe de campagne a d’ailleurs envoyé son agenda jusqu’à jeudi prochain, mais c’est bien un week-end décisif qui s’annonce pour François Fillon. Ce samedi, c’est un dialogue avec la société civile qui est prévu.
Mais le candidat compte surtout marquer les esprits dimanche après-midi avec un rassemblement de soutien au Trocadéro à Paris. L’organisation en a été confiée au dernier carré des fidèles, et notamment à l’association Sens commun, émanation politique de la Manif pour tous, née dans l’opposition au mariage homosexuel.
Le rassemblement se veut une démonstration de force, mais il pourrait au final ressembler à un baroud d’honneur. Car le reste du parti Les Républicains a pris acte du fait que les sondages n’accordent plus la moindre chance à François Fillon.
C’est cette peur de perdre qui réactive une fois de plus l’hypothèse du recours Juppé. Sauf que contrairement aux épisodes précédents, le maire de Bordeaux a fait savoir qu’il ne se défilerait pas si les conditions sont remplies, c’est-à-dire que la famille de la droite et du centre soit unanimement rassemblée derrière lui et que François Fillon se retire de lui-même. C’est tout le problème des heures et des jours qui viennent.
«Le jour où Sarko lâche, c’est fini»
« On sent que quelque chose est en train de se passer », confie une parlementaire juppéiste. Depuis mercredi, les ralliements au maire de Bordeaux sont à la mesure des défections au sein de l’équipe Fillon. L’ancien Premier ministre n’entendant toujours pas renoncer, dans ce contexte, la voix de Nicolas Sarkozy sera déterminante. Pour l’heure, l’ex-président continue de soutenir son ancien Premier ministre, mais jusqu’à quand ? « Le jour où Sarko lâche, c’est fini », reconnaît une fidèle d’entre les fidèles du député de Paris.
L’ancien chef de l’Etat s’est entretenu ce vendredi matin avec Gérard Larcher, le président du Sénat, et Bernard Accoyer, le patron des Républicains. Deux incontournables élus fillonistes qui seraient allés défendre la solution Juppé. « Le fait qu’ils aient mis en scène leur déplacement chez Sarkozy, c’est pas bon signe », confie dépité un filloniste de la première heure. Un membre du premier cercle qui presque résigné ajoute : « si les gens de l’UDI lâchent aussi, c’est plus possible ! ».
Démission de Patrick Stefanini, directeur de campagne de François Fillon
En dépit des pressions pour qu’il cède sa place à Alain Juppé, François Fillon a appelé vendredi soir ses partisans à « résister » et à venir « très nombreux » à son rassemblement dimanche à Paris, où le candidat jouera son va-tout. « Je vous attends nombreux dimanche à 15h place du Trocadéro, pour montrer, aux yeux de tous, ce qu’est la volonté des militants de la France », a lancé François Fillon dans une vidéo postée sur Twitter en début de soirée.
Toute la journée, les départs ont continué autour du candidat: les centristes de l’UDI lui ont retiré leur soutien. Patrick Stefanini, directeur de campagne de François Fillon, a envoyé sa lettre de démission mais s’est rétracté, puis a annoncé que sa décision de démissionner était irrévocable, effective dimanche soir.
En fait, le directeur de campagne de François Fillon qui a donné sa lettre de démission vendredi matin au candidat a été obligé de réaffirmer sa détermination à quitter la campagne, après que François Fillon a démenti l’information auprès de l’agence France Presse.
Une confusion qui montre à quel point cette nouvelle défection porte un coup terrible au candidat LR, qui a dû affronter une hémorragie de départs depuis l’annonce de sa convocation pour une mise en examen. Patrick Stefanini est un homme clef du dispositif de campagne. C’est lui qui a été à la manœuvre durant la primaire et a permis à François Fillon de l’emporter. Il a conseillé au candidat de renoncer, n’a pas été entendu et en tire donc les conclusions.
Patrick Stefanini restera en place jusqu’à dimanche, jour du rassemblement organisé place du Trocadéro, puis sera remplacé par le maire de Bourgoin-Jallieu, Vincent Chriqui, a annoncé l’équipe de François Fillon.
Source: IM