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Installation des autorités intérimaires : IBK répond aux sceptiques et aux détracteurs du processus

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L’installation des autorités intérimaires a commencé depuis la semaine dernière non sans quelques couacs çà et là. De nombreuses voix se sont levées pour confondre  ce processus à une partition du pays. Mettant à profit le récent congrès de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (Ousa), le Chef de l’Etat lui-même, se veut très rassurant que le pays ne sera jamais partitionné. Une manière pour le président de la République d’inviter les sceptiques et les détracteurs du processus de sortie de crise de regagner le navire de la paix et du développement.

En marge du congrès de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (Ousa), le président de la République en a profité pour parler du processus de paix en cours au Mali et précisément de l’installation des autorités intérimaires qui domine l’actualité depuis deux semaines.

Ibrahim Boubacar Keïta affirme que c’est un acte de foi de la part des participants à ce congrès de venir au Mali. Car pour lui, ce n’était pas évident avec tout ce qu’on dit du Mali en termes d’insécurité et d’instabilité.

Au moment où beaucoup d’entre nous au Mali et au-delà estiment que le processus de paix est compromis et même caduc par la volte-face parfois des groupes armés à remettre en cause tous les acquis de l’Accord, leur effritement créant des petits groupuscules, l’insécurité qui gagne du terrain et qui s’étend au centre du pays, entre autres. Le président IBK lui-même, se veut très rassurant, il dira aux congressistes « vous avez de la chance que votre congrès s’ouvre sous de très heureux auspices. Pourquoi je le dis ? Il faut retenir qu’à ce jour la paix est en marche au Mali et c’est une réalité ».

Très remonté contre ceux qui assimilent la mise en place des autorités intérimaires à une partition du pays en cours, le Chef de l’Etat visiblement très remonté contre de tel courant a martelé « On vous avait dit impossible de tenir un congrès au Mali d’une telle dimension prétextant que le Mali est en partition. Non et non ». Il ajoutera que « Tant qu’il restera un seul homme au Mali, digne de Modibo Keïta, ce pays ne sera pas partitionné ». A ce sujet, le locataire de Koulouba a évoqué la mise en place des autorités intérimaires qui est une disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Il a rassuré que le processus de leur mise en place dont Kidal, Gao et Ménaka ont donné le ton et va se poursuivre. A ses dires, c’est l’installation des autorités intérimaires qui prouve à suffisance que l’accord est en train d’être mis en œuvre.

Donc, le processus de paix est bien en marche.

En tous cas, IBK n’a jamais raté une occasion pour faire l’éloge de la paix et de rassurer les partenaires du Mali. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le prix Nelson Mandela de la démocratie qu’on vient de lui décerner la semaine dernière à Paris.

Le prix que le gouvernement a payé à Gao et Ménaka

L’installation des autorités intérimaires à Gao et Ménaka le jeudi 2 mars 2017 ne s’est pas fait dans la dentelle. Le gouvernement a payé un lourd tribut à la jeunesse et au Cmfpr II pour y parvenir. Une façon pour lui de prouver à quel point il tient à la stabilité et au retour de la paix.

En effet, un sérieux bras de fer s’était engagé entre les jeunes de Gao, les éléments de la Cmfpr II et le gouvernement malien la semaine dernière dans le cadre de l’installation des autorités intérimaires des régions de Gao et de Ménaka. Si les jeunes farouchement opposés à l’installation des autorités intérimaires ont procédé à des marches et des sit-in, de son côté la Cmfpr II a pris les bâtiments administratifs en otage pour protester contre ce qu’elle a appelé son exclusion du processus. Il a fallu l’engagement des leaders religieux de la région avec à leur tête l’imam Cheick Oumar Almahadi (très vénéré) et des autorités coutumières pour dissiper les mouvements de protestation dans la ville de Gao afin de permettre l’installation des autorités intérimaires.

A quelques heures de la cérémonie officielle rien n’était gagné d’avance.

La tension était très vive et chacun campait sur ses positions. Les discussions auront duré 14 heures d’affilées entre le gouvernement, les imams et notables d’un côté et les mouvements de résistance civile et responsables de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (Cmfpr II) de  l’autre.

Finalement, un compromis a été trouvé tardivement dans la nuit avec les jeunes et la Cmfpr II qui menaçaient « d’empêcher l’installation » des autorités intérimaires s’ils ne sont pas inclus dans les organes de mise en œuvre de l’accord pour la  paix.

A l’issue  des négociations on peut lire dans le communiqué rendu public par les jeunes que le gouvernement s’engage à attribuer quatre postes représentatifs des mécontents au sein du Comité de suivi de l’accord (CSA) qu’ils vont devoir partager avec les femmes. Aussi, les jeunes ont obtenu l’intégration des jeunes patrouilleurs de Gao dans le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) ; l’intégration des bénévoles des centres de santé pendant la crise dans la fonction publique ; l’intégration des jeunes combattants sans demander des armes dans le processus de Démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR), entre autres.

Pour les jeunes,  cela est un bon arrangement. En contre partie, les combattants de la Cmfpr II ont accepté de quitter les locaux de l’Assemblée régionale qu’ils occupaient depuis trois jours afin de permettre l’installation des autorités intérimaires.

Cependant, ces arrangements selon le communiqué sont assortis d’un délai de 15 jours pour leur exécution. Dépasser ce délai les jeunes affirment se réserver le droit d’entreprendre des actions pires que celle relative à  l’occupation des locaux de l’Assemblée régionale.

Ce qui prouve que l’installation des autorités intérimaires à Gao et Ménaka a été très éprouvante pour le ministre Ag Erlaf et la délégation qui le suivait. Le gouvernement a-t-il les moyens d’honorer ses engagements ? Les jours à venir nous le diront.

Le navire prend de l’eau à Tombouctou

Après Kidal, Gao et Ménaka la semaine dernière, c’était au tour de Tombouctou et de Taoudéni d’installer leurs autorités intérimaires. Si dans les premières régions citées ce fut une réussite, ce n’est pas le cas à Tombouctou où des groupes armés prennent le processus en otage.

Ce qui devrait en principe passer comme une lettre à la poste est devenue un imbroglio indescriptible. Pourtant au Mali, Tombouctou est considérée comme l’une des régions les plus pacifiques depuis le début de la crise que nous avons connue. La couleuvre a été avalée à Gao par les manifestants non sans difficultés. Car à la clé un accord sous la houlette des religieux a été signé où l’Etat s’engage à satisfaire tous les points de revendications des jeunes. C’était le vendredi 3 mars 2017 que les autorités intérimaires de Tombouctou et Taoudéni devaient être installées.

Mais la petite balade de santé de Mahamadou Diagouraga, Haut représentant du chef de l’Etat, du ministre Ag Erlaf et la communauté internationale a brusquement été stoppée par des groupes armés qui manifestaient dans la ville de Tombouctou. D’un autre côté de la ville, d’autres manifestants que l’on affirme sur place être à la solde de Lamine Tahar (riche commerçant très controversé), ont manifesté pour soutenir l’installation des autorités intérimaires.

La situation a été très tendue le vendredi matin. Le moindre faux pas aurait mis le feu à la poudrière.

Le vendredi matin les forces du CJA (dissidente de la CMA) ont installé des check-points à travers la ville après l’occupation il y a quelques jours de l’Assemblée régionale par un autre groupe issu du Compis 15.

La cause de ce branle-bas selon des éléments de la CMA est à mettre à l’actif et de la CMA et du gouvernement à 80% pour avoir négligé les doléances de ces mouvements. Ces derniers réclament leur inclusion dans le processus.

Ils ajoutent que les autres 20% restants de ce blocage peuvent être attribués à un manque d’entente entre toutes les composantes de Tombouctou que des forces étrangères manipulent à leur guise.

Cependant, après de longues concertations le vendredi 3 mars, fut annulée l’installation des autorités intérimaires en attendant de ramener tout le monde dans la même direction. Ainsi, la date du 6 mars a été arrêtée, c’est-à-dire ce matin.

Pourrait-on calmer les éléments du groupe armé CJA qui tentent de saboter le processus en dénonçant une non inclusivité du processus ? Ce n’est pas gagné d’avance, car la position «extrémiste» que ce groupe adopte face à la situation n’est pas pour arranger les choses. D’un autre côté, c’est la présence d’homme comme Lamine Tahar sur la liste des autorités intérimaires qui dérange le plus. Ce dernier est cité comme étant « un baron de la drogue et partisans de toutes les rébellions que le pays a connues depuis 1991 ».

En attendant de voir quelle attitude le gouvernement adoptera, la situation demeure très fragile sur le terrain.

Harber MAIGA

 

Source: Le Prétoire

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