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Processus de paix au Mali : Atermoiements funestes

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Le diktat des terroristes et les conflits intercommunautaires dans le Centre, la difficile mise en œuvre de l’Accord, font planer des lendemains incertains sur le retour de la paix au Mali, 21 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

Le report sine die de la mise en place des autorités intérimaires qui était prévue hier à Tombouctou, suite au refus des groupes armés ayant investi la ville, l’attaque meurtrière contre l’armée malienne à Boulkessi dans le centre du pays (un drame qui a fait 11 morts et 5 blessés), des tirs de roquettes à Tessalit, sont les derniers signes d’un processus de paix en très grande souffrance au Mali.

IBK sur une autre planète. « La paix est vraiment en marche… Kidal a ouvert le bal», s’enthousiasmait, le vendredi 3 février, Ibrahim Boubacar Kéita, le président de la République du Mali devant des congressistes de l’Organisation de l’unité syndicale africaine (l’OUSA) à Bamako. Cette réjouissance du Chef de l’Etat du Mali  avait trait à l’installation, au forceps, des autorités intérimaires, maintes fois reportée, dans les trois régions du Nord sur les cinq prévues: Kidal, le 28 février, Gao et Ménaka, le 2 mars.

IBK s’est –il vite réjoui de  ces faisceaux de lumière dans l’application de l’Accord ? En effet, deux jours après, dans la seule journée du dimanche 5 mars, trois faits nouveaux vont venir refroidir l’enthousiasme du chef de l’Etat malien qui ne veut nullement entendre parler de la « caducité » de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé il y a de cela plus d’une année et demie à Bamako: la débandade de l’armée malienne face à des terroristes à Boulkeissi près de la frontière du Burkina Faso( l’attaque aurait fait au minimum 11 morts et 5 blessés) , l’ « occupation » de la ville de Tombouctou par les groupes armés pour empêcher l’installation des autorités intérimaires et des tirs de roquettes sur Tessalit, région de Kidal.

Nouvelle débandade de l’armée au Centre du pays.
L’attaque fulgurante d’un présumé groupe jihadiste burkinabè, tôt le dimanche matin, contre l’armée malienne à Boulkeissi, à la frontière du Burkina Faso, vient rappeler aux Maliens la triste réalité qui prévaut aujourd’hui dans le Centre du pays devenu le nid des groupes terroristes. L’attaque, selon des sources militaires, aurait fait 11 morts et quatre blessés. Plusieurs soldats maliens qui étaient portés disparus, ont trouvé refuge au Burkina.
Aujourd’hui, le Centre du Mali, en plus d’être un repaire pour jihadites, est un no man’s land. Les différentes communautés qui y vivent se regardent en chiens de faïence.
En début février, plus précisément le dimanche 12, un conflit entre Bambara et Peul à Ké-Macina a fait une vingtaine de morts. «Les six premières semaines de 2017 ont enregistré 24 incidents armés et 154 morts sur tout le territoire. Quatorze des 24 incidents sont survenus au Centre. Le nombre de personnes assassinées dans la zone est d’au moins 49. En six semaines. A la suite des violences meurtrières perpétrées dans le cercle de Ké-Macina, plusieurs dizaines de familles, notamment des femmes et des enfants sont devenues du jour au lendemain des réfugiés dans leur propre pays…», déplorait Tiébilé Dramé, l’ex ministre malien et président du Parena, lors d’une rencontre d’échanges que son parti a tenu, le dimanche 19 février 2017, sur la situation sécuritaire dans la région de Mopti et dans les cercles de Ké-Macina et Niono.
Selon Boureima Allaye Touré, le président du Conseil National de la Société Civile, « le Conseil National de la Société Civile, malgré l’instauration de l’état d’urgence, déplore la faible réaction des pouvoirs publics face à cette situation d’insécurité grandissante qui,  si elle n’est pas circonscrite et éradiquée, risquerait de contribuer à compromettre sérieusement la solidarité, la cohésion entre les communautés qui sont pourtant condamnées à vivre ensemble en paix.» Boureima Allaye Touré ajoutera : « Notre pays est dans une situation pas agréable surtout les points. L’heure n’est pas au silence, mais à l’action.»
Installation des autorités intérimaires, nouvelle pomme de discorde
L’installation des autorités intérimaires prévue, hier lundi 6 mars à Tombouctou et Taoudénit, a été reportée, une fois de plus, à une date ultérieure pour des raisons sécuritaires. Le manque d’inclusivité dans l’application de l’Accord, selon les groupes armés, les à amener à occuper militairement des Check-points de la ville de Tombouctou. Et pourtant, du coté des organisateurs, tout était fin prêt, hier lundi, pour l’installation des autorités intérimaires à Tombouctou.
Mais c’était sans compter sur la ténacité de certains groupes armés à intégrer le processus de paix au Mali. Les militaires maliens ont, ainsi, dû céder, le dimanche presque tous les Check-points de Tombouctou à ses hommes en armes, selon nos sources, dans la ville de Tombouctou. «Les commandants des zones militaires du MAA-CMA et du MAA-Plateforme de la région de Taoudénit informent l’opinion publique nationale, la Minusma, la force Barkhane et la médiation internationale que compte tenu de la persistance du Gouvernement du Mali à vouloir imposer à la population de la région de Taoudénit une direction du collège Transitoire parachutée de Bamako et incapable de répondre aux attentes de la population, qu’ils ont investis les check-point du Nord de la ville de Tombouctou », expliquent, dans leur communiqué, les responsables des dits groupes armés. Selon des sources, 3 personnes ont trouvé la mort lors de l’attaque des check- points par les groupes armés. Un officier du MAA-CMA aurait succombé à ses blessures, et deux habitants de Tombouctou auraient été tués accidentellement par un véhicule de l’armée malienne.
Les autorités intérimaires de Gao et de Ménaka ont été installées, avec beaucoup de tergiversations, le jeudi 2 mars. A Gao, le siège de l’Assemblée régionale qui était occupé par les combattants de la CMFPR2, a été levé après la signature d’un protocole d’entente prenant en compte les préoccupations de la société civile de Gao qui sont entre autres: l’élargissement du quota de Gao de 11 à 21 dont 10 réservés aux jeunes et aux femmes sédentaires pour les autorités intérimaires, l’implication des mouvements de résistance civile, de la CMFPR2 dans les organes et structures de suivi et de prise de décision : CSA, CTS, DDR, CNRSS, CVJR,EMOV, MOC, sous commission politique institution, sous comité développement, commission d’intégration, sous comité défense et sécurité à tous niveaux (national et régional) pour la mise en œuvre de l’accord, la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la reconnaissance officielle et définitive du statut de signataire de la CMFPR2 et de ses prérogatives…
La première tentative d’installer, le samedi 18 février, les autorités intérimaires dans l’Adrar des Ifoghas, avait lamentablement échoué suite à la volte-face de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) qui désapprouvait la nomination, par le gouvernement malien, d’un nouveau gouverneur pour Kidal : Sidi Mohamed Ag Ichrach, un proche de la Plateforme. Il a fallut attendre, le mardi 28 février passé, pour que le colonel Hassan Fagaga puisse être investi devant des officiels maliens, des responsables des groupes armés et des membres de la médiation internationale dans la ville de Kidal.
Madiassa Kaba Diakité

Source: Le Républicain

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