Quand on dit que tout va bien au Mali, tout ne va réellement pas bien. Jusqu’à présent le peuple malien est dans l’expectative d’une paix qui tarde à venir et dont le processus ne cesse d’accroître la liste d’innocentes victimes et dont la vertu du dialogue inclusif des populations pourrait épargner nombre de vie.
L’Etat et les groupes armés ne se résigneront-ils pas à associer les véritables représentants de la population? La paix s’imposerait difficilement si tel n’était pas le cas. L’Etat malien semble toujours ne pas tirer les leçons de son passé par rapport aux velléités sécessionnistes de certains groupes armés. En effet si la rébellion du clan Daoussak avait un parfum de supériorité raciale, celle qui a abouti à l’accord de Tamanrasset avait plutôt un souci économique global, justifié ? Leurs signataires étatiques, vivants de nos jours, ont été complètement ignorés lors des négociations de l’actuel accord d’Alger; pourtant ils ont bel et bien signé l’accord de Tamanrasset avec un certain Iyad Ag AGaly aujourd’hui la grosse épine dans le pied de la gouvernance. Eux au moins seraient plus aptes à négocier (par ce qu’imbus d’arguments) que la pléthore de ‘’ touristes négociateurs ‘’ à qui l’on a imposé un accord dont le contenu ne saurait être changé même d’une virgule et qui serait à prendre ou à laisser (pour paraphraser le ministre des affaires étrangères). Cela c’est les termes de nos gouvernants, diffusés à redondance dans et sur les médias ; à croire qu’on a peu souci d’une bonne résolution de la crise sinon comment laisser les véritables négociateurs des accords d’antan sur le même sujet et amener des cens qui à peine en savent quelque chose? Ont-ils souci de la continuité de l’Etat? Les négociateurs du Pacte National de 1992 n’étaient-ils pas aptes à faire le voyage d’Alger? De même que ceux qui ont négocié l’Accord d’Alger 2006? Pire, l’Etat a agi et continue d’agir comme si le peuple malien a fait une guerre qu’il a perdue et qu’en conséquence il se doit de signer, par le biais de ses représentants, un accord de capitulation car c’est véritablement le cas. En effet, dans l’accord d’Alger il n’y a aucune obligation sur les groupes armés; toutes les charges sont sur les épaules de ce pauvre peuple si longtemps meurtri. C’est là ou les représentants de l’Etat ont péché et ou il faudrait apporter un correctif sinon à l’application de ces mesures se poseraient d’innombrables problèmes. Et comble de malheur pour la population, c’est ceux- là même qui, responsables de tous ces soucis, sont prompts à dire que nous sommes tous responsables. Comment pouvez-vous jouir de tous les privilèges que le peuple vous octroie, pour une bonne gestion du pays, et mal agir à son insu pour ensuite demander à ce que l’on fasse table rase sur ce manque de vertu caractérisé par un enrichissement indu sans limite? Il est temps que l’on restitue à qui de droit les milliards alloués aux différents projets dans le nord du pays; le président intérimaire Dioncounda Traoré en son temps donnait un montant compris entre 100 et 119 milliards ( ?) de francs CFA. Les premiers et deuxième régimes de la troisième république doivent édifier le peuple sur la destination de ces montants faramineux dont on a aucune trace et qui sans nul doute font partie des causes majeures de cette rébellion. Est-ce la raison pour laquelle il n’a pas eu d’ « état de la nation » après la passation de service entre les troisième et quatrième présidents de la république? Les gouvernants du jour (par souci de préservation des immenses privilèges dont ils jouissent) déploient moult effort pour faire croire au peuple qu’il n’ya aucune alternative à la paix en dehors de l’accord d’Alger ; ce qui n’est guère avéré car la paix est pour le peuple et nul n’a le droit, quel qu’il soit de le priver de son droit d’inclusivité dans une discussion directe sur son destin, même pas ses représentants qui, dans ce cas précis ont l’obligation politique de s’y référer( l’ ultra-sensibilité du sujet étant d’acuité, il dépasse le jeu ou l’exercice parlementaire). Ainsi il incombe à tous de comprendre que la souveraineté pleine et entière appartient uniquement au peuple et non aux armes, qu’elles fussent propriétés des groupes armés ou de l’Etat qui s’est mis à leur niveau depuis l’abandon des accords de Ouagadougou. Si les représentants de l’Etat continuent à n’accorder aucun crédit aux propos des citoyens sur leur propre survie le clash pourrait arriver à leur insu puisqu’il semble que leur souci de la légalité prime sur la légitimité populaire qui comme du lait sur le feu commence à bouillir en sourdine. C’est de pauvres citoyens qui sont régulièrement tués; l’Etat malheureusement semble ignorer le nombre réel de victimes civiles et militaires sinon il serait prompt à réunir les maliens pour une assise incluse et non participative qui depuis 1992 n’a pu rien solutionner politiquement parlant à cause de sa méthode tant chérie, celle participative.
Les nations -unies sont présentes pour accompagner l’Etat malien par la ‘’MINUSMA’’ ; malheureusement les citoyens maliens n’ont connaissance d’aucun plan élaboré par les représentants de l’Etat dans lequel ils pourraient bénéficier de l’appui international ; au contraire ils affirment être obligé de respecter les accords qu’ils ont signés; donc des accords qu’on leur propose et auxquels ils souscrivent, quel qu’ils soient. Le comble est qu’au Mali il est difficile de percevoir une nette séparation de pouvoirs entre l’exécutif et le législatif tant le parti majoritaire domine et écrase tout dans l’hémicycle au nom de son soutien au président de la république « issu de son sein » si l’on s’en tient à son propos. En conséquence le gouvernement et l’assemblée nationale au nom de sa majorité mécanique en terme de voix ne font qu’un; l’un élabore, l’autre accepte et enregistre. Une certaine presse justifiant cette pratique jusqu’au jour de l’expression d’une légitime défense populaire que les gouvernants sont généralement les derniers à percevoir au sein de la nation ; car l’histoire de ce pays nous a appris que la légalité peut entrer en conflit avec la légitimité dans une certaine mesure. Si ces pistes de prospection ne peuvent constituer sujets à réflexion (dans la future conférence qui se voudrait ’’ libre ’’et que l’on voudrait nationale) pour une entente Pérenne, nous oserions croire à une conférence d’entente sur le devenir pacifique de la nation sans lendemain.
Les maliens veulent connaître aujourd’hui la population réelle de chacune des 10 régions du pays; elle a le sentiment qu’on la lui cache, et pour cause, Il ya des frustrations partout au Mali; pas du côté des gouvernants mais de celui du peuple. Qui va soigner celles de Kouloumpèlèbougou qui ne porte aucune trace visible de la civilisation occidentale telle que le robinet, le centre de santé, l’électricité, l’école etc.…Mes cousins de Kidal ou de Taoudéni sont peut-être en train de rire en lisant cela car ils ne pourraient même pas situer mon terroir sur la carte du Mali ; eux au moins ont la chance de voir les leur y figurer. Donnons-nous la main.
Barkhane ? Ce n’est pas pour le Mali c’est pour le Sahel d’Ouest en Est et pour la lutte contre le terrorisme afin qu’il ne puisse surtout pas s’expatrier dans le Septentrion en traversant la mer méditerranée. Ces quelques pistes de lecture pourraient apporter une certaine réflexion aux fins d’apaisement des cœurs.
Diassi.
Source: Ciwara