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Edito : Halte aux actes posésà l’emporte-pièce !

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Le constat est aberrant. 11 militaires tués et 5 autres blessés dans une attaque contre l’armée à Boulkeissi dans le centre du pays. Et dire que le président de la République Ibrahim Boubacar KEITA se réjouissait sur les écrans de l’ORTM le week-end dernier du retour de la paix au Mali après l’installation des autorités intérimaires à Kidal, Gao et Ménaka. L’installation desdites autorités transitoires à Tombouctou est contestée par des groupes armés qui contrôlent plusieurs checkpoints de la vieille ville. Voilà où nous en sommes 21 mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Un accord où les gouvernants maliens s’entêtent et s’attèlent à l’appliquer dans toute sa plénitude sans aucune modification et ce, sans tenir compte de l’avis de la population. Le président IBK qui tient à l’Accord d’Alger comme la prunelle de ses yeux, ignore-t-il qu’un accord évolue en fonction du temps et des réalités qui surgissent ?

Force est de constater que notre pays, le Mali, a accepté de signer cet accord en ne maîtrisant pas tous les contours. Nos gouvernants actuels ont cru et ils le pensent encore, que cet accord va amener le Mali dans sa situation d’antan. Cette entente peut atténuer l’intensité de la crise, mais pas dans sa forme actuelle.

Nous ne dirons pas que l’Accord pour la paix et la réconciliation signé à Alger est caduc. Loin s’en faut! Mais il a aujourd’hui besoin d’être recadré. Actuellement s’il est impératif de l’appliquer, il faudrait obligatoirement une relecture, sinon dans l’état actuel, non seulement nous sommes sortis de presque tous les délais, mais aussi toutes les dispositions ne nous arrangent pas.

Concernant les mesures destinées à instaurer la paix et la réconciliation nationale, l’accord pense que les conflits cycliques nécessite une gestion politique, mais dans ses solutions il dispose, qu’il faut une gestion par les populations des régions concernées de leurs propres affaires sur la base du principe de la libre administration et qu’il faut une plus grande représentation des populations du nord au sein des institutions nationales. Pourquoi demander une plus grande autonomie de gestion et vouloir en même temps plus de représentativité dans les institutions nationales ? L’état va non seulement diminuer son autorité sur eux et au même moment accepter de les renforcer dans ses institutions. Cela n’est quand même pas normal.

Dans le cadre de ses renforcements au niveau local, l’accord dit que les régions sont dotées d’Assemblées Régionales élues au suffrage universel direct, bénéficient de très large transfert de compétences, de ressources et jouissent des pouvoirs juridiques, administratifs et financiers appropriés, mais il précise que les populations maliennes et en particulier celles des régions du Nord auront dans ce cadre à gérer leurs propres affaires sur la base du principe de la libre administration, et il prend la peine de préciser la particularité des régions du Nord, montrant ainsi la priorité en créant une différence, cela pourrait avoir des conséquences néfastes pour le pays.

Le comité de suivi sensé suivre et contrôler la mise en pratique de l’Accord n’a jamais pu être réellement effectif. Ce qui a été une grande faiblesse du processus d’application de l’Accord.

Ensuite la période intérimaire qui devait être la première phase active a pris dix-huit mois de retard. C’est courant cette semaine que l’Etat est arrivé à les installer. Après tant de retard, pourquoi mettre en place ces intérimaires alors que la date des élections régionales sont fixées ?

Voici ce que dit l’accord : « Une période intérimaire sera ouverte immédiatement après la signature du présent Accord. Durant cette période, et en attendant l’adoption et l’entrée en vigueur des dispositions légales et de gouvernance énoncées dans le présent Accord, des mesures exceptionnelles en ce qui concerne l’administration des régions du nord du Mali sont prises et mises en œuvre ».

En nous basant sur cela, nous pourrons dire que les dispositions concernant la partie des autorités intérimaires est caduque dans l’accord pour la paix d’Alger. Les élections présidentielles, les élections législatives et les élections municipales ont été faites et la date des élections régionales sont fixées, les intérimaires n’ont plus dès lors aucune légitimité.

L’Etat malien avance sans regarder certains détails, qui pourraient changer les choses en faveur du Mali. En acceptant tout de cette minorité qui se dresse contre le pays pour des intérêts intrinsèques, nos gouvernants ne font que s’affaiblir.

Ne posons pas des actes à l’emporte-pièce, seulement parce que nous en avons assez. Encaissons et acceptons de souffrir si à la fin une paix durable se fera. Nous pouvons allez même au fédéralisme mais faisons en sorte d’en maîtriser les contours.

Ne déplaçons pas seulement les problèmes et les laisser à ceux qui viendront après nous, sachant que le monde avance en devenant plus compliqué.

Aliou TOURE

Source: Le Démocrate-Mali

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