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Le peuple trahi par ses hommes politiques : Qui pour sauver le Mali?

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«Lorsque la main écrit, c’est le cœur qui pleure» (Alfred de Musset). Il ne sera question pour nous ici d’ouvrir une page d’histoire de notre peuple car le Mali vient de très loin: de la traite négrière à l’indépendance nationale. Il s’agira simplement ici de jeter un regard critique sur le Mali indépendant, sur les hommes et les femmes qui ont eu à gérer portion de ses affaires durant ces cinquante-sept ans d’indépendance. ‘’A tout seigneur tout honneur’’, a-t-on coutume de dire. La première République a été dirigée par le président Modibo Keïta (paix à son âme).

Très tôt celui-ci a compris que personne ne peut œuvrer pour le Mali à la place des Maliens. C’est pourquoi il a initié dans un environnement particulièrement hostile une politique nationaliste véritablement audacieuse pour sortir notre patrie du gouffre dans lequel elle a été plongée par l’histoire.

Est- ce pour donner raison à Tibor Mendé, en tout cas, celui-ci avait dit avec profonde conviction : «Pour récupérer l’identité et le respect de soi, il faut changer l’orientation même de l’économie. Au lieu de regarder vers l’extérieur, elle doit s’orienter vers l’intérieur et se préoccuper davantage de résoudre les problèmes locaux que d’affronter ceux qui résultent du contact avec le monde industriel».

Modibo a entrepris une orientation «socialiste» en vue de panser les plaies béantes laissées dans nos cœurs et dans nos esprits par la cynique politique coloniale et spoliatrice de la France coloniale. Cette orientation qu’il convient plutôt d’appeler nationaliste entendait rechercher au sein de nos masses laborieuses toutes les ressources nécessaires à un développement durable par et pour les Maliens eux-mêmes. Cela était juste que l’on n’est jamais mieux servir que par soi même. C’est ce qui a conduit le régime Modibo Keïta a changé l’orientation de notre économie et de la politique qui la sous-tendait.

Modibo Keïta avait voulu appliquer dans notre ce que Edgar Pisani appelait ‘’compter sur soi même d’abord et essentiel pour la réalisation d’une indépendance véritable du continent.’’

Pisani disait aux intellectuels et dirigeants africains : «Objet de mépris, objet de charité, l’Afrique doit chercher en elle les ressorts de son avenir. Sans faire fi ni des capitaux qu’elle peut attirer, ni des dons qu’on peut lui faire, ni des techniques qu’on peut lui apprendre, c’est en elle-même qu’elle doit trouver ses véritables ressources. Pas ailleurs.».

Cet élan révolutionnaire sous le ciel du grand Mali  avait déjà crée chez les gouvernants français, sangsues des peuples d’Afrique une panique ineffable à l’image de celle que le Général De Gaulle avait ressenti à ses dépens le non historique du président Ahmed Sékou Touré lors de sa tournée en Afrique pour demander aux colonies de choisir entre l’indépendance immédiate et la communauté française. C’était le 28 septembre 1958.

Au stade qui a porté le nom de cet événement historique, Sékou Touré avait craché à la face du Général De gaulle : «La paix dans la pauvreté vaut mieux que l’opulence dans l’esclavage. La Guinée veut son indépendance ici et maintenant !». La conséquence on la connaît au Mali : des officiers apatrides regroupés au sein de ce qu’ils ont baptisé «Comité militaire de libération nationale» (CMLN) ont donné un coup d’arrêt à cette option patriote de la première République.

Pour souiller les cœurs et les esprits des Maliens, le CMLN a imposé à notre peuple dix longues années de vide politique. Un nouveau vent a soufflé sur le Mali d’est en ouest, du nord au sud en provenance du palais de Koulouba alors occupé par Moussa Traoré et ses hommes et cela à la satisfaction pleine et entière de la France coloniale qui ne peut vivre que du sang des damnés de la terre. En lieu et place de l’amour pour le pays, Moussa et ses compagnons ont instruit le village de mort à notre peuple : «Silence ! On gouverne !».

L’affairisme, le vol, la concussion, le népotisme, la cocufication des femmes, les détournements de deniers publics, entre autres, ce sont installés en mode de gouvernance et de vie dans notre pays. Cette attitude pour le mois ignoble du règne kaki a ratatiné notre dignité et insulté l’honneur de notre pays travailleur.

L’Union démocratique du peuple malien (UDPM) est née des cendres du CMLN. Ce parti mort né ne pouvait servir les intérêts fondamentaux des masses laborieuses du Mali : toutes les sociétés et entreprises d’Etat ont été progressivement liquidées par l’apache régime de Moussa Traoré, plongeant ainsi pour longtemps, le pays dans la gueule du loup à double tête à savoir le capital international se fondant sur les fonds et les calculs égoïstes du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Le régime Moussa a hautement trahi le peuple travailleur du Mali en lui imposant la misère, la malnutrition le manque de soins de santé et de logements décents.

Mais le président chinois Mao Tsé Toung  avait laissé entendre, le 24 août 1945, que le peuple est seul capable de forger son destin parce que possédant toutes les ressources nécessaires pour le besoin de la cause. Il disait : «Le peuple, seul le peuple, est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle.».

Frantz Fanon disait à son tour que les générations ont le choix de s’assumer ou de subir à chaque époque historique. Il disait : «Chaque génération, dans une relative opacité doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir». Ce message, notre peuple dans sa frange juvénile l’a assimilé. Il s’est lev, en 1990, comme un seul homme dans un mouvement qui se disait démocratique pour dire non à Moussa Traoré, que trop, c’est trop, et que les Maliens ne pouvaient continuer à se soumettre à sa dictature nauséabonde.

Le 26 mars 1991, le peuple a mis fin au régime sanguinaire et apatride de Moussa Traoré. Il faut rappeler qu’il a nagé dans le sang de plus de 220 fils du pays avant d’être délogé de Koulouba par son lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré (ATT) non pas pour qu’il paye sa forfaiture vis-à-vis du peuple mais (a-t-on su plus tard) pour sauver sa tête par un procès fallacieux se tenant sur une fallacieuse interrogation sorte de trahison de ceux qui sont morts pour le Mali à savoir ‘’qui a tiré et qui a donné l’ordre de tirer ?’’.

Une façon de dire que le Mouvement démocratique était truffé de traitres patentés et de piètres prosaïques politiciens qui n’avaient que faire de l’intérêt national du Mali. Ces traitres ont envoyé nos enfants à la boucherie pour leurs ambitions machiavéliques, la preuve étant qu’aucun d’entre eux n’a perdu son simple poulet dans les événements. Ils doivent se rassurer que Dieu ne dort pas et qu’il a compris ce qu’ils ont fait.

De la chute de Moussa Traoré à nos jours, ils battent comme de beau diable pour sucer le sang de notre peuple laborieux et pour servir parallèlement les intérêts de nos fossoyeurs français. Leur mort pèserait beaucoup moins que celle de nos enfants tombés sur le champ de l’honneur. Ils sont très nombreux ses femmes, ses enfants et ses soldats tombés pour la cause du Mali.

Disons à cet effet avec l’écrivain chinois de l’antiquité Sema Tsien : «Certes, les hommes sont mortels ; mais la mort des uns a plus de poids que le mont Taichan, celle des autres en a moins qu’une plume. Mourir pour les intérêts du peuple a plus de poids que le mont Taichan, mais se dépenser au service des fascistes et mourir pour les exploiteurs et les oppresseurs à moins de poids qu’une plume».

De la chute de l’apache régime de Moussa à nos jours, le peuple malien n’enregistre que des séries de trahison et de coups bas dignes de ces démocrates sans scrupule et sans honneur. Ces politiciens pillent sans vergogne les ressources nationales, donnant ainsi raison hélas à Napoléon Bonaparte qui disait : «Dans les révolutions il y a deux (02) catégories de gens : ceux qui font la révolution et ceux qui en profitent».

Le peuple malien a sacrifié bien de ses valeureux fils et c’est en marchant sur leur âme et dans leur sang que les traitres de la République profitent du combat de ce peuple pour un Mali nouveau, riche, prospère, uni dans la grandeur et la dignité. Ces traitres de la nation doivent se rendre à l’évidence que le peuple malien ne s’estime nullement vaincu et qu’à tout moment le sursaut patriotique est aux aguets.

Cela est d’autant prévisible qu’il a fait sienne cette pensée prémonitoire du président Modibo Keïta : «Lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands».

Le Mali est de plus en plus trahi et humilié par ses hommes politiques : Dieu aimant notre pays, ils payeront ici bas devant ce peuple le prix de leur forfaiture calamiteuse. Sa jeunesse et ses dignes fils répondront sans réserve à son appel au devoir patriotique.

Notre pays ne peut rester à la merci de ses bandits politiques sans foi, ni loi et qui ne jurent que par leurs intérêts sordides et ceux de leur conscience d’Occident capitaliste.

Un adage de chez nous affirme que : «l’incompétence et le laxisme m’horripilent, en politique, cela est assimilé à de la trahison et de la lâcheté. En conséquence, le traite c’est celui dont la trahison provoque la plus vive surprise à son peuple. En effet, les faiblesse excusent et la trahison se sanctionne».

Fodé KEITA

 

Source: L’inter de Bamako

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