“C’est le ballon du match, je vais l’offrir à mes fils…” En sortant du stade mercredi soir, Pierre-Emerick Aubameyang n’était plus seulement le héros de ses enfants, mais celui de tout un peuple jaune et noir : son triplé contre Benfica (4-0) venait de qualifier Dortmund pour les 1/4 de finale de la Ligue des Champions.
En remontant à la troisième place du classement des buteurs de la compétition, avec 7 buts (derrière Messi, 10, et Cavani, 8), le Gabonais de 27 ans s’est aussi rappelé au bon souvenir des présidents des grands clubs d’Europe, à commencer par le Real Madrid, dont le maillot blanc fait rêver “Aubam” depuis longtemps.
A intervalle régulier, de folles rumeurs l’envoient d’ailleurs loin de Dortmund. En mars 2016, on l’annonçait déjà au Real pour 100 millions d’euros. Et en janvier de cette année, un journal italien a affirmé que le club de Shanghai SIPG offrait 150 millions pour son transfert. Informations démenties à chaque fois… mais qui prouvent à quel point le buteur fait rêver la planète football.
Contre le champion du Portugal, l’ancien Stéphanois était pourtant sous pression. Un match raté, une élimination, et il serait sorti des radars, renvoyé au relatif anonymat de la Bundesliga où Dortmund, troisième, a quasiment perdu toute chance de titre.
C’est donc peu de dire qu’on l’attendait au tournant mercredi soir, après son festival d’occasions gâchées et son pénalty manqué du match aller, qui avait valu au Borussia une défaite 1-0 à Lisbonne. “J’étais très triste après l’aller et absolument pas satisfait de mon match”, a-t-il admis, “j’avais à coeur de montrer à mes coéquipiers que je pouvais faire beaucoup mieux”.
Promesse tenue! Avec un triplé et les compliments de son capitaine Marcel Schmelzer: “J’avais dit après le match aller, il n’a pas marqué mais ce n’est pas un problème. Nous savons combien Auba est important pour nous, et on sait que tous les grands buteurs ont des phases où ils ne marquent pas”.
En fait, Aubameyang était revenu fatigué fin janvier de la CAN-2017, après une élimination au premier tour avec le Gabon, et il lui a fallu un bon mois pour retrouver son rythme. Mais quel rythme! Il vient de marquer sept buts en trois matches (deux doublés, un triplé), est actuellement en tête du classement des buteurs de la Bundesliga, avec 21 réalisations, et totalise 31 buts pour 28 matches cette saison toutes compétitions confondues.
– Toujours à cheveu de l’incartade –
Décontracté, souriant, original voire fantasque, le natif de Laval — il a joué un match en équipe de France Espoirs avant de choisir le Gabon — est devenu une idole du formidable public du Signal Iduna Park, même si le club a dû parfois le recadrer après quelques écarts de discipline.
En novembre, Tuchel l’avait suspendu pour un match pourtant décisif de Ligue des Champions contre le Sporting de Lisbonne. Motif? Le Gabonais avait pris un avion trois jours plus tôt pour aller passer une soirée à Milan, en Italie… sans autorisation. Pas rancunier, “Aubam” a marqué quatre buts au match suivant contre Hambourg (5-2).
Samedi dernier, le club a encore fait les gros yeux lorsqu’Aubameyang s’est présenté sur le terrain avec le logo de son équipementier personnel (Nike) sculpté dans la chevelure, alors que le Borussia est en contrat avec Puma. Un tour chez le coiffeur, et l’objet du délit avait disparu mercredi soir.
“Mais c’est un joueur extraordinaire”, dit de lui Thomas Tuchel: “Il nous rend meilleurs, il me rend meilleur en tant qu’entraîneur et sans lui nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs”.
Avec AFP