Epargnée jusqu’ici par les soubresauts, la ville de Tombouctou est devenue subitement le champ d’expérimentation des groupes armés. C’est une ville en proie à une division sociale savamment entretenue. Il y a péril en la demeure.
Plus qu’une tension, c’est la confusion qui règne à Tombouctou depuis l’arrivée des hommes armés se réclamant du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA). En plus de vouloir occuper de force la ville, les éléments de ce groupe armé lancent des menaces.
“L’état-major militaire du CJA met en garde contre tout soutien direct ou indirect de la part de tout groupe armé quelle que soit sa filiation à la mise en place des autorités intérimaires à Tombouctou et Taoudéni. Un tel comportement sera considéré immédiatement par le CJA comme une déclaration de guerre. L’état-major du CJA sait compter sur la bonne compréhension de tous”, a déclaré le colonel Abass Ag Mohamed Ahmad, chef militaire du CJA le 8 mars dernier.
Au même moment son chargé de communication, Hamata Ag Elmehdi, diffusait un autre communiqué démentant toute action belligérante : “Le CJA n’a attaqué aucune position des FAMa à Tombouctou donc n’a pas violé le cessez-le-feu. Notre conduite a été exemplaire sur le terrain comme en témoigne la Minusma”.
Divisons
Selon un confrère sur place à Tombouctou, les organisations de la société civile et celles socioprofessionnelles ont animé une conférence de presse pour édifier la communauté internationale de son refus immuable de subir une quelconque imposition.
Face à la presse, explique le confrère, le conférencier, Baba Moulaye, a fait ressortir le cadre de violation des textes et s’est dit favorable à l’inclusivité de tous et de chacun en évitant toute forme de stigmatisation. Quelques heures après, un autre confrère faisait l’écho d’un démenti du président de la société civile de Tombouctou sur l’éventualité d’une marche.
Dans la Cité des 333 Saints, l’inquiétude est grande sur ce qu’il convient d’appeler des fortes divisions dans tous les milieux. D’abord, de sérieuses divergences existent à l’interne même des groupes armés signataires (CMA-Plateforme).
Pis, c’est la société civile et une partie de la jeunesse qui commencent à se fissurer avec des prises de position souvent tranchées en faveur ou contre la situation de blocus liée à l’installation des autorités intérimaires dans les régions de Tombouctou et Taoudéni.
Une évidence : au sein de la Plateforme dont est membre le MAA loyaliste, une dissidence est née et conteste toute action venant de Moulaye Ahmed basé à Bamako. Idem pour la branche CMA du MAA qui s’éloigne de Sidi Ibrahim Ould Sidatti, accusé de faire le jeu des ex-rebelles de Kidal.
Le milieu politique n’est pas épargné par cette crise. On parle avec insistance d’un duel à mort entre le RPM et l’Adéma pour le contrôle du Conseil régional. Peut-être que le communiqué de fermeté du gouvernement sur le blocus imposé par le CJA sur la ville en est un signe.
A. M. C.
Source: L’indicateur de renouveau