L’installation de l’autorité intérimaire de Tombouctou est annoncée pour aujourd’hui, mais rien n’indique que le CJA acceptera le forcing qu’il pressent du côté du gouvernement accusé par ailleurs de ne pas tenir ses engagements. Le calendrier pourrait en outre être perturbé par le penchant de la Minusma pour la reprise du dialogue avec les contestataires.
«Mon parti m’a demandé de me retirer mais je constate manifestement que nous faisons un pas en avant et deux pas en arrière. Il semble que quelque part on ne comprendre pas encore que c’est moins un problème de parti ou de personnes que d’inclusivité». Ces propos viennent de Mohamed Ibrahim Cissé, le président sortant du Conseil régional de Tombouctou au détriment duquel l’autorité régionale a connu une substantielle réorganisation. L’intéressé figue certes dans sa composition intérimaire mais c’est Boubacar Ould Hammadi, un représentant de la communauté arabe âgé d’une trentaine d’années environ, qui en est le nouveau président, en vertu notamment du décret rendu public en bonne et due forme. Le bouleversement aura été à l’origine de vives tensions à Tombouctou où le bruit des armes a longtemps retenti du côté du CJA, le mouvement dissident de la CMA qui se bat pour l’inclusivité communautaire : une répartition équitable des postes de responsabilité entre les communautés qui cohabitent dans la région.
Or, les ténors de ce mouvement ont comme l’impression que les communautés Tamashek et Sonrai de la 7 ème Région, à la différence des Arabes de Taoudéni, souffrent d’une sous-représentativité dans une contrée où elles constituent pourtant la frange dominante. Suite à l’effroyable épisode des détonations et tirs à balles réelles, l’équation des équilibres communautaires a polarisé toutes les énergies diplomatiques la semaine dernière pour se conclure sur une confusion. Certaines sources confient que la question a fait l’objet d’un compromis en vertu duquel l’installation de l’autorité intérimaire de Tombouctou pourrait intervenir dès aujourd’hui lundi. Mais, approché par nos soins le président du Congrès pour la Justice dans l’Azawad est beaucoup moins optimiste. Selon Azarock Ag Inaborchad, le statu quo va demeurer aussi longtemps que va persister la confusion dans le respect des engagements pris par la partie gouvernementale à leur égard. Il semble, en effet, que les longs pourparlers de la semaine dernière avait débouché sur une prise en compte des aspirations du CJA par nombre de mesures parmi lesquelles l’ouverture de l’autorité intérimaire aux communautés sous-représentées, leur nomination dans les DDR ainsi que dans les gouvernorats comme conseillers auprès du gouverneur, etc. «Jusqu’à hier (Samedi, ndlr) on pensait qu’une attente était acquise sur la base des promesses faites par les représentants du gouvernement, mais le forcing qui se profile va nous déranger parce qu’on veut éviter au maximum un bras-de-fer et nous partageons même des check-points avec les FAMA», a confié M. Ag Inaborchad, allusion faite à la bonne foi de son mouvement. Et de marteler par la même occasion que le CJA va demeurer quoi qu’il arrive dans la dynamique des revendications des communautés qu’il représente.
A défaut de s’exprimer par la violence, celles-ci va tenter de se faire entendre par une manifestation populaire prévue aujourd’hui à Tombouctou sous le manteau de marche de la société civile. Elle a été déjà la reçu par représentation régionale de la Minusma à laquelle elle a fait part de ses revendications remontées jusqu’au niveau de Bamako où la mission onusienne penche selon nos sources pour une reprise du dialogue entre les parties.
En attendant, le CJA n’a bougé d’un iota des positions qu’il partage pour la plupart avec les forces maliennes.
La Rédaction
Source: Le Témoin