Après 5 années de détention à la prison de Scheveningen, aux Pays Bas, Laurent Gbagbo se voit refuser pour la 11ème fois la liberté provisoire par la Cour pénale internationale (CPI). A cela s’ajoutent de profondes dissensions entre les trois juges de cette institution. Derrière cet acharnement et ces sons discordants, se cache une peur bleue de libérer l’ex-Président ivoirien aussi bien pour la CPI que pour le régime d’Abidjan.
La détention de Laurent Gbagbo au-delà du délai raisonnable selon le Juge président Cuno Tarfusser témoigne une fois de plus la dimension politique de son procès. C’est désormais un truisme d’affirmer mordicus que les puissances occidentales veulent tenir la dragée haute à l’ex-président ivoirien pour le crime de lèse-majesté qu’il a commis en engageant le combat de la souveraineté nationale. La défense, l’économie et le peuple. Ce triptyque considéré par Gbagbo comme un principe sacrosaint ou le socle de sa politique lui vaut les noms d’oiseaux. Accusé de tous les péchés d’Israël, surtout de dictateur, son tord se résume essentiellement au choix du bien-être de son peuple. Dans la lignée de Lumumba ou encore Thomas Sankara, Gbagbo a privilégié l’intérêt de son pays au détriment de ceux de l’ex-métropole. Refusant de s’accoquiner avec celle-ci lors des défilés du 14 juillet ou des sommets de la Francophonie. Contrairement à son actuel successeur qui est à son 159ème voyage à l’étranger, Gbagbo choisissait de passer ses vacances dans certaines villes ivoiriennes. Quitte à se rendre par moment à la célèbre Rue Princesse de Yopougon. Il est clair, une victoire de Laurent Gbagbo serait vue comme la victoire de l’Afrique digne sur le néocolonialisme. Trop beau pour être vrai. Il faut donc le clouer au pilori dans le goulag occidental qu’est la CPI de sorte que cela serve de leçon à tout dirigeant africain épris de souveraineté. Du reste, il faut avoir suffisant de hargne pour emprunter le chemin de Lumumba et Sankara pour ne citer que ceux-là. La survie de la famille Gbagbo et de ses proches des bombardements de l’armée françaises relève de l’onction divine. Une grâce que d’autres combattants africains n’ont pas eue. L’affront fait à la France et même aux Etats-Unis d’Amérique doit donc être lavé. Pour rappel, Gbagbo a raccroché Barack Obama au nez lorsque celui-ci lui a proposé d’aller enseigner aux Etats-Unis en lieu et place du recomptage des voix qu’il proposait.
La fuite : Saugrenue raison de la CPI
Saugrenu. Le bon sens aurait voulu que les juges Olga Herrera Carbuccia et Geoffrey Henderson arrêtent d’insulter l’intelligence des Ivoiriens. « L’histoire ne retiendra pas que Laurent Gbagbo a été arrêté sur le chemin de la fuite. », affirmait Gbagbo sous les bombes de l’armée française. Si le ‘‘Woody’’ comme l’appellent affectueusement ses partisans a décliné l’offre de Barack Obama et refusé l’aide de ses pairs chefs d’Etats africains au profit de la mort pour la dignité et l’honneur, ce n’est point aujourd’hui qu’il succomberait à la tentation de fuir. D’autant que son incarcération l’a érigé au rang d’icône africaine de la trempe d’un certain Nelson Mandela. Fuir pour aller où ? Sur toutes les autres planètes de la voie lactée à l’exception de Mars où les occidents iraient aisément le traquer. En réalité, la CPI s’est embourbée dans une alchimie qui met plus que jamais sa crédibilité en jeu. En lieu et place des prétexte farfelus que saugrenus, l’institution gagnerait à revenir à la raison car Gbagbo bénéficie encore de la présomption d’innocence. Le délai raisonnable du procès a atteint ses limites à moins que 10 années de procès ne soient raisonnables pour les juges Olga Herrera Carbuccia et Geoffrey Henderson. D’autant que le présumé innocent a déjà passé 5 ans en prison et 925 jours avant même d’être formellement mis en accusation. Il n’empêche que Gbagbo jouit une célébrité des plus déconcertantes. Telle une hydre tentaculaire, sa renommée continue de tisser sa toile au-delà des frontières de la Côte d’Ivoire.
Source: Imatin