Cela fait maintenant près de deux semaines que les agents de santé ont entamé une grève illimitée. Ils ont été rejoints quelques jours plus tard par les enseignants des écoles fondamentales, du secondaire général et des écoles professionnelles et techniques. Face à cette grogne syndicale, le Premier ministre Modibo Keïta et son équipe doivent vite trouver la bonne formule pour décrisper ce climat délétère qui envenime la souffrance des Maliens surtout ceux de la basse classe.
Depuis le jeudi 9 mars dernier, les hôpitaux et centres de santé sont paralysés par une grève illimitée du personnel de santé qui revendique l’amélioration de leurs conditions de travail. Excepté les services d’urgence et ceux de la maternité, tous les autres sont à l’arrêt. Avec à la clé, des désagréments difficiles à quantifier. Pour des patients en situation économique précaire, ne pouvant pas s’offrir les prestations d’une clinique privée, la galère est assurée, voire même la mort. Tandis que l’Etat de son côté perd des ressources économiques, car tout n’est pas que social dans le secteur de la santé.
Et comme si cette galère ne suffisait pas, les enseignants de leur côté entrent dans la danse quelques jours plus tard, suivant les agents de santé avec le même mot d’ordre de grève illimitée. Conséquence : les enfants des établissements scolaires publics vadrouillent à la maison tandis que leurs camarades issus d’une classe sociale mieux aisée continuent d’étudier. La morale c’est que dans les deux cas, les patients tout comme les élèves sont victimes d’un bras de fer entre le gouvernement et les syndicats. « Le pauvre a toujours tort ! », a-t-on coutume de dire chez nous.
Pendant que les populations souffrent le martyre, les deux parties (gouvernement et syndicats) se regardent en chiens de faïence en s’accusant mutuellement d’être responsable de l’échec des négociations. Qui, d’après les responsables des syndicats sont closes depuis longtemps. Pour rappel, avant l’amorce de la grève illimitée, en novembre 2016, les syndicats de la santé et le gouvernement ont négocié et trouvé des accords autour de plusieurs points de revendications. Les parties étaient tombées d’accord sur huit (8) des neuf (9) points de revendication. Au nombre desquels : l’adoption d’un plan de carrière et d’un plan de motivation, l’octroi et l’augmentation substantielle des primes de fonction spéciale, des primes de garde, des primes de monture et l’intégration des émoluments des bi-appartenants dans leur salaire, le maintien et l’extension des ristournes dans leur esprit d’antan, l’intégration des contractuels payés sur ressources propres, fonds PTTE, des nourrices de la pouponnière et la régularisation de la situation des autres catégories de travailleurs de ladite structure conformément à la règlement du travail, le respect de la liberté syndicale à tous les niveaux et l’annulation des mutations abusives des responsables syndicaux dont le mandat est en cours. Et en dernier point, la régularisation des agents victimes des contrôles physiques et des agents de la santé de la région de Gao omis lors de l’octroi des frais de retour et d’installation ainsi que l’amélioration des conditions de travail par le recrutement de personnel qualifié, l’amélioration du plateau technique conformément à la carte sanitaire nationale et la dotation régulière et conséquente en consommables de toutes les structures socio-sanitaires et de la promotion de la famille.
Idem pour les syndicats de l’éducation qui, suite à des négociations ont obtenu en janvier dernier, des engagements de la part du gouvernement pour satisfaire leurs doléances. Mais là où le bât blesse, pour les représentants des syndicats des deux secteurs sociaux de base (Santé et Education), le gouvernement a mis trop de temps pour matérialiser ses engagements pris devant des commissions de conciliation.
« Nous avons dépassé le stade des négociations, nous demandons l’exécution des points d’accord sans quoi, nous sommes déterminés à user de tous les moyens légaux à notre disposition pour nous faire entendre », déclare Amadou Coulibaly du SYNEB. Alors que le gouvernement de son côté accuse les syndicats de vouloir faire monter les enchères.
Il revient donc au chef du gouvernement Modibo Keïta et aux membres de son équipe de s’assumer en agissant vite pour trouver une issue heureuse à cette situation de paralysie générale qui ne profite en rien aux Maliens, surtout à la grande majorité issue de la basse classe.
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan