Un gouvernement qui surfe sur un océan dont il ne connait pas la profondeur ne mérite vraiment pas la confiance du peuple.
Nous l’avons dit dès le début que les autorités intérimaires ne doivent pas être basées sur un système de prolongement de l’administration centrale, mais sur un véritable ancrage socioculturel et politique. Faire de la décentralisation poussée le fer de lance de la construction et nommer des fonctionnaires de l’Etat ou des représentants illégitimes ne sont que des œuvres d’amateurs en politique de décentralisation. Le gouvernement s’emporte trop vite, on veut vite des résultats, le temps n’existe pas pour le Mali mais pour un mandat, etc. sont des motivations prématurées de nos dirigeants. Sinon, comment comprendre, une nomination dans un cadre de décentralisation où l’on pense qu’il faut moins d’Etat, mais mieux l’Etat. L’Etat doit se donner des socles historiques, culturels, politiques, etc. pour pousser l’accord de paix vers l’aboutissement. Pourquoi pas une analyse approfondie, socioculturelle des communautés en place dans les régions du Nord avant de prendre une telle approche ? Il ne s’agit pas d’être originaire d’un peuple pour comprendre seul les enjeux d’un conflit. La neutralité est un aspect fondamental qui peut aboutir à la réconciliation. Qui sont ces acteurs neutres en face des populations du Nord pour faire avancer la paix ? Qui est qui au Nord ? Ces questionnements sont les points saillants de la crise qui tarde à prendre fin et il est important de chercher à les répondre avant de se mettre devant pour résoudre un conflit narco-religio- identitaire et racial. Le noir face au noir, le blanc face au blanc, le blanc face au noir, le religieux face au non pratiquant…. voilà des rapports de force identitaires et culturels qu’on le veuille ou non dont les analyses feront la paix au Mali. La démocratie d’Athènes n’est pas la démocratie de l’Amenokal, même si vous voulez imposer la première à la deuxième. Pourtant, ils n’étaient pas plus sauvages que les acteurs de la première. Voilà un gouvernement qui surfe sur un Océan sans effectivement savoir que ce ne sont pas des poissons qui y sont, mais des caïmans et d’autres animaux de couleurs différentes, de visions différentes, et que seule une approche d’analyse approfondie et anticipative peut régler le problème. L’approche d’analyse doit être revue totalement, on ne cessera de le dire et l’approche causale appartient aux robots, aux guerriers qui ne réfléchissent pas. Il faut une approche systémique capable de faire face à la profondeur des fractures des vagues de l’Océan –désert du Nord Mali.
Aucune réflexion sérieuse n’a été faite pour mettre en place la commission justice et « machin » et les nominations à des postes électifs est une apostasie de l’équilibre responsabilisant, dans le contexte malien.
Bref, il faut faire face aux égarements de ce gouvernement qui est déjà tourné vers 2018, donc, perdant sa capacité de réflexion. Oui, il faut une stabilité politique nationale pour consolider l’unité nationale. Il faut aussi se laisser guider par le hasard. Ce qui devrait décourager l’Homos Sapiens Sapiens, sinon Dieu où est ta victoire dans la Création ? Un cap, une vision, une étude, une analyse, des actions, une diplomatie proactive, une sociologie des faits… voilà des étapes qui manquent à ce gouvernement qui veut cacher une déficience gouvernementale virale.
SDF
Source: Le Canard de la Venise