Depuis quelques semaines, la société de production et de distribution d’électricité, Energie du Mali (EDM SA), avec à sa tête un nouveau directeur, coupe le sommeil à ses gros consommateurs mauvais payeurs. Notamment, certains services publics qui lui doivent d’après nos informations en tout, la bagatelle de 40 milliards FCFA. Montant dont une partie aurait été déjà versée, après le débranchement du compteur de certains gros clients, dont l’Assemblée Nationale, l’ORTM et la MINUSMA, la Société Malienne de Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP), entre autres.
40 milliards FCFA, c’est le montant que des clients mauvais payeurs doivent à la société de production et de distribution d’électricité, Energie du Mali (EDM SA). Après plusieurs sommations de paiement adressées aux intéressés sans succès, le jeune DG de l’EDM SA, Dramane Coulibaly et son équipe se sont vus dans l’obligation d’appliquer la méthode forte : débrancher les compteurs des mauvais payeurs, parmi lesquels des gros consommateurs dont l’Assemblée Nationale, l’ORTM, la MINUSMA (NDLR : qui a justifié son cas par un communiqué), la SOMAGEP entre autres.
A l’annonce de la nouvelle, peu de gens y croyaient. Car dans un pays comme le Mali, avoir l’audace de couper l’électricité à la deuxième institution de la République au motif de factures impayées, relevait jusque-là, de l’utopie. Surtout que les directeurs de l’EDM SA sont généralement nommés sur la base des affinités politiques. Mais la nouvelle dynamique amorcée par l’EDM SA, sous le leadership de son nouveau DG, Dramane Coulibaly récemment nommé à ce poste, semble être en rupture avec cette donne. Car si l’on se réfère aux dernières visites effectuées par des techniciens de l’EDM SA, à l’Assemblée Nationale, au siège de la première télévision nationale, ORTM, à son partenaire du même secteur d’activité, la SOMAGEP, ou encore à la Mission onusienne, on est tenté de croire que le vent du changement a soufflé. Et qu’il n’y a plus de discrimination entre gros et petits consommateurs chez EDM SA.
D’après plusieurs sources d’information, le parlement devait à l’EDM un cumul d’impayées de 200 millions FCFA, l’ORTM 291 millions FCFA, la MINUSMA, 700 millions FCFA, la SOMAGEP 200 millions FCFA. Des chiffres que nos contacts à l’EDM SA, se sont abstenus de commenter. « Nous ne divulguons jamais le montant qu’un tel ou tel doit payer à l’EDM SA, car cela est contraire à nos principes. Mais tout ce que nous pouvons vous dire, c’est que les créances de l’EDM SA se chiffrent à 40 milliards FCFA à nos jours, services publics, privés et particuliers tout compris » nous a-t-on confié. Tandis que la MINUSMA dans un communiqué publié sur son site a démenti avoir des créances, sans pour autant donner plus de précision sur sa dernière facture.
Pourtant loin d’être fausse, cette opération de recouvrement s’inscrit dans une nouvelle dynamique qui consiste à permettre à la société de voler de ses propres ailes, dans les jours à venir. Et cela en sommant, tous les mauvais payeurs, petits comme gros clients de s’acquitter de leurs créances vis-à-vis de l’EDM SA qui produit à perte et fonctionne, en partie grâce aux subventions de l’Etat.
Pour rappel, en 2014 le Fonds Monétaire International (FMI) avait sommé le gouvernement de revoir en hausse le coût de l’électricité pour combler un gap. Mais sous la pression des centrales syndicales notamment, l’UNTM qui à l’époque a observé quelques jours de grève, le gouvernement a fini par renoncer à cette décision.
La nouvelle initiative de l’EDM SA, incarnée par son nouveau DG, Dramane Coulibaly, déterminé à renflouer les caisses de la société en recouvrant toutes ses dettes, vient donc à point nommé, pour une partie de l’opinion qui n’a pas tari d’éloges à son égard. Lassés du laxisme qui a pignon sur rue dans nos services publics, sur les réseaux sociaux, des internautes saluent le cran du jeune DG, en l’invitant à poursuivre son œuvre, tandis que d’autres s’interrogent s’il pourra rester longtemps à ce poste afin de conduire à bout cette mission de redressement.
Abel Sangaré
Source: Le Sursaut