Commémoration vendredi noir acteurs mouvement démocratique se prononcent
25 ans après la tragédie du 22 mars 1991, où les militaires du Président général ont tiré à balles réelles sur la population, faisant des dizaines de morts, des acteurs du mouvement démocratique s’expriment. Nous les avons rencontrés à la marche funèbre célébrant ce jour historique pour le Mali et sa jeune démocratie.
Djiguiba Keïta, PPR : Secrétaire général du PARENA.
« Nous devons être vigilants pour que les idéaux du 26 mars ne soient pas vains »
« Cette marche en hommage aux martyrs du 22 mars 1991, fauchés par le dictateur Moussa Traoré et ses acolytes, est la symbolique qui signifie que nous n’avons pas la mémoire courte. Il faut que les gens sachent que la démocratie dont nous bénéficions, a été acquise sur le corps de beaucoup de victimes. Nous ne devons jamais oublié cette date. Nous ne devons aussi jamais oublier les idéaux pour lesquels nous nous sommes battus pour l’avènement de la démocratie dans notre pays. Que ceux vivent de la démocratie sachent que cette œuvre a eu un prix. Cette démocratie continue à faire payer des prix. Nous avons vécu en mars 2012, le coup d’Etat le plus vulgaire, par ce que tout simplement les démocrates avaient manqué de vigilances. Pour que cela ne se répète pas, ayons toujours à l’esprit qu’il y a eu le 222 mars 1991. Malheureusement, des tentatives de remettre en cause la démocratie existent toujours. Pour ce faire, il faut la persévérance dans la lutte et dans le combat pour l’atteinte de ces idéaux. Nous sommes dans cette logique et c’est pourquoi, nous sommes une fois de plus présents à cette marche. Nous sommes convaincus que seule la lutte paye. 26ans après la chute de la dictature, on peut retenir que le Mali a fait un grand pas. Cependant, on doit avoir à l’idée que la démocratie est permanemment en construction. C’est pourquoi, nous devons être vigilants pour que les idéaux du 26 mars ne soient pas vains, comme des tentatives de remise en cause sont en cours ».
Youssouf Maïga, Président de l’Association des Jeunes pour la Démocratie et le Progrès
«Mettons le Mali devant tout pour trouver la solution à la crise que nous traversons actuellement »
« C’est pour témoigner un souvenir et dire que le peuple malien n’oublie pas ces morts. Ceux qui se sont levés pendant cette journée folle du 22 mars pour braver le régime, pour que la démocratie soit au Mali, sont pour nous et notre liberté. Nous avons un devoir de reconnaissance envers ces martyrs. Tous les 22 mars, nous devons nous retrouver pour commémorer la mémoire de ces illustres patriotes Maliens qui sont tombés sur le champ d’honneur. Après vingt-six ans, nous pouvons être fiers de l’ouverture démocratique qui est une réalité au Mali. Il y a la liberté d’association et d’expression. Le débat est là. Il y a une majorité, une opposition. Tout est également mis en œuvre pour que le Mali puisse aller de l’avant afin qu’on ne vive plus la dictature. Nous voulons un Mali démocratique. Tout n’est pas bon. Ce qu’il faut surtout savoir, c’est que le chemin reste long. Il y a beaucoup de chose à faire au niveau de l’école pour que les enfants puissent avoir une bonne éducation et une bonne formation. Au niveau de l’emploi, il y a aussi beaucoup de choses à revoir. Beaucoup de jeunes qui ont battu le pavé en 1991, sont encore sans encore sans travail. L’emploi doit être une réalité dans notre pays. Pour y parvenir, il faut une union sacrée de toutes les patriotes maliens autour de l’essentiel. Il faudra que nous nous mettions au délà des idéologies de majorité et d’opposition. On doit se dire se dire d’abord que c’est le Mali qui compte d’abord. Mettons le Mali devant tous pour trouver la solution à la crise que nous traversons actuellement ».
MAMOUTOU THIAM, Président d’Honneur de l’AMS-UNEEM
« Nous veillons sur ce que nous avons arraché de longue lutte »
« Quand je suis à cette marche du 22mars, je me remémore du combat qui a été mené par le peuple du Mali pour l’avènement de la démocratie. Il y a ceux qui font la révolution, et ceux qui profitent du fruit de cette révolution. Aujourd’hui, la démocratie est avec ses défauts, ses erreurs de jeunesse qu’on est en train de corriger tous les jours. C’est pour cette raison d’ailleurs que le mouvement démocratique tient à assister tous les 22 mars à cet évènement pour essayer de faire l’alarme et l’avangardiste par rapport aux déviations que nous voyons ces temps-ci au niveau de la démocratie malienne. Cette marche n’est pas symbolique. Elle est aussi un rappel pour dire aux autorités et ceux qui sont au pouvoir, que nous sommes là. Nous veillons sur ce que nous avons arraché de haute lutte, à savoir la démocratie, l’expression de tout le peuple du Mali. Nous voulons un Mali meilleur et développé. Nous voulons un Mali dans le concert de toutes les nations en émergence ».
El Hadj Seydou Patrice Dembélé, Secrétaire général Adjoint de l’AMS-UNEEM
« Une date hautement historique pour la démocratie au Mali »
«Je suis là ce matin, par ce que le 22 mars 1991, j’étais présent à l’hôpital Gabriel Touré. J’ai assisté, vu et ramassé les cadavres. Tous mes habits étaient ensanglantés ce jour-là. C’est ce jour-là que le Peuple entier du Mali pris en témoignage en acte de ce qui s’est passé, a décrété la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré. C’était le 22 mars 1991. Le peuple a décidé de s’assumer définitivement et résolument devant le régime de l’UDPM. Toutes les organisations et tous les partis qui évoluaient dans la clandestinité, sont sortis dans la rue pour dire que trop c’est trop et qu’on a plus besoin de ce régime. C’est une date hautement historique pour la démocratie au Mali. Je prie Dieu pour que je l’an prochain, je sois là pour saluer la mémoire de ces victimes ».
NOUHOUM TOGO, PARTI PDES
« Un sentiment de tristesse et de reconnaissance »
« Mes impressions sont positives. C’est un rappel historique. Le 22 mars 1991 rappelle l’un des moments les plus difficiles et pénibles pour le peuple malien, surtout pour les responsables et militants de l’AEEM en son temps. C’est un souvenir à l’endroit de ceux qui sont tombés sous les balles de Moussa Traoré et ses amis. C’est dire à la jeune génération que ceux qui sont tombés ce jour sont des monuments. Je suis venu me ressourcer des leçons de ce douloureux évènement à travers cette marche qui constitue en quelque sorte un pèlerinage pour rester dans l’esprit de la démocratie. Nous ne les oublierons jamais. C’est un sentiment de tristesse et de reconnaissance ».
MME SY KADIATOU SOW, Présidente ADEMA ASSOCIATION
« Cherchons ensemble toutes les solutions possibles pour ne pas perdre les acquis »
« C’est pour les mêmes raisons comme toutes les années que nous sommes là. C’est un devoir de mémoire et de solidarité de se rappeler de ce qui s’est passé il y a déjà 26 ans. Nous sommes ici pour rappeler à tous qu’il a fallu que certains se sacrifient pour que nous vivions aujourd’hui dans cette ère démocratique dans un Etat de droit malgré les difficultés de la vie qu’on rencontre. Nous sommes fiers d’avoir mené ce combat avec ceux qui sont tombés laissant des amis et parents inconsolables. La moindre des choses que nous autres qui avions survécus et qui profitons du système démocratique, devrons faire au quotidien, c’est que nous soyons reconnaissants et que nous nous battions pour conforter et renforcer cette démocratie. Nous devons œuvrer pour que les gens n’oublient pas ce qui s’est passé il y a 26 ans. Les mémoires ont tendance à s’effacer très vite. C’est vrai que chacun a ses problèmes et difficultés de la vie, mais face à certaines tentatives de réécriture de l’histoire de notre pays ou des dénies de ce qui s’est passé en 1991, il est important que les démocrates se remobilisent. Sinon, dans quelques années, il n’y aura personnes pour venir faire cette cérémonie. Il faut rendre hommage à ceux qui dès les premiers pas de la troisième république ont institué la semaine des martyrs. C’est très important par ce qu’il va être quasi impossible pour régime tel qu’il soit de remettre cela en cause. Cette semaine des martyrs nous permet de nous rappeler de ce qui s’est passé, de nous interroger sur comment notre pays marche aujourd’hui et nous pencher sur l’évolution de notre démocratie est en train de se construire. Nous devons chercher ensemble toutes les solutions possibles pour ne pas perdre les acquis. C’est une interpellation à l’endroit de tous les démocrates ».
ISSAGA TRAORE, PRESIDENT CNID ASSOCIATION
« Cette journée doit être nationale»
« C’est un sentiment d’amertume. Si les 22 et 23 mars 1991 n’avaient pas existé, le Mali serait encore sous le joug du pouvoir à parti unique. Des hommes, des femmes et surtout des jeunes ont voulu sacrifier leur vie et leur avenir pour défendre les idéaux des acteurs du mouvement démocratique. Cette journée doit être nationale. En d’autres termes, elle doit être même un jour férié pour permettre à l’ensemble des Maliens à venir s’incliner dans le carré des martyrs en signe de reconnaissance à ceux qui ont voulu tout donner à ce pays-là. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux acteurs du mouvement démocratique. Où sont allés tous ces acteurs qui étaient là en train de ramasser les corps. Les premiers qui ont oublié ces victimes sont la majeure partie des acteurs du mouvement démocratique. Ils doivent être reconnaissants envers ces jeunes grâce à qui ils ont tous eu aujourd’hui. Consacrer une seule journée pour ces martyrs, doit être le moindre sacrifice. Au peuple malien de donner plus de sens à cette journée ».
Commémoration vendredi noir acteurs mouvement démocratique se prononcent
Rassemblés par Jean Goïta