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Rebellions touarègues : Des causes qui n’en sont pas et des causes réelles

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Rebellions touarègues causes qui n’en sont pas causes réelles

A propos des rébellions touarègues, il y a lieu de distinguer les causes qui n’en sont pas et qui sont constamment avancées des causes réelles occultées parfois même par les plus hauts responsables de l’Etat.

DES CAUSES QUI N’EN SONT PAS

 Aujourd’hui, et cela depuis les Accords de Tamanrasset, les rebelles donnent d’autres causes de leurs soulèvements, causes soutenues par certains spécialistes de la cause touarègue. Ainsi, dans Atlas historique de l’Afrique, des origines à nos jours (Editions Rocher, Paris, 2001) que cite Doumbi Fakoli, Bernard Lugan écrit : « Le pays des Touareg ou Kel Tamachek s’étend au cœur du Sahara. Avant la colonisation, les Touareg, Berbères nomades, étaient les seigneurs du désert […] Issu du découpage de l’ancienne Afrique Occidentale Française (AOF), les Etats sahéliens imposèrent, avec la revanche des sédentaires noirs, des nationalités artificielles à ces nomades « blancs » qui, par le passé les dominaient. Devenus étrangers dans des pays qui n’étaient pas les leurs, ces hommes des espaces infinis durent accepter de voir leurs axes de transhumance artificiellement barrés par des frontières de circonstance dont le tracé avait été décidé sans eux et le plus souvent contre eux. »

De même, l’on peut citer de ce passage tiré d’une étude de Charles Grémont intitulée Touaregs et Arabes dans les forces armées coloniales et maliennes Une histoire en trompe-l’œil :

« Déconsidérés, humiliés et marginalisés dans les premières décennies du Mali indépendant, les Touaregs ont dû, en outre, faire face à deux grandes sécheresses dans les années 1972-1974 et 1984-1985. Des familles entières se sont trouvées dans l’impasse. Les jeunes, en particulier, ont décidé de chercher à l’extérieur de chez eux les moyens de subsister. »

Une telle présentation des Touaregs pour justifier leur rébellion appelle trois remarques.

La première : présenter les Touaregs maliens à travers les épithètes : « déconsidérés, humiliés, marginalisés » est dépourvu de tout fondement. L’Etat malien n’a lésiné sur aucun moyen pour promouvoir leur développement. Ainsi, dès l’ouverture de l’Ecole d’Administration du Soudan, le gouvernement de la loi-cadre a pris les dispositions pour faire la promotion de cadres arabo-berbères destinés à administrer les circonscriptions du Nord. Il a sorti des salles de classe les instituteurs Mohamed Mahmoud, Moulaye Haïdara, Mohamed Ould Najim, pour les inscrire dans la nouvelle institution. En 1958,  Mohamed Oul Najim est chef de la subdivision de Kidal et Mohamed Mahmoud, chef de poste de Tessalit. Moulaye Haïdara connaîtra une longue carrière d’administrateur, d’ambassadeur et de ministre.

Après l’accession à l’indépendance, le Nord a bénéficié de toutes les réalisations faites au Sud pour améliorer les conditions de vie des populations : coopératives de consommation, dépôts de la pharmacie populaire, des centres de santé, des magasins de la SOMIEX, des écoles…

La deuxième remarque : les Touaregs ne furent pas les seuls victimes des sécheresses des années 1970-1980. Celles-ci ont touché tous les pays de la bande sahélo-saharienne, des îles du Cap-Vert au Tchad. Toutes les populations en furent éprouvées, les Touaregs comme les autres.

La troisième remarque : de jeunes Touaregs ont émigré pour aller chercher ailleurs les moyens de subsister. Cela est exact, mais seulement, en partie : certes, ils se sont exilés, mais cela a été pour aller s’enrôler dans la Légion Islamique de Kadhafi.  Quand, face à l’échec de sa politique expansionniste, ce dernier n’eut plus besoin d’eux, il les a expulsés sans ménagement.

En outre, la sécheresse a contraint à l’exil d’autres jeunes Maliens, notamment  des jeunes de la région de Kayes. Ces derniers ne sont pas partis s’exercer au maniement des armes pour venir déstabiliser leur pays. Avec peu, parfois pas de qualification, ils se sont organisés dans leur pays d’accueil pour générer des ressources et contribuer au développement de leur terroir à travers des investissements afin de lutter contre la maladie, l’ignorance, la faim et la malnutrition.

DES CAUSES REELLES

Il est dommage que des responsables maliens, et pas des moindres, aient analysé les rébellions touarègues en abondant dans le même sens que les fossoyeurs étrangers de notre pays. Et ils sont nombreux. A l’instar du Cercle Condorcet qui, dans une étude au titre suffisamment suggestif : Réflexions sur l’Azawad (Mali) Territoire déjà revendiqué à l’époque coloniale, soutient :

«  Le principe d’une séparation du Nord du Mali n’est pas une donnée nouvelle, elle avait autrefois, avant l’indépendance, sérieusement envisagée par la France elle-même. Il faut  rappeler qu’antérieurement les Touaregs furent le dernier peuple d’Afrique de l’Ouest soumis par les Français, et que leurs terres de transhumance furent réparties entre le Niger, le nord du Mali, l’Algérie et la Libye.

« La revendication actuelle du MNLA n’est pas étrangère à ces faits et peut s’expliquer aussi, en partie au moins, par certaines caractéristiques propres à cette région (…) » (Italique, gras et soulignement dans le texte).

Le MNLA, bouté hors de toutes ses positions au Nord par les islamistes, renonce à sa déclaration d’indépendance, mais, seulement, du bout des lèvres. Le 26 septembre 2012, François Mitterrand prend la parole devant l’Assemblée Générale de l’ONU et déclare : «  La situation dans le nord du Mali était supportable, inadmissible et inacceptable », avant d’en appeler à une intervention militaire urgente contre les islamistes.

Face à cette option, L’ONG Association Mondiale Amazighe, sous la plume de son président délégué aux Affaires Internationales, Rachid Raha, lui répond : « Venir à bout des groupes terroristes précités ne pourrait se faire qu’à la seule condition d’un accord entre le MNLA et le gouvernement transitoire du Mali (…) Et pour qu’il y ait cet accord, il faudrait concilier entre les revendications séparatistes du MNLA et l’intangibilité des frontières que défend l’Etat malien. » (En gras dans le texte)

Et de conclure : « … notre ONG, l’Assemblée Mondiale Amazighe, qui défend les droits des amazighes, d’une façon générale, et celle des Touaregs en particulier, vous propose d’appuyer cette formidable formule qui pourrait contribuer amplement à régler le problème malien à travers «  l’autonomie de l’Azawad dans le cadre d’un Etat fédéral malien. » (En gras dans le texte).

EN CONCLUSION

Les deux premiers chefs d’Etat maliens, Modibo Keïta et Moussa Traoré, ne s’y sont pas trompés : ils ont combattu la rébellion pour ce qu’elle est en réalité : une velléité sécessionniste et rien d’autre. Le Livre blanc sur les événements survenus en VIè et VIIèrégions du Mali,  produit par l’UDPM à ce propos est suffisamment explicite : « Ainsi, les objectifs visés par leurs maîtres à penser, (les maîtres à penser des rebelles) qui caressent le rêve de détacher les populations nomades de leur pays d’origine, sont définis dans une stratégie qui se présente comme suit :

«  A court terme, sensibiliser l’opinion internationale sur la situation du peuple touareg opprimé au Mali.

« A moyen terme, affirmer l’identité politico-culturelle des Touaregs dans le cadre d’une autonomie interne.

«  A long terme, atteindre l’objectif final qui est la création d’un Etat indépendant. »

Ces lignes datent de 1990 et conservent toute leur pertinence. Chercher ailleurs la cause profonde des rébellions équivaut à donner la charge à des moulins à vent. Mieux vaut s’en tenir à cette analyse et chercher les solutions qui donnent satisfaction sans léser les intérêts supérieurs de la République et de la Nation.

Dans notre livraison du lundi 17 avril, nous continueront le développement sur « Conférence d’entente Nationale » : une velléité de plus ? »

Rebellions touarègues causes qui n’en sont pas causes réelles

Diaoulèn Karamoko Diarra

Source: Le Sursaut

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