Accueil Politique Soumaïla Cissé devant la Conférence d’entente nationale : «…l’opposition n’a jamais été...

Soumaïla Cissé devant la Conférence d’entente nationale : «…l’opposition n’a jamais été conviée »

167
0
PARTAGER
soumaila-cisse

Soumaïla Cissé  Conférence d’entente nationale l’opposition  jamais été conviée 

Longtemps attendue pour prendre en marche le train de la Conférence d’entente nationale, l’Opposition malienne a enfin réagi. Une forte délégation du regroupement conduite par son Chef de file, Soumaïla Cissé, était samedi au palais de la culture, non pas pour participer aux travaux, mais pour adresser une déclaration à l’assistance. La teneur de cette déclaration lue par Soumaïla Cissé !

Permettez-moi, avant tout, de rendre grâce à Allah, le tout puissant, le très miséricordieux, dont la volonté nous permet d’être là, aujourd’hui au Palais de la Culture de Bamako, témoin de tant de rencontres mémorables de notre pays.
Je voudrais vous saluer tous et vous remercier d’avoir demandé à l’opposition politique de s’associer à cette si importante rencontre qui est déterminante pour l’avenir de notre pays, l’avenir de nos enfants, et même pour l’existence et la pérennité du Mali.
A cet instant, j’ai une pensée émue pour toutes celles et tous ceux qui sont absents parce que victimes innocentes de la violence et de la barbarie que notre pays connaît depuis hélas de nombreux mois, de nombreuses années déjà.
A tous ces disparus, civils et militaires, maliens, africains et non africains, je souhaite encore une fois que nous nous recueillons en leur mémoire en observant une minute de silence.
Merci….
Paix à leur âme !
Aux nombreux blessés, je leur souhaite prompt rétablissement.

Depuis le début de cette importante rencontre, l’opinion publique nationale et internationale s’interroge sur les motifs de la non-participation de l’opposition politique malienne à ces assises.
Soucieuse de la situation très préoccupante que connaît notre pays et consciente de la nécessité de participer à la résolution de la grave crise que traverse notre pays, l’Opposition politique a accepté de répondre le 16 Février 2017 à l’invitation du Président du comité d’organisation de la conférence d’entente nationale.
Nous remercions le Médiateur pour sa disponibilité et sa très grande courtoisie.
En réaction à cette rencontre, nous lui avions adressé un mémorandum et une lettre contenant des éléments pour améliorer les termes de référence.
L’opposition jusqu’au jour de l’ouverture de la conférence n’avait reçu aucune réaction à ses propositions.
L’opposition a appris par la suite avec consternation par voie de presse que des conférences préparatoires ont eu lieu dans les régions et à Bamako, les forces vives ont, paraît-il, participé à ces conférences tandis que l’opposition n’a jamais été conviée.
Toutefois, nous avons dépêché un émissaire par deux fois chez le médiateur pour avoir les termes de référence définitifs, connaître la liste des invités, le format de la conférence et la place réservée à l’opposition.
Nous n’avons reçu à ce jour aucune correspondance répondant à nos demandes.
Notre bonne foi ne peut pas être mise en cause.
Ceci traduit un constant mépris du gouvernement et de la majorité présidentielle à l’égard de l’opposition.
Il en a été ainsi pour les négociations des accords d’Alger auxquelles l’opposition n’a jamais été conviée malgré notre demande expresse au près du Chef de l’Etat depuis le 3 septembre 2014.
Nos offres d’un dialogue républicain ont toujours été rejetées.
Attristés une nouvelle fois par cette mauvaise gouvernance, les présidents des partis politiques de l’opposition avaient convenu de ne pas participer aux assises de la conférence d’entente nationale.
Le Mercredi 29 mars, nous avons reçu une délégation du bureau de la conférence nous invitant à participer à la conférence.
Il est important d’informer l’opinion nationale et internationale que c’est au cours de cette réunion, 3 jours après le début de la conférence que sur diligence d’un membre de la délégation nous avons reçu les cartes d’invitation à la conférence, en début de soirée.
10 participants pour toute l’opposition politique du Mali !
Pour nous, il était évident que notre présence n’était pas souhaitée.
Néanmoins, nous avons continué à discuter avec les délégués et avons abouti à un accord en 8 points :
a- l’organisation d’une conférence spéciale inclusive sur la paix et la stabilité au centre du Mali;
b- l’organisation d’états généraux sur la défense et la sécurité nationale;
c- l’organisation d’états généraux sur le foncier;
d- l’adoption d’une charte pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ;
e – l’adoption, après la rédaction de la charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, des réformes institutionnelles ainsi que de la révision constitutionnelle ;
f- l’adoption urgente de mesures consensuelles pour l’organisation d’élections crédibles et transparentes;
g- l’évaluation de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger;
h- la définition des étapes à venir c’est à dire: la mise en œuvre des résolutions et recommandations de la conférence notamment la phase de consultations de toutes les composantes de la nation, la rédaction et l’adoption de la charte pour la paix , l’unité et la réconciliation nationale ainsi que pour les activités ci-dessus citées aux points a à g;
i- la nature inclusive de la structure chargée des différentes étapes du processus.
Nous souhaitons également que nos préoccupations soient prises en compte dans les résolutions et recommandations de la conférence.

L’opposition politique dans son ensemble, prône la paix, la justice et rejette toute forme de violence comme moyen d’expression, condamne fermement le terrorisme sous toutes ses formes, le trafic de drogues et tous les crimes en bandes organisées dans notre pays.
Nous, partis membres de l’opposition politique, avons toujours rappelé avec insistance que cet accord n’est pas un bon accord car il comporte les germes d’une partition du pays.
L’existence de l’accord de paix ne devrait nullement occulter la situation sécuritaire inquiétante dans le nord et le centre du pays.
La résolution de la crise requiert le nécessaire dialogue entre les différentes composantes de la nation.
L’immense campagne de sensibilisation organisée par le gouvernement autour de l’accord de paix issu du processus d’Alger, présenté comme étant le meilleur, n’a eu aucun effet bénéfique pour le pays.
Bien au contraire, nous assistons impuissants à une recrudescence de la violence avec son cortège d’attaques meurtrières contre les forces armées et de sécurité du Mali, les Forces de la Minusma et les populations civiles au nord, au centre et au sud du pays.
En 2016, 396 personnes dont 207 civiles ont perdu la vie dans le centre et le nord du Mali.
L’année 2017 a déjà enregistré au 31 Mars au moins 250 morts.
Cette conférence est sensée dégager des dynamiques consensuelles et convenir des éléments fondamentaux consécutifs d’une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale.”
Cette conférence émanation de l’accord de paix d’Alger peut-elle atteindre ses objectifs si des dispositifs essentiels de l’accord ne sont pas effectifs et respectés à savoir :
– La sincérité des parties : Première garantie de l’aboutissement de l’accord (article 50);
– La promotion d’une véritable réconciliation nationale (article 46) fondée entre autres sur :
– La création d’une commission de lutte contre la corruption et la délinquance financière,
– La création’ d’une Commission d’enquête internationale chargée de faire la lumière sur tous les crimes de guerre, les crimes contre l’Humanité, les crimes de génocide, les crimes sexuels et les autres violations graves du Droit international, des Droits de l’homme et du Droit international humanitaire sur tout le territoire malien;
– La réaffirmation du caractère imprescriptible des crimes de guerre et crimes contre l’humanité et l’engagement des parties à coopérer avec la commission d’enquête internationale;
– La non amnistie pour les auteurs des crimes de guerre et crime contre l’humanité et violations graves des Droits de l’homme, y compris des violences sur les femmes, les filles et les enfants, liés au conflit ;
Cette conférence émanation de l’accord de paix d ´Alger peut-elle atteindre ses objectifs si les termes de référence de la conférence d’entente nationale se référant à l’article 5 de l’accord d’Alger relatif à l’Azawad occulte cette affirmation essentielle :
Je cite : ” L’appellation AZAWAD RECOUVRE une réalité socio- culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du NORD MALI (et non le NORD DU MALI) constituant des composantes de la communauté nationale. Une compréhension commune de cette appellation qui reflète également une réalité humaine, devra constituer la base du consensus nécessaire, dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien et de son intégrité territoriale.” Fin de citation.
Ce débat doit avoir lieu en toute clarté, en toute vérité et concerne toute la nation !

Cette conférence émanation de l’accord de paix d’Alger peut-elle atteindre ses objectifs si aucun rapport d’aucun observateur Indépendant n’a jamais été rendu public conformément à l’article 63 je cite:
ARTICLE 63 :
Les parties conviennent de la désignation d’un Observateur Indépendant par le CSA, chargé d’évaluer de manière objective l’état de mise en œuvre du présent Accord.
Il rend PUBLIC tous les QUATRE MOIS un rapport exhaustif faisant le point de l’exécution des engagements pris aux termes de l’Accord, identifiant les blocages éventuels, situant les responsabilités, formulant des recommandations sur les mesures à prendre.

Au moment où la crise sécuritaire s’aggrave de jour en jour, les engagements n’ont pas été tenus et aucun délai n’est respecté.
L’opposition politique réaffirme que la seule solution pacifique viable et inclusive de résolution de la crise multiforme que connaît notre pays passe par la tenue d’UNE CONCERTATION NATIONALE INCLUSIVE regroupant l’ensemble des forces vives de la nation autour des problèmes institutionnels, de Défense, de sécurité, de gouvernance et de développement.

Les velléités de partition du pays et le malaise social grandissant continuent de perturber notre quotidien. Tous les secteurs socio-professionnels ont soit déposé des préavis de grève soit observé des périodes de grèves plus ou moins longues, paralysant du coup le fonctionnement normal de notre administration et de notre économie.
Comment aimer son pays et se taire devant une telle situation de léthargie, devant tant d’inerties ?
Non. Aucun patriote digne de ce nom ne peut et ne doit se taire.
C’est pourquoi j’en appelle aux syndicats du secteur de la santé, des affaires sociales et de la promotion de la femme.
Je leur demande solennellement, pour des raisons humanitaires, en tenant compte des mois de très grande chaleur, chaleur difficilement supportable pour les personnes âgées et les enfants, et du mois de ramadan à venir, mois saint pour la communauté des croyants musulmans, de bien vouloir suspendre leur grève pour les mois d’Avril, Mai, et Juin 2017.
Je demande au gouvernement de bien vouloir trouver les interlocuteurs idoines et faire les concessions nécessaires pour sortir au plus tôt de cette impasse et alléger les souffrances des populations.

Le temps est venu, le jour est venu, l’heure est venue…peuple du Mali de penser à notre communauté de destin !
Ce destin est une communauté d’hommes et de femmes d’esprit républicain, de foi démocratique, de conviction laïque. C’est votre communauté, et celles et ceux à qui vous pourriez confier de vous y représenter ont le même idéal et les mêmes valeurs que vous pour faire vivre notre Nation et notre Patrie.
Ce destin commun et collectif est possible.
Ce destin commun et collectif est réalisable.
Ce destin commun et collectif est aujourd’hui revendiqué majoritairement en notre pays.
Notre pays se meurt, la crise est multiple…mais la gouvernance en est éloignée.
Notre République est le bien du peuple et sa gouvernance déléguée par le peuple au service de ce même peuple.

Le Mali ne peut pas sombrer dans les tourments et les égarements, encore moins être naufragé impuissant sur un radeau en perdition.
Le Mali ne peut pas s’infliger à perpétuité des souffrances civiles, économiques et territoriales, encore moins être souverainement dépecé et patriotiquement écartelé.
Le Mali ne peut pas s’interdire le chemin de la paix, de la concorde et de la liberté, encore moins être privé de son honneur et écarté du bien et mieux vivre ensemble.
Mali de nos fondateurs, de leurs héritiers, de nos aînés, de nos parents, de nous, frères et sœurs, en son cœur vivant aujourd’hui, Mali que nous allons transmettre à nos enfants et qu’ils confieront aux futures générations,
Oui ce Mali ne peut pas mourir,
Oui ce Mali ne doit pas mourir.
Ce Mali est notre vie.
Nous en sommes le sang, l’esprit, l’âme, la mémoire, l’amour, la grandeur.
La vie de ce Mali-là est éternelle.

QUE DIEU BÉNISSE NOTRE PAYS!

VIVE LA REPUBLIQUE !

VIVE LE MALI UN ET INDIVISIBLE !

QUE DIEU BÉNISSE LE MALI!

Soumaïla Cissé  Conférence d’entente nationale l’opposition  jamais été conviée 

Source: L’Aube

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here