Gouvernement majorité gère t elle
Pendant que l’Opposition politique est gagnée par un délire collectif, voyant dans le nouveau gouvernement un gouvernement de campagne, les statistiques la confondent et amènent à se poser la question : qui gère le pays ? La mauvaise distribution des cartes, en ce qui est du choix des hommes qu’il faut à la place qu’il faut, est une donnée supplémentaire qui finit de rendre burlesques les accusations d’une Opposition qui se noie dans ses pensées noires.
Pour l’Opposition le choix d’Abdoulaye Idrissa MAIGA, ancien directeur de campagne du candidat Ibrahim Boubacar KEITA était en soi un mauvais présage. En fait, pour elle, il ouvrirait grand la porte à un Gouvernement de campagne, les élections présidentielles et législatives étant prévues en 2018.
Les arguments nains
À l’analyse du tollé général soulevé par la formation de l’actuel Gouvernement, l’Opposition prête déjà à l’actuel locataire de Koulouba de se succéder à lui-même ou de faire la place à un de ses proches. Ce qui est en soi un procès d’intention. La preuve est que les arguments avancés sont battus en brèche par la composition même du Gouvernement.
L’Opposition affirme que c’est un gouvernement de mission qui est mis en place. Soumaïla CISSE, Chef de file n’échappe pas à cette frénésie, en déclarant : « Comme je m’en doutais, comme je m’en inquiétais, le choix a été fait juste pour préparer l’élection présidentielle ». On ne peut pas être plus explicite en matière d’accusation.
Pourtant, les faits attestent à suffisance qu’il s’agit d’une dénonciation calomnieuse. Et pour cause, dans l’actuel attelage gouvernemental, on dénombre 7 Partis politiques de la Majorité présidentielle et une association politique (MPR, UDD, MODEC, APM, UM-RDA, CODEM, PS-Yeelen Kura).
La Majorité présidentielle, dans son ensemble, compte 19 ministres sur un nombre total de 35 ministres. Les 16 autres membres du Gouvernement sont soit de la société civile ou des syndicats. Ainsi, il n’y a qu’un écart de trois places entre la Majorité et les autres membres du Gouvernement. Peut-on alors objectivement parler de Gouvernement de mission lorsqu’il y a pratiquement un équilibre entre ces deux composantes du Gouvernement ? Assurément non.
Pour ce qui est des défis de l’heure, on peut les résumer en trois ordres.
Les mauvais jokers
Le premier d’entre eux est sécuritaire. L’insécurité n’épargne plus aucune région du pays : attentats dans les lieux publics ; attaque des postes militaires ; braquage des voyageurs ; attaques à main armée dans les domiciles privés… Toutes les forces sont en état d’alerte maximum. Mais cela ne suffit à endiguer. C’est dans ce contexte que pose ses valises au ministère de la Défense et des anciens combattants un certain Tiènan COULIBALY à qui on ne connaît aucune expertise en matière de défense. C’est pourtant lui qui a la redoutable responsabilité de la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire et de maintenir la montée en puissance de nos Forces armées et de sécurité. Sans jouer au prophète de mauvais augure, le ministre COULIBALY n’affiche pas le meilleur profil pour sortir le pays de l’ornière du point de vue de la défense.
Si son alter ego de la Sécurité et de la protection civile, le général Salif TRAORE, est lui un professionnel, force est d’admettre qu’après son éphémère one man show, il est devenu apathique, ouvrant la porte à un enlisement en matière sécuritaire.
Les perspectives, en ce qui est de la défense et de la sécurité, ne s’annoncent donc pas reluisantes.
Le deuxième défi, et non des moindres, porte sur la demande sociale. Le front social est en ébullition avec cette pratique jusque-là méconnue de grèves illimitées systématiques. Et cela, dans les secteurs aussi sensibles que la santé et l’éducation. Curieusement, Mme DIARRA Racky TALLA, ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des relations avec les institutions, détentrice des dossiers syndicaux qui ont manifestement été très mal gérés, est reconduite à son poste. Pis, c’est au moment même où la crise syndicale est sur le point de dégénérer, avec l’entrée en scène de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui donne un ultimatum d’une séminaire pour résoudre la question de la santé et la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), qu’elle réoccupe son fauteuil. Même si le Premier ministre, le jour même de sa prise de fonction officielle, a commencé à jouer aux pompiers, en se rendant dans deux hôpitaux de la capitale, il est tout de même indispensable que la ministre du Travail change de fusil d’épaule pour éviter au pays d’aller droit dans le mur.
Qui de l’Administration territoriale ? Voici un département stratégique, confié à un jeune fougueux, Tieman Hubert COULIBALY, totalement néophyte sur ce terrain. Il est de notoriété publique qu’on a l’intention d’organiser une élection à son avantage, on fait main basse sur le ministère de l’Administration territoriale. Pour cela, il est évident que Tièman Hubert COULIBALY n’est pas le meilleur joker possible dont peut disposer le régime pour s’assurer une réélection en 2018. Une nouvelle fois, le casting n’a pas été des plus judicieux. Dès lors, soutenir que le choix d’un Tièman COULIBALY participe d’un plan d’OPA de l’actuel président, revient à céder à une paranoïa aiguë. C’est justement le syndrome dont est atteint l’Opposition qui, lassent de fabriquer des ‘’affaires’’ qui fondent comme beurre au soleil de la vérité, s’est résignée à la victimisation en voyant un complot partout.
Par Bertin DAKOUO
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Source: Info-Matin